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LES verbes être dans les langues celtiques

MessagePosté: Mar 25 Mar, 2003 1:04
de Rónán
Suite de la discussion sur le verbe etre dans les langues celtiques modernes, commencée sur le sujet "forums de langues celtiques, snif". :D


Voici les systemes comparés des verbes etre en breton, gallois et irlandais. Pour une fois, c’est l’irlandais qui est le plus simple :D



Localisation:

Sujet placé avant : Ar c’hi ZO en ti. / Y ci SY yn y ty. / Is é an madadh ATÁ sa teach.

Sujet placé après: En ti EMAÑ ar c’hi. / Yn y ty y MAE’r ci. / (Is) sa teach ATÁ an madadh.

Négatif: Ar c’hi n’EMAÑ ket en ti. / Nid YDY y ci ddim yn y ty = Y ci SY ddim yn y ty. / NÍL an madadh sa teach. (níl est la forme négative de tá).


Présence (sujet indéfini):

Sujet avant: Ur c’hi ZO en ti. / Ci SY yn y ty (je suis pas sur de cette phrase!) / TÁ madadh sa teach.

Sujet après: En ti ez eus ur c’hi = En ti ZO ur c’hi. / Yn y ty y MAE ci. / (Is) Sa teach (A)TÁ madadh.

Négatif: N’EUS ket a gi en ti. / Nid OES dim ci yn y ty. / NÍL aon mhadadh sa teach.


Caractéristique:

Sujet avant: Ar c’hi ZO bihan. / Y ci SY’n fach. / TÁ an madadh beag.

Sujet après: Bihan EO ar c’hi. / Bach YW ‘r ci. / Is beag (ATÁ ) an madadh.

Négatif: Ar c’hi n’EO ket bihan. / Y ci SY ddim yn fach. / NÍL an madadh beag.

Identification (prédicat défini)

Sujet avant: Médor EO ar c’hi. / Médor YW ‘r ci. / -

Sujet après: Ar c’hi EO Médor. / Y ci YW Médor. / IS é Médor an madadh.

Nég. Ar c’hi n’EO ket Médor. / Dim Médor YW’r ci. / NÍ hé Médor an madadh.


Identification (prédicat indéfini)

Sujet avant: Médor ZO ur c’hi. / ---- (je pense)/ ------

Sujet après: Ur c’hi EO Médor. / Ci YW Médor. / IS madadh Médor.

Nég: Médor n'EO ket ur c'hazh. / Nid cath YDY Médor. / NÍ madadh Médor.

Habitude:
Sujet avant: An amzer a VEZ yen er goañv. / Y tywydd FYDD yn oer yn y gaeaf. / Is í an aimsir A BHÍONN(S) fuar sa gheimhreadh.
Sujet après: Er goañv e VEZ yen an amzer. / Yn y gaeaf y BYDD y tywydd yn oer. / (Is) Sa gheimhreadh A BHÍONN(S) an aimsir fuar.
Négatif: En hañv ne VEZ ket yen an amzer. / Yn yr haf ni FYDD y tywydd ddim yn oer. / Sa gheimhreach ní BHÍONN an aimsir fuar.



Boñ, je viens de me rendre compte que la syntaxe galloise c’était pas mon truc, j’ai dû vérifier plein de trucs, et d’ailleurs j’ai pas tout trouvé... Je précise que la syntaxe de la copule IS (copule = forme du verbe e^tre utilisée pour dire x=y: Médor est un chien c’est à dire Médor=chien, etc ) en irlandais, c’est un truc à se flinguer. Ceux qui veulent apprendre l’irlandais, allez y doucement avec ca sinon vous allez être découragés :D.


Rónán. :)

MessagePosté: Mar 25 Mar, 2003 1:16
de Rónán
Pour permettre aux bretonnants de gouter un peu à mon dialecte (vannetais)(vais rendre la politesse à Jean-Claude, qui m’a donné les formes de son pays :) ), voici les memes phrases chez moi. En “phonétique”:

Localisation:
Er hi zo én ti.
én ti ‘ma’r hi. (én ti emañ ar c’hi)
Er hi ‘ma tchet én ti. (tchet = ket, je précise au cas où :D )

Présence:
ur hi zo "n ti.
"n ti zo ur hi.
‘D eus ch’ a dji én ti. (en orthographe unifiée: nend eus ket a gi én ti. Au cas où, je c que c pas évident :D)

Caract.
Er hi zo bihan.
Bihan é er hi = bihan ‘ma ‘r hi (bihan emañ ar c’hi. Eh oui !!! :D)
Er hi ‘d é tche’ bihan. (Ar c’hi nend eo ket bihan) = er hi ‘ma tche’ bihan (ar c’hi n’emañ ket bihan :D)

Identif. (préd. déf)
Médor é er hi.
Er hi é Médor.
Er hi ‘d é tche’ Médor.

Identif. (préd. indéf.)
Médor zo ur hi.
ur hi é Médor.
Médor ‘d é tched ur hah.

Habitude.
En amzir ‘vé yein ér gouiañ.
ér gouiañ ‘vé yein en amzir.
én hañ ‘vé tche’ yein en amzir.



Setu penaos 'vez koñzet du-mañ !!!!

Ken ar c'hentañ paotred :)


Rónán :D

MessagePosté: Mar 25 Mar, 2003 9:53
de Marc'heg an Avel
suite :

texte de Rónán : "En amzër ‘ùé yein bar gouiañ".

c a d : le temps est froid en hiver.

variante entendue par moi-meme (klevet ganin ! en breton dans le texte) :

An amzer a gustumm be(z)han yen er gouanv.

en anglo-qaxon : Weather use to be cold in winter !

... met, sur eo hag eo yen an amzer kouls ar gouanv !

... mais, c'est sur que le temps est froid durant hiver !

Oh ye !

JC Even :)

MessagePosté: Mar 25 Mar, 2003 23:08
de Pierre
Demat tertous :D

Très interressant.

Mais petit détail, si en français le verbe être est indissociable du verbe Avoir.

Le verbe avoir n'existe pas en gaélique. Qu'en est-il pour les autres langues celtiques. :?:

Essayez d'imaginer que le verbe "avoir", n'existe pas. Comment dire "j'ai de la chance".

"Etre" devient de ce fait incontournable. Faites l'expérience "pas d'avoir dans le texte". C'est pire qu'un ni oui ni non.

@+Pierre :D

MessagePosté: Mer 26 Mar, 2003 2:52
de Rónán
Demat tertous

tertous?????? ca me fait irrésistiblement penser à tartouz, des mites. Debret d’an tartouzed= bouffé aux mites :D Des insultes? :D

Très interressant.

Mais petit détail, si en français le verbe être est indissociable du verbe Avoir.


je sais pas si “indissociable” est le mot exact....... ce sont deux verbes différents qd meme !!!


Le verbe avoir n'existe pas en gaélique.

Yep. Enfin on utilise une périphrase.

Qu'en est-il pour les autres langues celtiques.

ben idem !!!!! En fait en breton et en cornique, le verbe avoir est un dérivé du verbe être (qch est à moi = j’ai), et l’infinitif est dérivé du verbe “trouver” ou “obtenir”. En gallois, le verbe avoir combine, selon le temps, la forme du verbe etc, à la fois des formes du verbe être et des formes du verbe “obtenir”.
Dans les 3 langues gaéliques, on a “qch est à moi” = j’ai.

Exemple: j’ai un chat

Breton: ur c’hazh am eus. am = pronom (= à peu près “à moi”), eus = forme du verbe etre (ce dans “bez ez eus”= il y a.). Note que qd il s’agit de dire “est-ce que tu as la clé” si la clé ne nous appartient pas, on dit dans ce cas “an alc’hwez zo ganit”? (la clé est avec toi?) alors que le verbe “avoir” (kaout) signifie qd meme posséder.

Cornique: Cath a’m bus. Exactement comme le breton sauf que le cornique n’a pas d’article indéfini...

Gallois: Mae cath gyda fi. Est un chat avec moi. En gallois on a un autre verbe “avoir” qui signifie plutot obtenir ou recevoir: cael. Genre “j’ai eu des chocolats à Noel”: > j’ai reçu...


Irlandais: tá cat agam. Est un chat à moi.

Gaélique d’Ecosse: tha cat agam. Idem

Manx: ta kayt aym. Idem.

Comme en gallois, dans les langues gaéliques on utilise le verbe recevoir qd le verbe avoir a ce sens. J’ai eu une mauvaise note > j’ai reçu une mauvaise note.


Gaulois : aucune idée, mais ca devait sans doute etre pareil. faudra que je demande à mon grand-père. Nan je déconne, il parle pas gaulois :D Traumatisme à l’école qd il était petit, puni qd il parlait gaulois dans sa classe, alors il a tout oublié. Nan j’deconne :D




Essayez d'imaginer que le verbe "avoir", n'existe pas. Comment dire "j'ai de la chance".

Ben on parle gaélique et on dit “tá an t-ádh orm” = la chance est sur moi.


"Etre" devient de ce fait incontournable. Faites l'expérience "pas d'avoir dans le texte". C'est pire qu'un ni oui ni non.

En irlandais littéraire on peut se passer de verbe etre et de verbe avoir... Cf la razzia des vaches de Cooley, a quel point les phrases st raccourcies ! Souvent le verbe etre est sous-entendu (comme en russe).

J’ai un chat = cat agam (chat à moi)
Je suis fatigué = mé tursach (je fatigué)
(exemples en irl moderne, hein :) )

Y a des exemples de ce genre de phrase dans Aislinge Óenguso, d’ailleurs. Je vous en trouverai. :)

Ouais je sais, c’est un peu délirant. Ca revient un peu à se parler comme ca:
“va?”
“bien. Toi?”
“va”.
“où?”
“fac. Toi?”
“courses.”
“plus!”
“plus!”

Ca économise de la salive et on gagne du temps :D :D :D.


Note: Ok on peut utiliser une périphrase pour un verbe avoir conjugué, mais comment faire pour l’infinitif?
“J’aimerais avoir un chat”.
Breton > une forme du verbe obtenir. (Kariñ ‘rahen kaout ur c’hazh) Voire une forme du verbe etre aussi (en haut-vannetais)(kariñ ‘rahen am bout ur c’hazh). Voire carrément le verbe être tout seul, dans certains dialectes du haut-vannetais: on comprend avec le contexte que la personne n’a pas envie d’etre un chat mais d’en avoir un :D

Cornique > On utilise l’infinitif du verbe recevoir/ obtenir à la place (cafos).

Gallois > infinitif du verbe obtenir (cael)

Irlandais > la meme périphrase que quand le verbe est conjugué (ca fait très lourd, je sais!) > ba mhaith liom cat a bheith agam. (je voudrais un chat être à moi.............)

Gaélique d’Ecosse > idem, pê que l’on peut aussi utiliser l’infinitif d’obtenir (faighinn/faotainn) parfois.

Manx > Idem, mais je pencherais plus sur l’usage généralisé de l’infinitif du verbe obtenir (geddyn), c’est pas le genre du manx de faire ce genre de périphrases :D

Je vous assure qu’en irlandais, on s’habitue vite à dire “ba bhreá liom an leabhar sin a bheith agam”= j’aimerais que ce livre soit à moi” :D


Des questions sont à toi? :D

Rónán :)

MessagePosté: Mer 26 Mar, 2003 3:10
de Rónán
J'ai trouvé un exemple !!!!!!!!!!! :)


§ 6. (...)`Scéla lib?' ol Bodb. `Atáat linni : (...)

= (...)" Avez-vous des nouvelles ? ", dit Bodb. " Nous en avons : (...)


Scéla lib (ortho moderne “scéala libh?”)? = des nouvelles avec vous?
Atáat linni (orth mod “táid linne”). = elles sont/il y en a avec nous.

Remarquez que là on utilise la préposition “la” (moderne “le”)= avec au lieu de la préposition que l’on a en irlandais moderne “ag” (vieil-irlandais “oc”).
Faudrait trouver d’autres exemples... Car cet usage de “la” me rappelle la tournure moderne “an bhfuil mála leat?” = y a t-il un sac avec toi?” qui signifie en fait “as-tu amené un sac?” et non pas “possèdes-tu un sac?”. Ici dans Aislinge Óenguso c’est plutot “ramenez-vous des nouvelles?”, donc ca n’est pas vraiment de la possession.
Faut trouver d’autres exemples. On devait deja utiliser “oc”/”ag” à l’époque...

Bon je viens de regarder dans mon dico, c’est pas super clair, ca pouvait se dire mais le paragraphe est pas long: il devait y avoir d’autres facons, sans doute.

Ah voila g trouvé d’autres exemples sous “la”. En fait, on utilisait majoritairement “la”, a l’epoque, pour la possession: avec le verbe etre “attá”, avec la copule “is” ou meme sans rien. Un chat avec moi = j’ai un chat.
Voila. Grâce à vous j’ai appris qch, merci :D.


Rónán :)

MessagePosté: Mer 26 Mar, 2003 3:15
de Rónán
Remarque sur ce qu'a écrit Pierre
"c'est pire qu'un ni oui ni non".

Le jeu du ni oui ni non ca marcherait pas dans les langues gaéliques, et pas trop en gallois, car dans les unes, la réponse oui ou non dépend du verbe de la question (on reprend le verbe: "tu as fait? - j'ai fait/j'ai pas fait."), dans l'autre la réponse dépend du temps du verbe notamment (et souvent de la personne).

(En vieil-irlandais on avait un oui et un non par contre, c'etait des formes du verbe etre: "est"/ "n'est pas", quel que soit le verbe de la question. Pourquoi maintenant on se complique la vie, je l'ignore. En tt cas ca fait bien ch*** :D)

Au moins on est surs que ca n'est pas un jeu d'origine celtique :D




Rónán :D

MessagePosté: Mer 26 Mar, 2003 9:57
de Marc'heg an Avel
Salut,

Voici un exemple : " j'ai froid".

En anglais : I am cold ! = je suis froid.

En breton :

- avec le verbe avoir : Yen am'eus = froid j'ai.

- avec le verbe etre : Yen a zo ganin = froid est avec moi.

En contrepartie : "j'ai chaud"

- avec le verbe avoir : "Tomm am'eus" = chaud j'ai.

- avec le vberbe etre : "Tomm a zo ganin" = chaud est avec moi.

Qui donc n'aime pas la variété ?

Rónán : qu'en est-il d'avoir froid ou chaud dans les autres langues ?

JC Even :)

MessagePosté: Mer 26 Mar, 2003 21:09
de Rónán
*Yen 'meus et *tomm 'meus, c'est pas du breton, c'est du français traduit, si je peux me permettre...

Y a qu'a réfléchir: en francais le mot chaud et le mot froid, sont à la fois adjectifs et noms. Le chaud, le froid, thé chaud, thé froid.
EN breton, tomm et yen sont seulement des adjectifs.
On ne peut pas dire *"j'ai grand" ni *"bras am eus", donc on ne peut pas dire *"yen 'meus".
Il faut donc dire anoued 'meus ou riv 'meus, yen eo din, tomm eo din etc.

Je sais que certains disent "yen 'meus" et "tomm 'meus", mais c'est du francais traduit et non du breton. C'est des horreurs, il faut absolument pas dire ca :D. Jean-Claude, ta grand-mère ne disait pas ca, j'en donnerais ma main à couper.
La suite plus tard, pour les autres langues celtiques :)

Rónán :)

MessagePosté: Mer 26 Mar, 2003 23:48
de Pierre
Demat Rónán,

Tertous, din min coin ch'est point eune insulte. :lol:

Ch'est comme chi qu' tu me disot "Kenavo". :D

Bien vu, la perche sur le ni oui ni non, tu as précédé ma question :D

Petite question "Esan". Il y a un blème, ou est-ce une des exceptions :?:

@+Pierre :D

MessagePosté: Jeu 27 Mar, 2003 0:04
de Marc'heg an Avel
Rónán : tu es un puriste, et c'est très bien. L'en faut !

Pour ma part, je ne suis pas linguiste, et ma grand-mère l'était encore moins (Doue d'hi bardonno ! n'est ce pas).

S'il est vrai que les formes : "yen eo din, tomm eo din" , que je connais effectivement, sont meilleures que celles que j'ai données, mais que tu avoues connaitre, cela ne fait que démontrer l'évolution de la langue bretonne en fonction de son environnement.

Il n'est pas prouvé que cette évolution ait fonctionné partout de la meme manière.

Il se trouve qu'en Trégor, il y a eu beaucoup de marins de peche, de commerce, et de guerre. Ils ont donc été constamment en contact avec des gens d'ailleurs, de langue gallèse, de dialectes normands, d'anglais, d'espagnol, etc.

Il est donc probable qu'ils ont adapté leur langage originel à leur environnement en intégrant des mots et des formules étrangers, ... comme ils l'ont fait pour leurs habitudes vestimentaires.

Les Français se défendent du meme probleme en disant que cela démontre que la langue est vivante, puisqu'elle peut s'adapter ... meme si cela fait hurler les puristes;

Il en est donc de meme pour le breton, et il faut espérer qu'elle pourra encore longtemps s'adapter et intégrer, car ce sera la preuve qu'elle sera toujours vivace.

Quand elle ne le pourra plus, cela voudra dire qu'elle sera morte ou sur le point de l'etre !

************

Pour la forme : "tomm eo din", cela signifie en effet : j'ai chaud (au point de vue température).

Mais quand on dit :

- " Tomm am eus bet", cela veut dire aussi : j'ai eu chaud, c'est à dire : je l'ai échappé belle.

- "Tomm a zo bet ganin" : j'ai eu chaud ( ... aux fesses).

En fait, si ces formes sont probablement des traductions de français ( ... qu'aucun Français n'aurait capable de reconnaitre), cela veut dire qu'elles s'ajoutent aux formes bretonnes authentiques, et démontrent que la langue bretonne, en plus de posséder des formules qui lui sont propres, est capable d'intégrer, en les traduisant, des formules hétérogènes qui, en fin de compte, ne sont comprises que par les Bretons eux-memes, et finissent donc par devenir des formules bretonnes elles-memes.

**********************

Mais, attention aux bretonnants de ce forum : à force de parler de la langue bretonne de cette façon, nous allons finir par passer pour des Martiens du troisième type !

JC Even :D :D :D

MessagePosté: Jeu 27 Mar, 2003 1:59
de Rónán
Pierre >

kenavo ca veut dire au revoir... si tertous signifie au revoir, pourkoi tu l’utilises en début de post???

>“Petite question "Esan". Il y a un blème, ou est-ce une des exceptions ”

rien capté !!!!! qu’est-ce que tu veux savoir?


Jean-Claute :D>


Rónán : tu es un puriste, et c'est très bien. L'en faut !

pas si puriste que ca... à mon sens “yen ‘meus” c’est pire qu’une faute de grammaire, c’est ne pas savoir que “yen” est un adjectif.......


Pour ma part, je ne suis pas linguiste, et ma grand-mère l'était encore moins (Doue d'hi bardonno ! n'est ce pas).

S'il est vrai que les formes : "yen eo din, tomm eo din" , que je connais effectivement, sont meilleures que celles que j'ai données, mais que tu avoues connaitre, cela ne fait que démontrer l'évolution de la langue bretonne en fonction de son environnement.


à mon avis “yen ‘meus” c’est très récent... ca doit avoir à peine 20 ans à mon avis. Je me demande meme si ca n’est pas apparu avec les écoles Diwan. C’est tout à fait le genre.


Il n'est pas prouvé que cette évolution ait fonctionné partout de la meme manière.

cette phrase n’est pas généralisée, je suis persuadé que bcp de bretonnants diraient que c’est archifaux.


Il se trouve qu'en Trégor, il y a eu beaucoup de marins de peche, de commerce, et de guerre. Ils ont donc été constamment en contact avec des gens d'ailleurs, de langue gallèse, de dialectes normands, d'anglais, d'espagnol, etc.

Sous l’influence de l’anglais, on aurait pas eu ca, on aurait eu “yen on”, qui n’aurait pas été tellement faux: c’est ce qu’on dit dans les langues gaéliques.


Il est donc probable qu'ils ont adapté leur langage originel à leur environnement en intégrant des mots et des formules étrangers, ... comme ils l'ont fait pour leurs habitudes vestimentaires. [i]

Les Français se défendent du meme probleme en disant que cela démontre que la langue est vivante, puisqu'elle peut s'adapter ... meme si cela fait hurler les puristes;

[i]Il en est donc de meme pour le breton, et il faut espérer qu'elle pourra encore longtemps s'adapter et intégrer, car ce sera la preuve qu'elle sera toujours vivace.

Quand elle ne le pourra plus, cela voudra dire qu'elle sera morte ou sur le point de l'etre !


pas de probleme pour ca. Je sais bien que les langues évoluent. Le fait de dire “en em walc’hiñ a ran” aurait été percu comme une horreur par un locuteur de moyen-breton, à l’époque on disait (orth modernisée) em em walc’hiñ a ran, ez em walc’hiñ a rez, en em walc’hiñ a ra, hec’h em walc’hiñ a ra, hon em walc’hiñ a reomp......... etc.

Mais dans le cas précis de “yen meus”, le mot yen change de nature grammaticale, en fait ca vient du fait que la phrase francaise est mal comprise (on prend le substantif pour un adjectif), et en plaquant on met un adjectif là où on ne peut pas en avoir.
J’avais un exemplaire du boukin de Kerrain “ni gomz brezhoneg gwell pe well”, qui regroupe les fautes faites le plus fréquemment par les néo-bretonnants. Honnetemnt, il y en a que les brittophones de naissance font, alors faut pas exagérer non plus dans le purisme. Mais à mon sens, “yen ‘meus” c’est qd meme ce qu’on peut faire de pire, pour moi ca n’a aucun sens. C’est du meme acabit qu’une faute entendue par une amie à moi dans les couloirs d’une école Diwan “ur pegus” pour dire “un collant”. Exactement le meme genre de faute: on a en francais un substantif qui a la meme forme qu’un adjectif, on fait en breton comme si c’etait pareil, autrement dit comme si tous les homonymes en francais etaient aussi homonymes en breton.
Un autre exemple extreme que j’invente:
télé se dit skinwel
copie (feuille blanche) se dit follenn.
On pourrait inventer pourkoi pas “skinwelfollenn” pour dire télécopie !!!!!!!!! Ca ne veut rien dire, mais après tout ca n’est pas pire que “yen meus” ou “ur pegus”.

Je trouve qu’il y a des limites aux innovations quand meme. Il ne faut pas excuser toutes les fautes au nom de l’innovation... Quand il y a des innovations en francais ou en anglais, ca n’est pas (je pense) parce que les locuteurs de francais ou d’anglais parlent mieux une autre langue, laquelle influence leur francais ou leur anglais. Les innovations en francais ou en anglais ne viennent pas de fautes de débutants, alors je pense qu’il faudrait éviter d’accepter tout. A vrai dire je prefere encore que l’on dise “ur c’hollañ” que “ur pegus”.





************

Pour la forme : "tomm eo din", cela signifie en effet : j'ai chaud (au point de vue température).

Mais quand on dit :

- " Tomm am eus bet", cela veut dire aussi : j'ai eu chaud, c'est à dire : je l'ai échappé belle.

- "Tomm a zo bet ganin" : j'ai eu chaud ( ... aux fesses).

En fait, si ces formes sont probablement des traductions de français ( ... qu'aucun Français n'aurait capable de reconnaitre), cela veut dire qu'elles s'ajoutent aux formes bretonnes authentiques, et démontrent que la langue bretonne, en plus de posséder des formules qui lui sont propres, est capable d'intégrer, en les traduisant, des formules hétérogènes qui, en fin de compte, ne sont comprises que par les Bretons eux-memes, et finissent donc par devenir des formules bretonnes elles-memes.


pour ce que tu as donné, moi j’aurais dit “toemm eo bet din”, “toemm eo bet da ma revr”.

En fait on dit “tapet ‘meus un tomm” (j’ai pris un coup de chaud), et “war an tomm” (heu... à chaud? je c pas comment traduire), mais dans ce cas il y a un article, ca n’est pas du tout pareil. Alors que “tomm ‘meus”, sans article c’est flagrant que c’est du francais plaqué (et mal analysé). Si ca avait été une phrase bretonne je pense qu’on aurait eu un article bennak :D.


Pour les autres langues celtiques, pas d’anglicisme à deux centimes d’euro (ou à deux pence, pour manx, gaélique d’Ecosse, cornique et gallois ;) )


Irlandais: tá mé fuar (je suis froid) ou tá fuacht orm (il y a du froid sur moi)

Gaélique d’Ecosse et Manx: pas trouvé dans mes dicos mais y a fort à parier pour que ca soit pareil. Genre tha mi fuar en GE et ta mee feayr en Mx.

Gallois : rw i ‘n oer (je suis froid), rw i ‘n teimlo ‘n oer (je me sens froid).

Cornique: yth esof owth omsensy yeyn (je suis en train de me sentir froid :D). Mmmm a mon avis celle-là a été calquée sur l’anglais (I feel cold), parce que ca m’etonnerait qu’une langue indo-eur fasse une proposition si longue pour une phrase si courante !!!!!! Je pense que si l’on dit “yeyn of” (yen on, en breton), ca doit aller aussi bien!

Voila.




Note: j’aime pas Ernest Renan, mais bon on est pas là pour parler politique. :D


Rónán

MessagePosté: Jeu 27 Mar, 2003 7:26
de Pierre
Demat Rónán, :D

Non, Tertous ne veux pas dire bonsoir, mais à tous. Salut tertous, c'est bonjour à tous, on s'en sert aussi pour dire au revoir. Je voulais dire que ce n'est pas plus impoli que Kenavo. :D

ESAN, n'est-il pas une des formes interrogatives du verbe être en Gáidhlig. :?: Pourtant Le S est entouré d'une slender et d'une broad, est-ce normal :?:

ex: An esam Peadar? Mais je me demande si "An" pour "est" et "esam" pour "ce". C'est flou, Am--->An, ou Am---->Esam?

@+Pierre.

MessagePosté: Jeu 27 Mar, 2003 10:04
de Marc'heg an Avel
Salut, Rónán.

Je sais que c'est agaçant ! Mais assurément ça le serait déjà moins s'il n'y avait plus de langue bretonne, ni parlée ni écrite.

Donc, une forme pure aurait été : "Tapet am eus riv" : j'ai attrapé froid,

et une forme hybride, issue d'une 'mauvaise' traduction, a donné " tapet am eus yen".

Et je peux te garantir que j'ai entendu les deux façons de le dire.

Ceci dit, je pense avoir comme toi des réserves vis a vis de DIWAN, à laquelle je n'ai pas adhéré et où je ne pense pas etre en odeur de sainteté.

Je n'aime pas la grande majorité des néologismes que cette école propose et enseigne.

Par exemple, je n'aime pas poblek = populaire. Je préfère : d'eus (diouzh) ar bobl = du peuple.

... et tous les autres néologismes en -ek.

Je n'aime pas non plus des formules comme : "Siferniet on" = je suis enrhumé.

Je préfère : "tapet am eus ur sifern" = j'ai attrapé un rhume.

En Trégor, j'ai meme entendu : " Tapet am eus an ifern", altération apparente du précédent, mais qui peut curieusement dire : "J'ai attrapé (un rhume) d'enfer" ! ( sifern = rhume; ifern = enfer !)

Enfin, et pour terminer cet envoi, à propos de l'évolution d'un adjectif en nom commun, je te rappelle un échange précédent à propos du mot français : frite, ce mot désignant, à l'origine, un morceau de pomme de terre passé à l'huile bouillante, donc : frite DANS l'huile bouillante, ce qui est un adjectif, et qui est devenu, en langage commun : une frite, un nom commun.

Donc, en langue française, cette évolution existe aussi. Ce n'est pas du purisme, c'est sur, mais ça n'est pas un crime non plus.

à +

JC Even :)

MessagePosté: Jeu 27 Mar, 2003 10:27
de Patrice
din min coin ch'est point eune insulte.


C'est marrant, on dirait presque du parler t'cheu mouais! Sauf qu'on aurait dit "Dans meun coin, st'est point eune insulte." ou un truc dans le genre.

Par chez moi on s'est emparisiané très tôt! Ben ouais, on vendait des vaques et des canasses et de melons aux Parisiens. Et pis y'a ben fallu qu'y viennent t'cheu nous, dans leurs colonies, qu'y d'saient, Trouville, Deauville, tout ça. Et pis comme les Augerons ont des oursins plein les pouques, ça les a ben arrangés. Y se sont point muchés pour s'vendre. Ben ouais, men bonhomme, c'est comme ça.

A+

Patrice, qui pète les plombs, dialectalement....