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L'oeuvre de Mircea Eliade

Forum consacré aux mythes ainsi qu'aux domaines de la spiritualité et de la religion...

Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice

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78 messages • Page 2 sur 6 • 1, 2, 3, 4, 5, 6

Messagede Sequana » Mar 15 Mar, 2005 14:26

Salut,

Est-ce qu'il est vraiment bien cet auteur?
Parce que après avoir lu ce fil, j'ai été fouiner à la fnac et j'ai trouvé d'autres livres sur M. Eliade:

Impostures et pseudo-science. L'oeuvre de Mircea Eliade

Résumé
Depuis une vingtaine d'années, et spécialement aux USA, une meilleure connaissance et une meilleure compréhension de la personnalité, de la vie et de l'œuvre de Mircea Eliade (1907-1986) ont suscité de très vives discussions qui ont à leur tour occasionné de nouvelles enquêtes et controverses. L'auteur du présent ouvrage a participé de très près à ces débats en établissant dès 1993 que l'œuvre de celui que l'on a considéré parfois comme le plus " grand historien des religions du XXe siècle ", se nourrissait en fait de thèmes qui empruntaient eux-mêmes beaucoup au fascisme et à l'antisémitisme roumains des années trente, à l'ésotérisme contemporain (Guénon, Evola, Coomaraswamy) ainsi qu'au gnosticisme antique. Le présent ouvrage reprend, dans une version revue et sensiblement augmentée, l'ensemble de ces enquêtes pour lesquelles une introduction et une conclusion inédites ont été composées

http://www.decitre.fr/service/search/fiche_detail/-/ean-9782859398743/index.dhtml


et aussi:

Alexandra Laignel-Lavastine Cioran, Eliade, Ionesco - L'oubli du fascisme

Ce sont des lieux importants de la mémoire intellectuelle européenne qu’Alexandra Laignel-Lavastine met à bas dans son essai. En cela nous devons la remercier. En dix chapitres, suivant les itinéraires de trois intellectuels roumains à dimension européenne sinon mondiale, l’auteur, à la fois historienne et philosophe, déconstruit trois existences et trois pensées qui ont compté dans notre siècle. Il se dégage de son travail un malaise né du soupçon qu’elle insère, preuves à l’appui, dans les systèmes idéologiques de deux grands penseurs : Mircea Eliade et Emil Cioran.

Contre tous les démentis opposés par ces deux clercs aux rumeurs entourant leurs jeunesses bucarestoises, la plongée dans cet univers roumain des années vingt et trente fait immerger les silhouettes intellectuelles de deux penseurs organiques du fascisme européen.

Cioran, Eliade et Ionesco, nés au début du XXe siècle, appartiennent à une génération intellectuelle dont bien des aspects rappellent celle des «non-conformistes» français étudiés par Jean-Louis Loubet del Bayle : diagnostiquant un déclin de la civilisation moderne occidentale, ces jeunes gens, selon des modalités diverses, expriment un refus. Dès 1927, avec L’Itinéraire spirituel, Eliade se pose en chef de file de cette génération. Ionesco, avec Non en 1934, exprime de même ce rejet d’un monde libéral en déclin qu’incarnerait la génération des pères. Pourtant, le futur dramaturge ne tombera pas dans le piège idéologique du fascisme, contrairement à la plupart de ses camarades. Les années trente voient en effet en Roumanie la montée d’une pensée fascisante qu’incarne le Mouvement légionnaire – ou Garde de Fer – fondée en 1927 par Constantin Codreanu. Ce mouvement fascisant, spécifiquement roumain par sa teinte religieuse orthodoxe et l’exaltation d’une «roumanité» originelle, fascine Cioran et Eliade qui en deviennent de farouches militants. Si aucune preuve ne montre à ce jour que les deux intellectuels ont porté la chemise verte, leurs articles et leurs écrits de l’époque indiquent qu’ils en furent résolument d’importants compagnons de route. Ionesco exprimera brillamment cette contamination des esprits ainsi que sa solitude dans sa fameuse pièce. Un clerc comme Mihail Sebastian, autre membre de la «génération Criterion», illustre aussi cette solitude intellectuelle.

Alexandra Laignel-Lavastine refuse la thèse de l’erreur de jeunesse. L’enquête historienne doublée d’une exégèse patiente et pédagogique des textes tend à montrer que ces engagements sont constitutifs des systèmes de pensée de ces individus.

Après la guerre, exilés en France, les deux hommes, ayant représenté diplomatiquement la Roumanie du maréchal Antonescu, tout comme Ionesco d’ailleurs que son désir de fuir son pays plaça dans cette fonction paradoxale à Vichy -« Je suis comme un évadé qui s’enfuit avec l’uniforme du gardien. », écrit-il (cit.p.348.) – parviennent à imposer cet « oubli du fascisme ». La protection des milieux émigrés roumains à Paris ainsi que la chute de la Roumanie dans le camp communiste dès la Libération, rendant inaccessibles à l’Ouest les œuvres les plus compromettantes, les y aident. L’historienne s’intéresse ensuite aux stratégies intellectuelles et sociales qui, chez chacun d’eux, permettront de retarder la révélation. Le cas de Cioran, passant d’un antisémitisme farouche à un philosémitisme exalté par un simple recyclage de clichés judéophobes est éclairant. Son Peuple de Solitaires dans les années 1950 renvoie au violent brûlot antisémite que l’on trouve au chapitre IV de sa Transfiguration de la Roumanie écrite avant-guerre. C’est par l’anticommunisme que l’auteur explique la rapprochement des trois intellectuels après la guerre : l’antitotalitarisme jamais démenti chez Ionesco rejoint la haine du «judéo-bolchevisme» chez Cioran et Eliade à une époque de polarisation intellectuelle.

Peut-être le ton de l’essai est-il parfois trop engagé, à la limite de l’imprécation. La richesse du travail historiographique atténue cependant un parti pris d’ailleurs légitime. On peut également discuter la thèse de la cohérence intellectuelle de ces hommes qui de leurs jeunesses à leurs derniers jours n’auraient pas changé ni regardé en face leurs passés fantômes. Cette cohérence, par des détours psychologiques que l’on peut mettre en cause, évoque la démarche analogue de Zeev Sternhell dans ses écrits sur la droite révolutionnaire française. Alexandra Laignel-Lavastine salue d’ailleurs l’historien israélien.

Ces quelques travers n’altèrent en rien l’importance de l’ouvrage. Sa démarche iconoclaste salutaire et attendue permet de comprendre que les œuvres des années cinquante, loin d’être nées sui generis en terre française, puisent à des sources idéologiques roumaines suspectes.

Ces trois itinéraires invitent à questionner d’autres parcours intellectuels. Des penseurs contemporains de ceux là, comme Heidegger, Carl Jung, Céline, Carl Schmitt, Gheorghiu (auteur fameux de La 25e heure, lui aussi légionnaire fanatique dans sa jeunesse) et bien d’autres, tout en appartenant au patrimoine intellectuel européen, n’en furent pas moins compromis aux idéologies des années noires. Cet essai porte ainsi à réfléchir sur l’essence même de la modernité et les limites géographiques et culturelles d’une Europe à laquelle, sans discussions possibles, la Roumanie appartient.

Thomas Roman


Voila, désolée, c'était un peu long mais j'aimerais vos réactions, car j'ai pas trop envie de mettre de l'argent dans des livres fascistes... :roll:

Merci, Sequana
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Messagede Patrice » Mar 15 Mar, 2005 14:45

Salut,

On peut également discuter la thèse de la cohérence intellectuelle de ces hommes qui de leurs jeunesses à leurs derniers jours n’auraient pas changé ni regardé en face leurs passés fantômes.


Voilà la phrase importante de cette critique.
Rares sont les personnes qui ne changent pas.

A+

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Messagede Serious Frank » Mar 17 Mai, 2005 15:36

Merci en tous cas de cette intention qui est de nous faire part de tant de connaissances ! encore faut-il savoir si cela en est de la toute bonne ! lol :D
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Messagede Llyn » Jeu 14 Juil, 2005 21:26

Il y a eu le même débat sur Dumézil, à croire que qui s'intéresse aux religions "païennes" se retrouve forcément taxé de fasciste. :roll:
Que Mircea Eliade ait partagé les idées de fascistes roumains invalide-t-il son travail de recherche en tant qu'historien des religions?
Pour être en plein dans l'étude des religions (actuellement religion grecque archaïque), je ne saurais me passer des apports des recherches de ce monsieur, quand bien même on me dise qu'il était "douteux". On ne remet pas en cause le talent d'écrivain de Céline, bien que soit reconnu le côté nauséabond de ses idées politiques... alors faut-il jeter tout Mircea Eliade à la poubelle pour les mêmes raisons?

Les ouvrages de ce monsieur sont des mines d'érudition et mieux , font preuve d'une rigueur toute scientifique, qui manque souvent à certains "historiens". On est loin des ouvrages ésotériques qui pullulent dans les librairies sous l'étiquette "études des religions celtes ou scandinaves"...

Les débats sur la personnalité de ce chercheur ne sont pas dénués d'intérêt, et ils n'invalident en rien les recherches et les conclusions d'Eliade.
Ah moins bien sur que s'intéresser aux Celtes et aux Scandinaves (pour une part des recherches d'Eliade) ne soit la marque d'un fascisme latent...

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Messagede mikhail » Ven 15 Juil, 2005 23:48

LLyn, et tout le monde,

Depuis quelques années, et après leur mort (quel courage !), on assiste à la remise en cause de très grands auteurs au motif qu'ils vivaient, comme tout le monde, l'idéologie de leur époque, réputée désormais "nauséabonde", vue de notre époque. "On" se garde bien de dire que toute une population partageait largement ces idées, et qu'elles ont évolué. Nos auteurs ont également évolué, tant dans leur vie personnelle que dans leurs travaux.

Cette façon de travailler trahit déjà largement la méthode historique. Cela obère au départ la validité scientifique de ces travaux...

La véritable raison de ces attaques n'est probablement pas seulement la "dénonciation" de la part de "vigilants", qui interviennent bien tardivement, et pour des motifs fort peu clairs....

Il s'agit d'attaques ad hominem (on critique l'homme, faute d'avoir la puissance et la carrure de commenter leurs travaux) afin d'éviter justement de critiquer les travaux de ces géants de la pensée, qui dépassent de loin les capacités de ces folliculaires, fussent-ils "philosophes", même de bon niveau ; mais ce faisant, l'attaque ad hominem jette un doute sur leurs travaux, qu'il devient "malsain" d'avoir lu, médité, s'être approprié dans sa réflexion et sa culture personnelles.

Ce genre d'attaque juge d'abord son auteur. S'en prendre aux morts n'est pas très joli. S'en prendre à bien plus grand que soi, sur des faiblesses humaines de jeunesse, n'est pas du meilleur goût qui se puisse écrire. Encore faut-il que ces ouvrages soient honnêtes, ce qui n'est pas souvent le cas. Ils puent leur idéologie.

Lire Georges Dumézil, Mircea Eliade, Carl Schmitt, voire Martin Heidegger, et surtout les citer dans un travail universitaire permet à des écrivaillons "vigilants" de hurler au nazisme ou au fascisme. On en oublie les 200 millions de morts du marxisme (dont 10% "pour faits de guerre", donc cela fait 90% pour faits d'épurations, procès staliniens, goulags et autres joyeusetés).

Nous sommes dans une drôle d'époque.

Rappelons que Dumézil, dont les opinions politiques réelles sont inconnues, mais qui avait d'assez nombreux amis dans la droite des années 1930-1940, a eu pour maître Marcel Granet, sinologue, sociologue et marxiste. Granet a enseigné à Dumézil à "lire" un texte, à en extraire tout ce qu'il contient. Dumézil a toujours reconnu cette dette.

A cette époque, on savait ne pas mélanger un texte, c'est à dire la production d'un intellectuel, avec les idées politiques lorsqu'elles n'étaient pas exprimées dans les texte scientifiques de cet auteur.
Il est vrai aussi qu'on avait fait "ses humanités", latin et grec, que l'on était nourri de grands et bons auteurs.

Contrairement à notre époque, on ne trouvait pas dans un texte ce qui n'y était pas, en "lisant entre les lignes" par exemple, ou en notant également "ce qui n'y est pas" !
Non, je ne plaisante pas, nous en sommes là.
Et on voudra bien m'excuser de ne pas citer de référence...

Ce coup de gueule est d'ailleurs un peu à la limite dans ce forum.
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Messagede Muskull » Sam 16 Juil, 2005 5:58

Lire Georges Dumézil, Mircea Eliade, Carl Schmitt, voire Martin Heidegger, et surtout les citer dans un travail universitaire permet à des écrivaillons "vigilants" de hurler au nazisme ou au fascisme.

Aie ! "Coller dans le même sac" Eliade et Schmitt c'est un peu fort de café pour moi. :?

Comme pour Heideger il ne s'agit plus là d'un "péché de jeunesse", voir pour schmitt ce qu'en dit son éditeur :
"Au plan idéologique, ce nationaliste catholique est à la fois un proche du fascisme italien (dès 1923), une figure de la « révolution conservatrice » allemande (après 1928), un collaborateur du national-socialisme (après 1933). La problématique nodale de cette biographie, dans un contexte historique catastrophique, est de montrer comment un néoconservateur antilibéral et antimarxiste, devenu un conseiller du gouvernement présidentiel, cultivant un raisonnement ambigu de « défense de la constitution » et dénonçant la « révolution légale » (avant de s'y rallier), passe de Schleicher à Hitler"
http://www.editionsducerf.fr/html/fiche ... _cerf=6753

A la lecture de Dumezil, tout ce que je peux lui reprocher est son rejet "viscéral" de l'Islam et de tout ce qu'il a pu apporter à l'occident depuis le moyen-âge, se privant ainsi d'une vision plus universelle qui nuit à son analyse. :roll:
Il s'est ainsi rendu utile à la vision étriquée des "micro-régionalistes" qui rêvent de construire un mythe fondateur pan-européen.

Rien de tel dans les analyses d'Eliade, ni même dans ses romans, il est d'ailleurs plus "Hegelien" que sensible aux théorie d'Heideger, sa pensée est généreuse.

Llyn, évoquer la "pensée malade" de Céline (au talent littéraire plus que surfait) en relation avec Eliade est des plus maladroit et entre dans les argumentaires pernicieux d'une certaine "nouvelle droite". :?

Revise ta copie Mikhail, tu es "en plein dedans".
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Messagede mikhail » Sam 16 Juil, 2005 8:22

Muskull,

J'attendais ce quasi-réflexe !
(Un réflexe est une réaction musculaire à l'étirement d'un tendon, passant par la mëlle épinière mais pas par le cerveau...)
Le comportement que tu "dénonces" de Carl Schmitt (1888 - 1995) remet-il en cause le fait difficilement discutable qu'il est le plus grand des juristes et polititologues ? Et que fais-tu de la philosophie de Heidegger ? Quant à Dumézil, il est clair qu'il vivait intellectuellement il y a 3 à 4000 ans, et subissait son époque lui aussi.

En somme, malgré la teneur de mon premier paragraphe, tu persistes.

Oh certes, je t'accorde le Dr Louis-Ferdinand Destouches (1894 - 1961), ci-devant Céline, il est presque irrécupérable. Je ne l'avais pas cité, c'est toi qui le fais. Mais connais-tu sa vie ? Comme médecin il n'a pas fait rougir sa profession (médecin des pauvres, en 'dispensaires' comme on appelait ces centres). Comme écrivain, il marque son époque, il a failli recevoir le prix Goncourt. Comme homme, il est en effet à jeter...

« Pour son valet, il n'est pas de grand homme. »
N'as-tu pas tendance à te situer à ce niveau, comme ces "écrivains" dont je parle, "déconstruisant" nos grands hommes (terme d'une affligeante cuistrerie), jetant implicitement (ou volontairement ?) aux orties les oeuvres de ces géants de la pensée ?

C'est plus facile que de les lire et de s'attacher à ce qu'ils ont de meilleur, à ce qu'ils apportent à l'humanité !
C'est de cette façon que je les lis.

Drôle d'époque, qui ne regarde l'humanité que de notre époque plutôt triste, exclusivement par le petit bout de la lorgnette....
Tas de valets !
Chacun à son niveau...
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Messagede Taliesin » Sam 16 Juil, 2005 13:03

La "déconstruction", méthode chère aux post-structuralistes pour analyser un texte, mais qui en fait est une méthode structuraliste, consiste à chercher la contradiction interne à un texte ou une oeuvre en général.

"Le courant critique appelé "Déconstruction" représente un cas curieux d'exportation et d'adaptation des idées et des théories. Entièrement fondée sur la philosophie de Jacques Derrida, cette Ecole s'est développée non en France, mais aux Etats-Unis, particulièrement à l'université de Yale et à celle de Baltimore. Elle est représentée par les noms de Paul de Man, Geoffrey Hartman, Barbara Johnson...
Prenant le texte lui-même, et non l'auteur ni l'histoire, la "déconstruction" semble d'abord procéder comme les formalistes, les poéticiens, les critiques qui appliquent la rhétorique à la littérature. Mais c'est pour montrer que l'ensemble des figures de rhétorique qui tissent le texte manifestent une contradiction éclatante : les figures disent autre chose que le texte." (Jean-Yves Tadié, la critique littéraire au 20ème siècle)

Cette méthode a aussi ses détracteurs, et ce n'est finalement qu'une méthode parmi d'autres pour analyser un texte.
Au départ, la biographie de l'auteur et le contexte historique n'entrent pas en compte dans la critique de l'oeuvre, mais depuis quelques années la vie de l'auteur et l'époque où il a vécu sont intégrés de nouveau à la critique.
Ainsi, Edward Saïd (Culture et impérialisme, 2000) fait-il une approche déconstructive de certaines oeuvres de Camus et de leur éclairage par rapport à la guerre d'Algérie. Saïd étudie notamment la place des Arabes dans ces oeuvres (l'Etranger, L'Exil et le Royaume) et en conclut que Camus, français né en Algérie, partageait les idées des défenseurs de l'Algérie française.

Vrai ou faux, cela n'enlève rien, à mon avis, au fait que Camus est un des plus grands philosophes du 20ème siècle.

"Rien n'est plus aisé que de parler d'un ton de maître des choses qu'on ne peut exécuter; il y a cent poétiques contre un poème" disait Voltaire, et ce même Voltaire disait aussi, hélas : "Les Blanc sont supérieurs à ces Nègres, comme les Nègres le sont aux singes, et comme les singes aux huîtres." (Traité de métaphysique, 1735)

Chaque grand homme a son côté sombre. Il suffit de savoir faire la part des choses.

Quant aux hommes politiques, il y a quelques citations de Jules Ferry qui lui vaudraient un procès au jour d'aujourd'hui....
Les Bretons sont plus grands et mieux proportionnés que les Celtes. Ils ont les cheveux moins blonds, mais le corps beaucoup plus spongieux.
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Messagede Llyn » Sam 16 Juil, 2005 13:42

Taliesin a écrit:La "déconstruction", méthode chère aux post-structuralistes pour analyser un texte, mais qui en fait est une méthode structuraliste, consiste à chercher la contradiction interne à un texte ou une oeuvre en général.

"Le courant critique appelé "Déconstruction" représente un cas curieux d'exportation et d'adaptation des idées et des théories. Entièrement fondée sur la philosophie de Jacques Derrida, cette Ecole s'est développée non en France, mais aux Etats-Unis, particulièrement à l'université de Yale et à celle de Baltimore. Elle est représentée par les noms de Paul de Man, Geoffrey Hartman, Barbara Johnson...
Prenant le texte lui-même, et non l'auteur ni l'histoire, la "déconstruction" semble d'abord procéder comme les formalistes, les poéticiens, les critiques qui appliquent la rhétorique à la littérature. Mais c'est pour montrer que l'ensemble des figures de rhétorique qui tissent le texte manifestent une contradiction éclatante : les figures disent autre chose que le texte." (Jean-Yves Tadié, la critique littéraire au 20ème siècle)

Cette méthode a aussi ses détracteurs, et ce n'est finalement qu'une méthode parmi d'autres pour analyser un texte.
Au départ, la biographie de l'auteur et le contexte historique n'entrent pas en compte dans la critique de l'oeuvre, mais depuis quelques années la vie de l'auteur et l'époque où il a vécu sont intégrés de nouveau à la critique.
Ainsi, Edward Saïd (Culture et impérialisme, 2000) fait-il une approche déconstructive de certaines oeuvres de Camus et de leur éclairage par rapport à la guerre d'Algérie. Saïd étudie notamment la place des Arabes dans ces oeuvres (l'Etranger, L'Exil et le Royaume) et en conclut que Camus, français né en Algérie, partageait les idées des défenseurs de l'Algérie française.

Vrai ou faux, cela n'enlève rien, à mon avis, au fait que Camus est un des plus grands philosophes du 20ème siècle.

"Rien n'est plus aisé que de parler d'un ton de maître des choses qu'on ne peut exécuter; il y a cent poétiques contre un poème" disait Voltaire, et ce même Voltaire disait aussi, hélas : "Les Blanc sont supérieurs à ces Nègres, comme les Nègres le sont aux singes, et comme les singes aux huîtres." (Traité de métaphysique, 1735)

Chaque grand homme a son côté sombre. Il suffit de savoir faire la part des choses.

Quant aux hommes politiques, il y a quelques citations de Jules Ferry qui lui vaudraient un procès au jour d'aujourd'hui....


Voilà.
Merci pour cette intervention :)
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Messagede Taliesin » Sam 16 Juil, 2005 15:12

Sinon, j'ai un peu de mal à imaginer que l'on puisse appliquer la méthode "déconstructionniste" à des écrits scientifiques comme ceux de Dumézil ou d'Eliade, alors que cette méthode est plutôt adaptée aux romans, puisqu'elle cherche à montrer la contradiction interne des figures rhétoriques : déconstruction de l'écriture métaphorique.
Dans un ouvrage scientifique, je ne vois pas trop où est l'écriture métaphorique (à part dans les sources qui sont l'objet de l'étude elle-même)
C'est sans doute pour cela que lorsqu'on veut "déconstruire" ces ouvrages, on est bien forcé d'analyser le contexte scientifique (voire politique) dans lequel il ont été écrits, ainsi que les courants de pensée auxquels on pourrait les rattacher. Barthes parlait "d'écritures politiques". On pourrait aussi bien parler "d'écritures scientifiques".
Ainsi, Dumézil, comme Levi-Strauss, a été rattaché à l'Ecole dite "structurale"
Un autre courant scientifique, très en vogue au 19ème siècle, l'évolutionnisme, est aujourd'hui critiqué comme ethnocentrique, et pour avoir justifié le colonialisme en prônant implicitement l'inégalité des races. Rien de tel concernant le structuralisme...
En dernier lieu, on peut aussi analyser la biographie de l'auteur (qu'il soit mort ou vivant ne change rien, c'est un peu la rançon de la gloire que d'être étudié, en bien ou en mal), mais si on commence par cela, on risque fort de passer complètement à côté du sujet.
Après tout, qu'importe que "Mythe et épopée" ait été écrit par Dumézil pu Tartempion ? Est-ce que le fait qu'il ait eu de nombreux amis dans la droite des années 1930-40 (comme beaucoup d'autres, dont un qui est devenu président de la République ensuite, sous les couleurs socialistes) a eu une influence sur ses écrits ?

Enfin, chacun peut se faire sa propre opinion en lisant les ouvrages de Dumézil et d'Eliade, sans forcément rester bloqué à une critique qui ne peut être que partielle puisqu'elle se borne à un seul angle d'attaque, décidé au départ.
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Messagede Muskull » Sam 16 Juil, 2005 17:13

Muskull,

J'attendais ce quasi-réflexe !
(Un réflexe est une réaction musculaire à l'étirement d'un tendon, passant par la mëlle épinière mais pas par le cerveau...)
Le comportement que tu "dénonces" de Carl Schmitt (1888 - 1995) remet-il en cause le fait difficilement discutable qu'il est le plus grand des juristes et polititologues ? Et que fais-tu de la philosophie de Heidegger ?


Un article de Bernard Lallement sur Heideger :
http://sartre.blog.lemonde.fr/sartre/20 ... fait_.html

Un livre sur Carl Schmitt : Déconstructionnisme ? :evil:
http://www.librairiepantoute.qc.ca/fich ... ?id=218244
"Parquer, exterminer ne furent pas les effets d'un acte de folie individuel ou collectif ponctuel. Il a donc bien fallu qu'ils fussent conçus, accrédités, justifiés comme utiles, souhaitables, nécessaires. Dans ce moment de la justification, plus précisément de la " justification juridique ", Carl Schmitt a joué un rôle important.

En faisant jouer la notion de l'ennemi substantiel, le Juif, l'ennemi de race et de sang, il a entrepris de justifier les lois de discrimination raciale de Nuremberg du 15 septembre 1935, qui mettent en place la séparation parquer, pour éviter la contagion, la dégradation, l'altération de la race allemande. Mais cette justification par la protection contre l'ennemi de race et de sang prépare implicitement l'étape suivante : la sortie des Juifs hors du droit, hors de l'humain même. Il faut exterminer l'ennemi substantiel, irréductible, de race et de sang.

Carl Schmitt le nazi fut ainsi l'idéologue des pires lois racistes du régime de Hitler. Cet ouvrage entend le prouver et prouver également que toute sa pensée n'en sort pas indemne. "

On est très loin des "amitiés" de jeunesse d'Eliade ou de Dumezil et ce "paquet cadeau" proposé par Mikhail ne provoque pas seulement chez moi une "réaction épidermique".

Pour ceux qui ont le temps d'analyser la typologie particulière de l'idéologie sous jacente de son (ses) post :
http://www.mondialisations.org/php/publ ... 672&lan=FR
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Messagede Taliesin » Sam 16 Juil, 2005 22:17

Effectivement, pas besoin d'employer de méthodes déconstructionnistes pour constater que Carl Schmitt n'a rien d'un démocrate humaniste.

Un extrait de "l'homme révolté" d'Albert Camus, qui aborde le sujet de "l'ennemi" :

"Hitler et son régime ne pouvait se passer d’ennemis. Ils ne pouvaient se définir que par rapport à ces ennemis, prendre forme que dans le combat acharné qui devait les abattre. Le Juif, les francs-maçons, les ploutocraties, les Anglo-Saxons, le Slave bestial se sont succédé dans la propagande et dans l’histoire pour redresser , chaque fois un peu plus haut, la force aveugle qui marchait vers sonterme. Le combat permanent exisgeait des excitants perpétuels. […] Hitler disait : « Quand la race est en danger d’être opprimée…la question de légalité ne joue plus qu’un rôle secondaire. » La race, d’ailleurs, ayant toujours besoin d’être menacée pour être, il n’y a jamais de légalité. […]
L’ordre, par malheur, exige rarement de faire le bien. Le pur dynamisme doctrinal ne peut se diriger vers le bien, mais seulement vers l’efficacité. Aussi longtemps qu’il y aura des ennemis, il y aura terreur ; et il y aura des ennemis aussi longtemps que le dynamisme sera, pour qu’il soit : « Toutes les influences susceptibles d’affaiblir la souveraineté du peuple, exercée par le Führer avec l’aide du parti…doivent être éliminées. » Les ennemis sont hérétiques, ils doivent être convertis par la prédication ou propagande ; exterminées par l’inquisition ou Gestapo. Le résultat est que l’homme n’est plus, s’il est du parti, qu’un outil au service du Führer, un rouage de l’appareil, ou, s’il est ennemi du Führer, un produit de consommation de l’appareil."

On voit que Carl Schmitt est bien sur la même longueur d'onde qu'Hitler. A partir de là, il me semble difficile de le considérer comme "le plus grand des juristes et politologues"...

Pour revenir à Dumézil et Eliade, comme dit Muskull, on est effectivement très loin "d'amitiés" de jeunesse : non seulement Shmitt à été un des théoriciens du nazisme, mais ses théories, exprimées clairement dans ses textes, ont toujours une influence aujourd'hui sur certains groupes politiques, et notamment les néo-conservateurs américains au pouvoir dans le gouvernement Bush.

Contrairement à Dumézil et Eliade, qui, quelles que soient leurs idées politiques, ne les ont pas, à ma connaissance, exprimées dans leurs oeuvres, et dont l'influence, finalement, se limite à leurs domaines d'étude respectifs.
Les Bretons sont plus grands et mieux proportionnés que les Celtes. Ils ont les cheveux moins blonds, mais le corps beaucoup plus spongieux.
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Messagede Muskull » Lun 18 Juil, 2005 7:27

On voit que Carl Schmitt est bien sur la même longueur d'onde qu'Hitler. A partir de là, il me semble difficile de le considérer comme "le plus grand des juristes et politologues"...

Ecrit Taliesin

« Pour son valet, il n'est pas de grand homme. »
N'as-tu pas tendance à te situer à ce niveau, comme ces "écrivains" dont je parle, "déconstruisant" nos grands hommes (terme d'une affligeante cuistrerie), jetant implicitement (ou volontairement ?) aux orties les oeuvres de ces géants de la pensée ?

C'est plus facile que de les lire et de s'attacher à ce qu'ils ont de meilleur, à ce qu'ils apportent à l'humanité !
C'est de cette façon que je les lis.

Drôle d'époque, qui ne regarde l'humanité que de notre époque plutôt triste, exclusivement par le petit bout de la lorgnette....
Tas de valets !
Chacun à son niveau...

A écrit Mikhail...

En tant que valet de pique, je demande l'intervention d'un modérateur afin qu'il n'y ait pas de confusion chez les lecteurs de ce forum. :roll:
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Messagede mikhail » Lun 18 Juil, 2005 8:07

Pour faire court,
pour poser la question essentielle,
Céline (le Dr Louis-Ferdinand Destouches) étant l'écrivain probablement le moins inconnu de tous dans cette polémique,
la question :
faut-il déconseiller, voire interdire la lecture du Voyage au bout de la nuit ?
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Messagede Muskull » Lun 18 Juil, 2005 9:34

http://perso.wanadoo.fr/d-d.natanson/celine.htm

Cela est-il suffisant comme réponse ?

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