buzhug a écrit:- Eon de l'Etoile (un ancien voisin de par chez nous!) n'est-il pas un révélateur parmi d'autres, d'une probable confusion messianique entre deux systèmes référentiels mythiques? Auquel cas, que l'on se nomme DT, Buzhug, x ou y mais aussi peut-être André-Yves Muskull ou Sedullos, une des questions qui se posent quant à l'historiographie arthurienne n'est-elle pas aussi celle de l'altérité en soi?
J'ai évoqué plusieurs fois sur ce forum le personnage d'Eon de l'Etoile en l'associant à chaque fois avec la référence à Duvernoy qui fut un des spécialistes des hérésies médiévales, du catharisme en particulier.
Eon est une figure étrange : un prieur illuminé à la tête d'une petite communauté de moines, prétendant être le Eum du "Per Eum qui venturus judicare est vivos et mortuos" = "Par Celui qui viendra juger les vivants et les morts" ; un hérésiarque qui a eu des disciples jusqu'en Gascogne, un thaumaturge offrant des banquets évanescents et pratiquant un sorte de communisme paysan selon Jean Markale, Merlin l'Enchanteur.- Retz, 1981, à qui j'emprunte ces données. Eon et ses hommes pillent des châteaux, des biens d'église et redistribuent une partie des richesses aux pauvres : il y a un côté Robin des Bois ou Mandrin chez Eon.
En 1148, l'année de la comète = l'Etoile, le duc de Bretagne, Conan III, envoie une petite armée pour le capturer à la demande du pape. Il est interrogé au concile d'Epernay ; ses disciples seront brûlés et lui finira en prison, déclaré fou et donc irresponsable.
Markale associe Eon à la figure de Merlin et suggère que les auteurs des romans arthuriens aient pu emprunter certains traits d'Eon pour les attribuer à Merlin.
Pourquoi pas : Merlin sent le fagot, c'est clair, mais il ne représente pas une menace pour l'ordre social.
Merlin n'attaque pas les châteaux ! Quant à la confusion du rôle du druide et du chaman en la personne de Merlin, c'est un des Da(g)da de Markale que je ne poursuis plus depuis très longtemps...