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AG- frontière ?

MessagePosté: Dim 23 Oct, 2016 0:07
de Matrix
Bonjour
je voudrai avoir confirmation que le mot AG- désigne une borne en Celtique ?
Mot que l'on retrouve sur l'inscription de Plumergat (Morbihan) chez les Vénètes : « Vabros (…)at atrebo aganntobo durneio giapo » = Uabros a dressé (ceci) aux Pères « ag-annto » pour Giapos fils de Durnos.
Ag-an(n)to désignerait une borne frontière. Anto a été traduit dans l’incription bilingue Latine-Gauloise de Vercelli (Piémont) comme Finis (Bord/Rebord/Limite).

les sites parlant de l'Indo Européen font remonter à un proto celtique *hakni au vu du vieil irlandais (datif) accai = fesselung = entrave/ligoter ? (je ne suis pas sûr de ma traduction)

merci

* Indo Européen pag- (fixer/réunir/stabiliser/unifier)
Brittonique : * (p)aglatu- > Gallois aelod (membre de famille)
Gaélique : * (p)ago > Vieil Irlandais aige fine (pilier de famille) > Moyen Irlandais age (maillon/membre)
Germanique *fánxan-/fangán- (capturer/réunir): Gotique fāhan (capture), Angl-Saxon fōn (butin/capture), Vieil Anglais fegan (réunir) > Anglais fang (butin/piller), Vieil-Haut-Allemand fāhan (capturer), fuoga/gafuogi (emboîter/réunir) et hī-fuoge (marieur), Allemand fangen, Vieux-Frisien fangia, Moyen-Néerlandais vangen, Vieil-Islandais fā, Vieux-Norois fanga (capture/étreinte),
Latin pāco/ pāx (pacifier/paix), pactĭo (contrat/pacte/traité), pāgus (bourg/village), pangō (attacher/enfoncer/ensemencer/ficher/planter), *pak-slos > pālus (piquet) et paxillius (échalas/petit pieu), compagēs/compagina (assemblage/jointure/liaison/réunion), prŏpāgēs (cep de vigne qui prend racine)
Marrucin pacri- traduit en Latin par plācātus = apaisé. Ombrien pase tua (traduit en Latin par pace tua = votre paix). Osque prupukid traduit en Latin par ex antepacto = par accord préalable
Grec πάσσαλος > passalos (bloquer/bouchon/clou/fermoir) > Latin pessulus (barre/verrou) > Vieux-Français pesseau et Savoyard passey. Grec πάγη > page (boucle/collet), πάγεσι/πάγος > pagesi/pagos (geler/glace), πακτόω > pakto- (ferme/fort), πάξ > pax (assez), pêgma (assemblage de planches/estrade), pegnynai (fixer/rendre solide), πηγός > pegos (dur/ferme/fort/)
Slavonique paž (cloison de bois). Slovène pâz (jointure)
Sanskrit páś-/pā́śa- (collet/corde/faire une boucle/nœud). Avestan pas- (entraver)

Re: AG- frontière ?

MessagePosté: Jeu 27 Oct, 2016 16:09
de etnos
Sur la pierre de Verceil, Aganntobo a la valeur d’un adjectif qui qualifie Atrebo, les deux étant au datif pluriel. Delamarre traduit par « borneurs », ou par le participe présent « bornants ». Si on le prend au mot, Agannt- serait tiré d’un verbe Aga, borner, avec un suffixe –nt, comme dans notre participe préseNT. Tout compte fait, il n’y aurait pas besoin de faire intervenir le nom Anto, dans un pléonasme Aga-anto, « bout du bout », qui, de plus, ne serait pas un adjectif. Il resterait à assurer le verbe et le suffixe.

Verbe :
Le verbe *Ag- < *Pag, borner, délimiter (Bernier, Lejeune, Stempel), ferait sens avec la borne qui porte l’inscription. Mais peut-être que tout le monde s’est trompé… En effet, en dépit de vos recherches, cette racine (P)ag- ne se trouve pas en gaulois, et pas non plus dans la toponymie des frontières gauloises. On y trouve surtout Anto(n), Randa, et Ritum pour signifier le franchissement. Pour dire la borne, ils devaient utiliser Budina, d’où les termes bas latin Butina, Bodula à l’origine des toponymes Borne et Boule. Si le v. irl Buiden signifie troupe, le gaulois Budina, a pu désigner une borne défendue par la troupe, car il y avait d’autres mots pour troupe. Quant au « pagus », je ne sais pas comment ils disaient « planter » (pangere), mais le gaulois avait deux termes dérivés de *Mrog- : Brog(m)- pour désigner le pays, et Morga pour désigner son bord, d’où les Morga-ritum. N’ayant pas besoin de (P)ag-, cette racine aurait disparu du gaulois au moins pour un emploi au sens de borne, pays ou frontière.

Delamarre documente deux racines verbales gauloises homonymes, qui feraient proposer les traductions « pères conducteurs » ou « pères bataillants » :
- *Ag, aller, mener, conduire, cf. An-ag-antio, le 4° mois gaulois, où l’on ne voyage pas (combat pas ?). Racine préférée de Delamarre (NL, p 30), tout en trouvant qu’elle n’éclaire pas mieux le sens de l’inscription.
- *Ag-, combattre, présente dans Ago-, Agio-, combat, bataille. Nh Ageio, Agio, Aguntos, Aginnos, Agios, Com-ag(i)us, Tolisto-agioi, Agedos, Ago-lieca, Ago-marus, Ago-rix, Ar-vir-agus, Co-inn-agius. Racine la plus documentée par Delamarre (NH), donc la plus probable ?

Suffixe :
Le suffixe -ntia, -ntios existe en gaulois. Il viendrait d’un ancien suffixe participal (-ans) –ant- , d’où Aguntos, nh, « le combattant »?; Anagantio, « où on ne voyage pas » ? De même Pallantia, Palencia (Esp), hydronyme, serait d’un verbe Pal- de mouvement. Il semble que –nt- soit surtout utilisé dans les théonymes et hydronymes, ou devenu « locatif », en suffixant des noms et des adjectifs gaulois :
Carn-untum, du nom Carnos, corne, ethnique
Brig-antia, Brigans, Bregenz, du nom Briga, théonyme, et ethnique
Minm-antiae Deae, du nom Menman, mémoire, théonyme
Mog-ontia, Mayence, de l’adjectif Magio, grand, racine verbale Mag-, croître, hydronyme et théonyme
Ves-ontio, de l’adjectif Uesu- bon, divinité de Besançon, *Uisantia, Visance (Orne)
Novi-enton, Noyant, de l’adjectif Novio, neuf ; Nous-antia, divinité de La Neuveville (Suisse)
Big-entios, Vig-entius, Neumagen
Au-entia, Avenches, du nom Aua, petite fille, hydronyme ?
Borb-ontia, Bourbince, du nom et théonyme Borvo, hydronyme
Cos-antia, Couzance, de l’adjectif Cosa, paisible, hydronyme
Cros-antia, Cronce, de l’adjectif Crosos, creux, hydronyme
Alis-antia, Auzance, du nom Alisos, hydronyme, et divinité Alis-anos

Conclusion : Ag- ne désignerait pas une borne en gaulois et Ag-a(n)nt-io signifierait « combattant », plutôt que bornant.

Re: AG- frontière ?

MessagePosté: Ven 28 Oct, 2016 0:07
de Matrix
merci Etnos
il n'y a aucune........ frontière à votre savoir :D