Pour vous aider :
Jean-Claude BOLOGNE :
Les sept merveilles. Larousse. Le souffle des mots. 1994.
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Le soulignage est de mon fait.
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Je vous passe le texte en entier, afin que vous puissiez, à loisir, y trouver des contres-arguments.
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pages 182, 183, 184 :
CIVILISATION ANTIQUE Les astres mobiles visibles à l'œil nu, comprenant les deux « grands luminaires » et cinq planètes du système solaire, qui jouèrent un grand rôle dans les systèmes astrologiques et alchimiques de l'Antiquité aux temps modernes. « Les sept autres cercles, plus petits, pendus entre le jour et la nuit, représentent les sept planètes » (Patrick Carré,
les Petits Chaos de l'étudiant Liu, Albin Michel, 1993, p. 94).
Le huitième jour : la Résurrection du Christ (Cf. CEC § 2174). Titre d'un roman d'Antonine Maillet (1986).
Parmi les « luminaires » qui éclairent la nuit, on appelait « astres errants » ceux qui traversaient le ciel, à l'opposé des « étoiles fixes » qui en formaient une carte plus stable. C'est ce qu'exprimé le terme même de planète (du grec
planètes, errant). À l'œil nu, seuls sept étaient visibles : le Soleil, la Lune et cinq planètes du système solaire. Plusieurs classements ont été tentés, dont le plus courant, venu de l'école pythagoricienne et adopté par les astronomes en général, est celui du tableau ci-dessus. Les astres y sont classés selon leur temps de révolution, de 29, 44 ans (Saturne) à 27 jours (Lune). La tradition littéraire, à la suite de Platon, classe plutôt le Soleil en fin de liste.
La dénomination des planètes, dans la cosmologie babylonienne, a tout naturellement été tirée du panthéon, et les traducteurs grecs et latins ont fidèlement calqué le modèle oriental. Mais, derrière cette attribution symbolique des planètes à un dieu, peut-être y avait-il déjà une nomenclature physique. Jupiter est la plus grande des planètes, partout réservée au dieu principal. Mercure « accompagne » le Soleil et la Lune comme Nabou (Hermès, Mercure), le scribe divin. Mars est une planète rouge qui convient parfaitement aux dieux guerriers, Nergal, Harès, Mars. Saturne a une course lente comme le vieux dieu du Temps... Quant aux symboles ésotériques qui désignent les astres, il s'agit d'une déformation de leurs lettres initiales dans leur nomenclature grecque. On reconnaît encore le Z de Zeus dans le signe de Jupiter, le <Phi> de Phosphores dans celui de Vénus, le K de Kronos dans celui de Saturne. Le Soleil et la Lune ont des pictogrammes évoquant leur forme.
Ce sont sans doute les pythagoriciens qui ont introduit cette identification en Grèce : leur théorie de l'harmonie céleste est basée sur les cinq astres mobiles et les deux luminaires. Mais, petit à petit, d'autres patronages ont été retenus et, à la période alexandrine, une grande confusion régnait dans la dénomination des planètes. Au III siècle avant notre ère, les astronomes d'Alexandrie ont alors introduit une deuxième nomenclature, fondée sur l'aspect des astres. De leur effort ne nous est resté que le nom de Vénus, Phôsphoros en grec, Lucifer en latin.
Les noms des jours dérivent des noms des planètes, l'ordre étant celui d'un heptagramme inscrit dans un cercle sur le pourtour duquel sont figurées les planètes, selon le schéma de la page 183.
Notons que certaines tentatives ont été faites pour christianiser les références païennes de l'astrologie. À Byzance, on consacra ainsi le dimanche au Christ, « Soleil de Justice » ; le lundi aux anges, qui, comme la Lune, reflètent la lumière divine; le mardi à saint Jean, qui, en stigmatisant les pécheurs, s'identifie au dieu guerrier; le mercredi à la Croix, qui a porté le Verbe comme Mercure est le porte-parole des dieux; le jeudi aux apôtres, pères de l'Église comme Jupiter de l'Olympe; le vendredi à la Vierge, image de la beauté spirituelle comme Vénus de la beauté physique; le samedi à Dieu le père, puisque Saturne était le père des dieux...
Théophile d'Édesse tenta de justifier les noms païens par le récit de la Création dans la Genèse : chaque dieu symbolisait l'acte divin correspondant au jour qui lui fut attribué. Ainsi Hermès (Mercure), dieu de la Parole et de la Sagesse, représente le quatrième jour (mercredi), où furent créés les luminaires... Quant à la liturgie latine, elle utilise depuis Tertullien, le système juif de numérotation des jours pour éviter de nommer les dieux païens : feria frima désigne le dimanche, feria secundo, le lundi... Le système n'a laissé de trace dans le vocabulaire qu'en grec moderne, où les jours sont toujours désignés par leur numéro d'ordre.
Quant au symbolisme des planètes, il est lié à la vieille conception de l'Univers selon laquelle chaque élément du monde d'en haut a son correspondant ici-bas. Les parallélismes sont innombrables. Outre les métaux, les herbes, les jours de la semaine, dont le tableau de la page 182 reprend les correspondances classiques, les planètes correspondaient aux sept directions de l'espace (les six traditionnelles et le centre), aux sept dons du Saint-Esprit, aux sept vertus théologales et cardinales, aux sept notes de la gamme... La kabbale a étendu ces correspondances ; c'est à elle que sont empruntées celles aux sept archanges dans le même tableau.
La théorie des planètes a également engendré celle des sphères célestes, concentriques, sur lesquelles les astres sont censés tourner autour de la Terre. Celles-ci sont généralement huit : sept pour les sept planètes, dont les mouvements indépendants exigent des supports différents, et la huitième pour les étoiles fixes, qui semblent tourner d'un même mouvement sur la voûte céleste. Les théologiens y ajoutèrent deux autres sphères, la dernière, PEmpyrée, correspondant au séjour des bienheureux et de Dieu. Les dix sphères pouvaient ainsi correspondre aux dix cieux. Être dans les sphères élevées, c'est donc voyager dans une dimension inaccessible au commun des mortels : « Les âmes délicates, dont la force s'exerce dans une sphère élevée, manquent de cet esprit d'intrigue, fertile en ressources, en combinaisons. » (Balzac,
la Messe d'un athée, Seuil, Intégrale, t. II, p. 348).
Le mouvement des huit sphères était censé respecter les rapports harmoniques des huit tons, produisant une musique inouïe, la fameuse « harmonie céleste » ou « musique des sphères ». Seuls les bienheureux et les mystiques l'entendent : « Petit à petit, ils atteignent aux degrés supérieurs, à des états où ce ne sont plus seulement les abstractions les plus rapprochées qui les émeuvent, mais la respiration infinie des sphères. » (Italo Calvino,
le Chevalier inexistant, Seuil, 1962, p. 161). « Le soleil résonne sur le monde antique dans le chœur harmonieux des sphères » (Goethe,
Faust, Prologue).
Références : F. Cumont, « Les noms de planètes et l'astrolâtrie chez les Grecs », dans l'Antiquité classique, t. IV, 1935, pp. 5-43 ;
Catalogus codicum astrologomm Graecorum, t. IV, p. 99 et t. V, I p. 235. CHE.