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MessagePosté: Jeu 01 Mar, 2007 10:07
de Marc'heg an Avel
Je suppose qu'il s'agit d'une forme (ou adaptation) locale de drein au pluriel.

A vérifier cependant.

JCE :wink:

MessagePosté: Jeu 01 Mar, 2007 10:13
de Marc'heg an Avel
Je reviens sur suken :

ce mot se rapproche de l'un des noms d'oiseaux que j'ai mis dans ma collection d'injures, à la page :

http://marikavel.org/bretagne/la-roche-derrien/rire.htm

à savoir : beg-sukr = lèvres sucrées, bouche sucrée, pour désigner une mijorée, "qui fait des manières"

j'admets qu'on peut l'entendre sous beg-suk

JCE :)

MessagePosté: Jeu 01 Mar, 2007 11:12
de Marc'heg an Avel
Pour les pluriels en -ied chez Maria PRAT, ne jamais oublier qu'il s'agit ici d'un langage au plus proche du populaire local. Il ne faut donc pas y chercher de formes académiques.

La dérision, qui est la base de l'humour trégorrois, que ce soit vis a vis de l'Autre que de soi-même, liée à la prononciation au plus près de la forme vernaculaire, a fait éclater de rire plusieurs générations du Trégor.

C'était du pur jus, directement du pressoir.

Rarement méchant !

Dans le cas présent, il est question de dire que dans les poissons d'Avril, au moins, il n'y a pas d'arêtes dedans !

Ca veut dire qu'une farce, ça doit toujours rester gentil et amical.

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Pour -ied, je peux donner un autre exemple, celui des oiseaux :

- oiseau : en breton 'normal' = evn; oiseaux = evned.

Près de chez les frères Morvan, en St Nicodème, Haute Cornouaille, on a un panneau de lieu : Crec'h an Neünet = la butte aux oiseaux.
(avec agglutination de l'article an)

Ma grand-mère, trégorroise, disait : an nemied = les oiseaux.

(prononcer comme en français : nain + miette)

JCE :)

MessagePosté: Jeu 01 Mar, 2007 11:48
de Taliesin
C'hoari 'ra ganeoc'h ?

La bizzarerie ici, c'est pas tellement le pluriel en -ed, très commun dans tous les dialectes, mais le fait que le mot drein est déjà un pluriel : le singulier est draen.

un adliester "re-pluriel" ?

Ou bien, drein étant une forme de pluriel ancienne et devenue irrégulière, les locuteurs l'ont normalisé pour une meilleure compréhension orale ?

Pour -ied au lieu de -ed, il me semble que cette forme existe aussi en vannetais : merc'hied au lieu de merc'hed

MessagePosté: Jeu 01 Mar, 2007 14:07
de Rónán
Merc'hied est en fait seulement une facon de retranscrire une prononciation particulière de merc'hed, avec c'h palatalisé devant la voyelle -e-. Dans ce cas "-ied" n'est pas une variante mais juste un bricolage orthographique pour essayer de rendre la prononciation.

MessagePosté: Jeu 01 Mar, 2007 15:32
de Marc'heg an Avel
Pour dreinied :

Maria PRAT était à l'écoute du Populaire, dans le sens le plus noble du terme, puisque c'était SON monde à elle.

Et elle n'hésitait pas à en retranscrire les formes parlées, même les plus surprenantes.

Il est possible que *dreinied soit une forme spontanée, qui est tombée dans son oreille au bon moment.

----------------

Je témoigne, quant à moi, d'une création spontanée de ma propre belle-mère, bretonnante de Trégrom, en Trégor 'continental'.

Etant question de nettoyer une pièce avant de la donner en location d'été, elle a utilisé cette formule :

- en local : "Aï è poent digewnidan'

- en breton unifié : "erruet eo ar poent da *zigevnidan"

- en français : il est temps d'enlever les toiles d'araignées.

explication : kevnid = araignée.

donc, dans la logique :

- en em gevnidan = se couvrir de toiles d'araignées

- digevnidan = enlever les toiles d'araignées.

Mais ça, vous ne trouverez dans aucun dictionnaire !

Il n'y a que la Mémoire populaire pour le faire savoir.

JCE :)

MessagePosté: Jeu 01 Mar, 2007 16:44
de Taliesin
comme quoi il n'y a pas besoin des chimistes de Preder, Termbret et autres pour créer des mots en breton : il suffit de connaître le système et l'esprit de la langue.

Mais digevnidañ est quand même dans le dictionnaire : dans celui de Favereau et dans celui d'Al Liamm.

MessagePosté: Jeu 01 Mar, 2007 19:11
de kado
Toutes les réponses et les éclairages donnés ci-dessus me sont très utiles et croyez-moi, hautement appréciés :)

Mersi bras mille fois. Non seulement vous éclairez mes questionnements mais de plus, chaque réponse met en relief ici la liberté que possède le breton, tel celui de Maria Prat, de s'affranchir des conformismes les plus guindés en cours ailleurs. Vos connaissances sures et diverses sont un vrai bonheur pour l'apprenant que je suis.

Comme dit l'adage de JCE, "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu". Si mes lectures me portent vers Maria Prat, entre autres, c'est justement parce que je ne peux me contenter d'une langue qui ne serait que monolithique, académique et pleine de poncifs. Aucune langue vivante ne possède ces attributs-là, sauf si c'est une langue morte.

"Dreinied" ainsi écrit par Maria Prat, et avec vos commentaires, me donne une vraie leçon sur la nature profonde et belle d'un breton vivant. Et j'aime apprendre.

Merci encore :)

Kado.

MessagePosté: Ven 09 Mar, 2007 22:22
de Gildas C
Pourriez-vous me dire si le dictionnaire de vannetais, breton-français de Pierre de Châlons (1723) peut toujours être utile pour le breton parlé d'aujourd'hui où la langue a-t-elle pas mal changé depuis lors et ce dictionnaire est surtout un outil pour les linguistes? Merci pour toute information et bon week-end.

Gildas

MessagePosté: Mer 14 Mar, 2007 11:57
de Rónán
Oui il peut toujours être utile, et non la langue n'a pas beaucoup changé depuis! :D

MessagePosté: Mer 14 Mar, 2007 15:23
de Gildas C
Que penses-tu de ce dictionnaire, il est riche en vocabulaire et en expressions? Il est très cher.

MessagePosté: Mer 14 Mar, 2007 22:58
de Rónán
Attends d'être de passage en Bretagne et essaie de l'emprunter dans une bibliothèque, et à ce moment-là, photocopie-le... Y a pas d'exemples de phrases dedans, seulement des mots. Je t'envoie des détails par message privé.

MessagePosté: Mar 20 Mar, 2007 20:32
de kado
Salut deoc'h

Dans la suite de la question de Gildas.

J'ai récemment fait l'aquisition de deux vieux livres chez un bouquiniste qui possède une petite étagère de livres écrits en breton.

Le premier s'intitule :

Vocabulaire Breton-Français et Français-Breton par A.Guillevic et P.Le Goff, date d'édition 1907 (Lafolye Frères, Vannes)

Le second :

Imitasion Jézus-Krist pé Jézus-Krist skuir er Gristénion (Lakeit é Brehoneg guened get en Eutru P.Bellec a Velrand) Mollet é ti en Eutru Normand a Hennebont. (la date d'édition est 1905).

Je sollicite votre avis sur la qualité linguistique de ces deux ouvrages et particulièrement sur le second car je n'ai trouvé aucune référence sur l'auteur.

Mersi Bras deoc'h.

K.

MessagePosté: Jeu 22 Mar, 2007 12:01
de Rónán
Je voudrais des infos sur le premier, le dictionnaire: combien de pages a-t-il? Y a-t-il des exemples de phrases et d'expressions dedans?

Aucun doute sur la qualité linguistique de ce dictionnaire: les auteurs sont des spécialistes. Mais je voudrais savoir s'il pourrait m'être utile donc si ca vaut la peine que je le recherche.

Merci :)

MessagePosté: Jeu 22 Mar, 2007 19:19
de kado
Setu for you Ronan

106 pages + 2 pages pour la préface et 2 pages d'errata.

Il y a des exemples de phrases et expressions autant dans la partie Breton-Français que dans la partie Français-Breton.

ex:
dré hir gortoz > à force d'attendre / kavet un tu ag un dra benak > trouver le moyen de venir à bout de quelque chose

faire le brave > gober é bautr / chien de garde > kikolvek

K. :)