Osismes et archéologie

[Muskull]

Je viens de trouver un lien intéressant sur l'ancienne capitale Osisme ; Carhaix actuel ; "délocalisation" de l'ancien oppidum de Huelgoat.

http://perso.wanadoo.fr/vorgium/accueil.htm

C'est un site d'archéologie officielle et le réseau routier est surprenant, au point de se demander ce que les romains trouvaient de si intéressant au Pen ar Bed pour construire une infrastruture aussi importante.
Les échanges commerciaux avec les îles se passant, depuis la conquête, essentiellement vers Boulogne...

Pas seulement pour le saint Garum ou la thalassothérapie, I presume...

[mikhail]

Très bon, Muskull !
A Vorgium il n'y a pas que les Vieilles Charrues !

Plus sérieusement, le chanoine Falc'hun avait déjà noté l'étonnant carrefour et il connaissait la carte d'Ogée.
Voir : François Falc'hun, Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne, UGE 1981 (PUF 1963), 661 pages.
Voir notamment p.526 : période d'unification [linguistique ..] sous l'égide de Carhaix : "Dès avant 1029, le centre du réseau routier de Basse-Bretagne situé à la limite des deux grands dialectes, avait créé un dialecte intermédiaire, qui s'étendit peu à peu jusqu'à Quimper et Quimperlé au sud, jusqu'à Tréguier et Morlaix au nord, en utilisant la route de Concarneau à Lannion comme principale voie de pénétration." ...
P.528 "Cependant [..] le développement et la prospérité remarquable des ports de Landerneau et de Morlaix [..] dont bénéficia le léonais. Depuis le XVIe siècle au plus tard, on assista à une progression du breton du Léon vers Quimper et Quimperlé ..."

mikhail

[Marc'heg an Avel]

Voir aussi l'ouvrage de Louis PAPE : la Civitas des Ossismes.

Très intéressant, et indispensable à une étude de base

J'ai eu l'occasion de connaitre A. LE PROVOST. J'ai assisté à l'une de ses conférences données à Carhaix, de concert avec MEVEL qui s'occupait du camp dit de "St Symphorien".

C'est l'un des dessins de relevés archéologiques qui figure dans ma publication sur la Bataille de Carohaise qui permet de localiser Brécillien / Brocéliande dans le contexte Carohaisien.

C'est moi qui lui ai répété les confidences du paysan relatant les caniveaux en pierre bleue.

J'ai assisté également à la présentation des 3 statuettes découvertes, dont celle du personnage à la lyre.

Celà s'est passé en présence de Mr de SAISY de KERAMPUILH, dont la grand-tante, Marie-Thérèse, avait pointé, à la fin du XIXè siècle, que la véritable Brocéliande se trouvait tout simplement à Brécillien, aujourd'hui Bressillien, au départ de l'aqueduc romain de Carthaix, en Paule.

Et après celà, certains s'étonnent encore que Carohaise puisse figurer dans les romans arthuriens.

Il faut vraiment etre aveugle, n'avoir rien compris, ou etre de mauvaise foi !

Le PROVOST dit lui-meme que Carhaix était plus importante que Rennes, Nantes, ou Vannes. CQFD.

http://marikavel.net/carohaise-titre.htm


Jean-Claude EVEN

[ejds]

Splendeur et décadence d'une cité gallo-romaine :?

Quand Carhaix s'appelait Vorgium, la "petite Rome"

Au troisième siècle de notre ère, Carhaix est une "petite Rome ", avec son forum, ses temples, ses thermes s'étendant sur près de 130 hectares. Les archéologues estiment sa population à une dizaine de milliers d'habitants. Surtout, son aqueduc, le plus prestigieux et le plus coûteux des bâtiments publics romains, indique qu'elle est une des principales cités de l'ouest de la Gaule, bien plus importante que Condate/Rennes ou Lutèce/Paris.

De l'important aqueduc construit à partir de Paule (27 km), il ne reste que cette portion de visible à Carhaix (photo EC). (cliquez sur la photo pour l'agrandir)

Quelques vestiges de cette époque fastueuse sont visibles au musée situé dans la Maison du Sénéchal à Carhaix, comme ces céramiques gallo-romaines et ce fronton de pierre décoré trouvé à Carhaix (photo EC). (cliquez sur la photo pour l'agrandir)


"Lorsque les Romains construisent une nouvelle ville, il y a toujours une volonté de mise en scène, d'impressionner les populations rurales venant d'intégrer leur empire", explique l'archéologue Gaëtan Le Cloirec, qui fouille régulièrement le sous-sol de Carhaix.
Située en hauteur, sur un large plateau, le spectacle qu'offrait Vorgium avec ses temples, les toits rouges des bâtiments administratifs, commerciaux ou des habitations devait impressionner les voyageurs comme les habitants des campagnes environnantes.

Au centre de la Bretagne

Le choix du site ne doit rien au hasard. Outre son emplacement central, Carhaix se trouve à moins de dix kilomètres du camp d'Artus, à Huelgoat, un oppidum gaulois qui fut un des centres politiques des Osismes, la tribu gauloise occupant l'ouest de la péninsule armoricaine.
L'importante citadelle gauloise de Paule est aussi toute proche. "Les fouilles ont montré que l'abandon de Paule se situait vers 15 ou 10 avant J.C, indique Gaëtan Le Cloirec. Peut-être ses occupants sont-ils partis pour la nouvelle capitale, Carhaix ?»
En effet, on peut situer la fondation de la ville vers - 14 avant J.C, lorsque l'empereur Auguste effectue son quatrième voyage en Gaule et réorganise le pays après la Conquête, créant de nouvelles capitales pour les tribus gauloises. Simple bourgade au début, il a fallut une ou deux générations avant que Carhaix/Vorgium ne devienne une ville d'une certaine ampleur.

Des temples et peut-être un théâtre

Les romains procédaient toujours de la même manière pour créer leur villes. "Les arpenteurs commençaient par tracer les deux axes principaux, perpendiculaires entre eux, le cardo suivant une direction nord-sud, et le decumanus, d'est en ouest", précise l'archéologue.
Dans le cas de Carhaix, les fouilles n'ont pas encore permis de situer précisément ces deux axes. Le plan de la ville s'organisait autours de ces deux axes.
A leur intersection, on trouvait le forum, une vaste place avec un espace public où se déroulent les réunions politiques. Autour, on trouve des temples et la basilique romaine, un bâtiment faisant office de tribunal et de marché".
Les archéologues pensent que le forum de Vorgium devait se situer entre l'actuelle mairie, l'église Saint-Trémeur et le stade. "On est sûr qu'il y a eu des temples importants à Carhaix, note Gaëtan Le Cloirec, du fait de l'existence d'énormes blocs sculptés et de morceaux de colonnes, aujourd'hui visibles dans le jardin de la bibliothèque de Carhaix. Il y a peut-être eu aussi des arcs de triomphe".
De même, aucun bâtiment de loisir n'a encore été retrouvé, mais leur existence ne fait pas de doute dans une ville de l'importance de Vorgium. "Si la présence d'un amphithéâtre est peu probable, il existait sûrement un théâtre. Peut-être était-il en bois, comme dans de nombreuses autres villes romaines".

10.000 habitants

Autours des bâtiments publics, la ville va s'agrandir et s'épanouir au 1er siècle et dans la première moitié de notre ère. A son apogée, Vorgium devait occuper entre 100 et 150 hectares, avec des zones plus ou moins urbanisées et des jardins.
Les chercheurs estiment à une dizaine de milliers de personne sa population maximale à cette époque.
Ainsi les fouilles récentes du quartier de l'hôpital ont-elles permis de mettre à jour un quartier de la ville antique avec trois îlots d'habitations et une résidence plus luxueuse, une domus. Une grande voie nord-sud, de 7 m de large et bordée de trottoirs traversait ce quartier.
Cet été 2000, et pendant trois ans, des fouilles vont être menées sur les anciens terrains Le Manac'h. Elles permettront de mettre au jour un autre quartier de Vorgium, dont, cette fois, les vestiges seront mis en valeur.
Si le plan de la ville est encore mal connu, on connaît en revanche l'emplacement d'une grande nécropole, au nord, près de la route de Callac. Près d'un millier d'urnes funéraires y furent retrouvées à la fin du siècle dernier. Les Gallo-romains incinéraient en effet leurs morts, puis plaçaient les cendres dans des récipients spécifiques. Par ailleurs, à Kerdaniel a été découvert un grand monument funéraire, peut-être le mausolée d'un personnage important.

L'eau courante

Un indice permet d'imaginer l'importance du Vorgium gallo-romain : la présence d'un aqueduc de 27 km de long et prenant sa source à Paule.
"Dans le monde romain, l'aqueduc est le bâtiment public le plus coûteux à construire et à entretenir. Vorgium devait être très riche pour en posséder un aussi important", indique Alain Provost, l'archéologue qui vient de finir l'étude de celui de Carhaix.
La réalisation de cet ouvrage d'art force l'admiration. Les arpenteurs ont mis plusieurs années à cartographier et relever les courbes de nivaux pour déterminer son tracé. Ils ont aussi creusé un tunnel de 900 m de long, dans une colline du Moustoir. En arrivant en ville, l'aqueduc empruntait un imposant pont d'environ un kilomètre de long, au niveau de la gare de Carhaix. Ce pont possédait 120 arches environ et ne devait pas manquer d'impressionner les voyageurs arrivant de Rennes ou Vannes, les voies romaines longeant ce monument avant d'entrer dans la ville.
L'aqueduc permettait aux habitants de Vorgium de posséder l'eau courante. Le liquide était en effet distribué dans toute la ville grâce à un système complexe de tuyauterie. L'aqueduc alimentait les fontaines qu'on trouvait à chaque coin de rue et les différents thermes.
"Pour l'instant on n'a retrouvé que des thermes privés, mais il est très probable qu'il y avait aussi des thermes publics, comme dans les grandes villes romaines", indique Gaëtan le Cloirec.
Comment expliquer la richesse de l'antique Vorgium ? La prospérité de la capitale des Osismes repose sur plusieurs facteurs. Tout d'abord, les retombées du trafic maritime autour de la péninsule, les petits ports côtiers profitant de l'important passage des navires.
Ensuite, les ressources de la mer et particulièrement le garum dont il existait de nombreuses fabriques dans la baie de Douarnenez. Le garum était un sauce obtenue en faisant fermenter le poisson, un peu à la manière du nioc nam vietnamien. Produit à forte valeur ajoutée, il était exporté dans tout l'empire.
Les mines, et particulièrement celles de plomb à Huelgoat, devaient constituer d'autres sources de richesse avec l'agriculture. Carhaix, siège des riches corporations des Osismes et particulièrement des producteurs de garum, profitait pleinement de toutes ces activités économiques.

Abandon progressif

Vers 280 après JC, l'empire romain connaît une grave crise politique et Carhaix subit une première période de déclin. La situation s'améliore un peu au IVe siècle, avant de se détériorer au Ve siècle.
"Certains bâtiments continuent à être "squatés" au haut Moyen Age, jusqu'à ce qu'ils s'écroulent définitivement, faute d'entretien. La paroisse de Plouguer se développe à côté des ruines de la ville romaine, avant que la vie ne se réinstalle petit à petit, quelques siècles plus tard. Mais Carhaix/Vorgium a définitivement perdu sa splendeur et son statut de capitale antique.

http://tlgb29.letelegramme.com//index.c ... atichtml=1

Erwan Chartier
Copyright © Le Télégramme 26/06/2001

e.

[Taliesin]

Salud tout n' dud !

Carhaix capitale de la Bretagne ?

Bizarrement, aucun chef breton, pour ce que les sources conservées nous en disent, n'a jamais installé sa capitale à Carhaix.

Il n'est pas certain que Conomor ait été comte du Poher, et par ailleurs, les vicomtes de Poher avaient le siège de leur pouvoir au castrum de Cléden.

[ejds]

Carhaix capitale de la Bretagne ?

Bizarrement, aucun chef breton, pour ce que les sources conservées nous en disent, n'a jamais installé sa capitale à Carhaix.

Oui, surtout vu l'état de la ville et du pays à leur arrivée.
Et puis déloger légalement ou pas de leurs terres et habitations les anciens "armoricains" et autres "squateurs" de l'époque, cela devait chauffer.

L’auteur veut parler de « capitale de la Bretagne », telle qu’on la connaît aujourd’hui, par « capitale de l'Armorique », et regroupant alors la composante oblige des cinq tribus (Vénètes, Riedones, Namnètes, Coriosolites, Osismii). Et non pas selon le découpage romain qui voulait qu’avant l’arrivée massive d’immigrants venus d’outre-Manche, l’extrême ouest de la Gaule faisait partie de l’aremori, (aremorica regio), ou régions au bord de la mer, qui s’étendaient alors de la Sequana à la Garunna.

De cet afflux massif qui se fit sur plusieurs décennies, la Bretagne armoricaine entra, tardivement semble-t’il, dans l’histoire qu'au VIè siècle, lorsque des auteurs tels que Fortunat, Procope ou Grégoire de Tours appelèrent tout naturellement du nom bien justifié, si ce n'est mérité, Britannia minor ce nouveau pays que les Brittons habitaient depuis quelques générations.

e.

[Muskull]

Oui, surtout vu l'état de la ville et du pays à leur arrivée.

Tout à fait, tout à fait ! Taliesin pris en flagrant délit de chronologie ! M'en va boire un coup tiens !

Alorsse... Pour P.R. Giot la superficie de Vorgium couvrait 150 ha, Rennes (Condate) 90 ha, Corseul 100 ha, Vannes 40 ha, pour Nantes on ne sait pas...
Ceci bien sûr aux 1° et 2° siècle et avant la "crise du III° siècle" (je cite) que Giot situe entre "250 et 285 environ qui fait retomber la population au niveau de celle de l'âge de fer".
Notons que ces grandes superficies de "villes" avaient peu de densité, l'habitat y était clairsemé.
Giot note aussi que vers 350, Rennes était réduit à 9 ha et il y a lieu de penser que de Vorgium, trop bien desservi par ses routes rayonnantes, il ne restait pas grand chose. Il restait certainement un important lieu commercial mais les castrums ont été bâtis à quelques distances.
Les pirates Francs, Saxons et Frisons étaient passés par là, mordant aux points les plus fragiles de l'Empire en déclin.

[Taliesin]

Comment ça, erreur de chronologie ? il semble bien que Carhaix avait déjà perdu de son importance, au moins d'un point de vue militaire, notamment au profit de Brest, puis du Yaudet et de Locmaria, avant même la grande émigration bretonne du début du 6ème siècle.

Tiens au fait, puisqu'on est dans le pays de Carhaix, il paraît qu'un disciple de Paul-Aurélien s'appelait Laouenan.

[Muskull]

Allez, soyons bons joueurs, Vorgium était la "capitale" de la "péninsule armoricaine" et ce, bien avant l'arrivée des bretons.

Mais c'est quand même curieux, pourquoi une telle opulence ?
Le garum n'y suffit pas, ni non plus que le commerce trans-Manche lorsque l'on sait que les romains avaient "délocalisé" après l'éradication de la marine vénète ces routes vers Boulogne, au plus court.
Comme je le signalais auparavant, le réseau routier est impressionnant (voir les cartes sur le site de Jean Claude). Seulement statégique ? Que trouvait l'idéologie de l'Empire intéressant dans ce pays où l'agriculture est difficile en ses extrèmes ?
Quel est "l'or" de la basse Bretagne à cette époque ?

[gérard]

Un transfert d'un centre de pouvoir gaulois (camp de St-Symphorien?) vers un site proche mais construit à la romaine (un peu comme Bibracte et Autun) tout en conservant l'avantage géographique et stratégique de la centralité
dans l'extrémité de la presqu'ïle?

gg

[Pierre]

Carhaix capitale de la Bretagne ?

Effectivement c'est douteux

Il serai plus judicieux d'évoquer, "un embryon de civilisation dans notre far ouest"


@+Fourbos

[Muskull]

Hé, hé ! Notre Fourbos semble fourbu.
La "mégapole" de Vorgium est attesté au I° et II° siècle. Pourquoi, comment, c'est ce qui m'interroge.

[Taliesin]

les mines de Poullaouen ?

[Muskull]

Le plomb argentifère des mines de Poullaouen et du Huelgoat sont effectivement une piste.

[Muskull]

Bon...
Après fouinage, il n'y a pas grand chose sur la péninsule armoricaine aux trois premiers siècles, en fait entre la défaite vénète et l'arrivée de premières troupes de défense contre les pirates...
On avait déjà vu cela sur un autre fil en début d'année.
http://forum.arbre-celtique.com/viewtop ... sc&start=0

Les échanges maritimes avec les îles avaient pris un "coup dans l'aile", il y avait plus d'importation continentale que insulaire mais l'on peut penser que nombre d'osismiens continuaient de trafiquer trans-Manche, ce qui explique aussi les relations et les "doubles royaumes" plus tardif.

Ce qui ressort de cette époque est le nombre important d'usines de salaison sur le littoral, pas seulement le garum. Le besoin en sel était donc important et le climat se prêtant peu à une grosse production, il devait être importé.

Les mines, étain, plomb, argent ; les salaisons ; l'agriculture bien sûr...
C'est tout de même un peu maigre pour expliquer l'essor de Vorgium et ce réseau phénoménal de routes, bien que celles menant aux caps soient sans doute plus tardives et d'intérêts stratégiques pour surveiller les entrées maritimes.