Je reviens sur le sujet initial, le livre « Celtic from the West » dont je viens de lire quelques articles, notamment ceux de B Cunliffe et J Koch, avant de lire les 3 articles consacrés à la génétique.
Le titre de ce livre devrait être « Celtic from the West ? » car, comme il est écrit dans sa présentation, tous les articles, essentiellement indépendants les uns des autres, ne défendent pas tous cette hypothèse.
Je réponds (succinctement) à Orgenomeskos et à son message du 20 juin.
- La zone atlantique a connu des échanges soutenus depuis au moins le IVème millénaire et plus particulièrement pendant la diffusion du phénomène campaniforme.
- Les principaux arguments présentés par Cunliffe et Koch :
* Les échanges soutenus des groupes atlantiques,
* la conclusion de l’étude de J Koch (2009) identifiant les inscriptions tartessiennes, à partir du VIIIème siècle, comme relevant d’une langue celtique, ou au moins, contenant beaucoup d’éléments - archaïques- celtiques,
* la « relecture » des fameuses phrases d’Hérodote indiquant la présence des Celtes au sud de l’Espagne,
* la grande difficulté à expliquer l’arrivée de langues celtiques dans la péninsule ibérique par l’expansion de la culture des Champs d’Urnes.
Les hypothèses des deux auteurs diffèrent ensuite sur l’explication de l’arrivée et de l’expansion de cette langue (proto)-celtique :
. B Cunliffe suppose l’expansion de cette langue à travers la diffusion de la culture campaniforme (hypothèse déjà formulée par P Brun - 2006)
. J Koch suppose l’arrivée de cette langue suite à l’expansion maritime d’indo-européens vers - 2000.
- Il n’y a pas de contradiction entre la continuité de la culture des Champs d’Urnes et celle d’Halstatt et leurs hypothèses. Les deux auteurs s’intéressent à la genèse des langues celtiques alors que les deux cultures précédentes démontrent une continuité de cultures matérielles. La différenciation nécessaire entre genèse et expansion des langues celtiques, des cultures matérielles celtiques ou de caractéristiques celtiques a déjà été souvent mise en avant : par exemple J Collis (2003) . A lire sur ce sujet le très intéressant article de R Karl dans ce livre.
- Comme dit précédemment les plus anciens textes en langue celtique ne seraient plus lépontiques mais tartessiens (en attendant d’autres découvertes ?).
- Ce livre ne veut absolument pas faire coïncider les cultures mégalithiques avec la présence des Celtes, et n’imagine aucune « arrivée massive et brusque de hordes celtes ».
Mes propres commentaires :
- Habitué à lire essentiellement des livres, études et articles en langue française
, je suis frappé par la frontière très étanche entre les études des chercheurs français et celles des chercheurs anglo-saxons. Leurs hypothèses et leurs références sont quasiment toutes issues de leur propre milieu : cela se comprend, mais quelle perte potentielle d’échanges !
- Avec tout le respect que je vous dois Cher Orgenomeskos (sans aucune ironie), je ressens dans votre message référencé une certaine dévalorisation de cette hypothèse « atlantique », comme compilant des hypothèses anciennes et reprenant de vieux poncifs dépassés.
Mon sentiment est exactement le contraire.
Je trouve que les recherches anglo-saxonnes sont en avance sur les recherches françaises (depuis au moins 50 ans), et beaucoup moins « coincées » par le maintenant vieux modèle halstattien qui a montré ses limites (constat formulé également par les spécialistes français depuis au moins 15 ans).
La recherche d’un nouveau modèle me paraît plus que nécessaire. Les hypothèses formulées dans ce livre me paraissent y contribuer mais ne sont en aucun cas présentées par leurs auteurs comme Le Nouveau Modèle !