Demat Rónán,
Ok, j'ai digéré . Mais
si, aí, aío, ao, aoi, ío, oí, uí. Sont des I longs. Qu-est ce qui conditionne leur utilisation. Pareil pour mh et bh. Pourquoi "caoimhin" et pas "caobhin" ou "cuímhaíon".
Il y a bien une raison
@+Pierre
Bon... t’es sur que tu as digéré???????
Bon alors
j’espique... Ta remarque est bonne
.
Commencons par le plus simple: mh et bh.
premiere chose: étymologiquement, bh vient d’un b, et mh d’un m. En irlandais archaïque (a l’époque des oghaim! voire avant), le m se prononcait m et le b se prononcait b. Puis, peu à peu, en milieu de mot, en fin de mot, ces consonnes ont muté (ttes seules
) et ont commencé à se prononcer v nasalisé (pour le m) et v pour le b. En irlandais jusqu’a la fin du XIIe siecle, voire plus tard, on a continué a ecrire ces consonnes m et b, comme si de rien etait, mais ca se prononcait toujours v nasalisé et b nasalisé. Puis à un moment, on a décidé d’indiquer cette différence dans l’écriture, on a mis des points sur les consonnes “mutées”. Et plus tard encore (XXe siecle), on a abandonné l’écriture gaélique et son tas de points, pour mettre des h apres ces consonnes, d’où les
mh et les
bh... (note > en breton, sans vergogne, on a carrément écrit v à la fois le m et le b muté, du coup aujourd’hui la lettre originale n’est plus évidente ! en irlandais si.)
En plus d’une raison étymologique, il faut préciser que ces mh et bh notent des mutations
permanentes en milieu ou fin de mots, mais aussi des mutations INITIALES celles-ci n'apparaissant pas toujours, étant liées à la syntaxe, c’est à dire souvent au mot qui précède. Bean = femme.
An bhean = la femme. etc. Donc on n’allait pas écrire “*an mhean”, meme si ca se prononce pareil, car le mot original ne serait pas reconnaissable par écrit; (Note que la aussi, pour le breton et le gallois faut se débrouiller tt seul, si un mot commence par v/f (en gallois) issu de mutation, faut chercher dans le dico à b et à m pour etre sur, alors qu’en gaélique on sait tt de suite. Comme quoi en gaélique y a qd meme une LOGIQUE ! eh oui !
)
Enfin, à l’origine, il y avait une difference dans la prononciation de mh et de bh: mh etait nasalisé, bh ne l’était pas. La nasalisation de mh tend à disparaitre sous influence de l’anglais (où il n’y a pas de nasalisation), mais les anciens continuent à la prononcer.
Un exemple: les deux mots
dubh (noir) et
domh (à moi, pour moi) se prononcent ts les deux “
dou” dans le Nord, mais le second a un “ou” nasalisé, pas l’autre...
bhuín n’est pas nasalisé,
mhaoin l’est.
En fait c’est surtt le mh broad qui est nasalisé (et la voyelle suivante), le mh slender ne l’est presque plus. Il n’y a plus de différence a l’oreille (ou très peu) entre
mhí et
bhí.
(Note: cette nasalisation est restée aussi en breton en dehors des mutations initiales. Comparer vieux-breton
hamal= semblable, qui a donné en vannetais moderne
hañval, et le vieux-breton
abal= pomme, qui a donné en breton moderne
aval..... En gallois et en cornique, il n’y plus de trace de nasalisation depuis très longtemps.)
En bref, si
Caoimhín ne s’ecrit pas *
Caoibhín (qui n’aurait aucune différence ds la prononciation, car comme g dit, les bh/mh slender ne sont plus differenciés), c’est parcequ’en vieil-irlandais ca s’écrivait genre
Cóemín, donc avec un M.
Ca vient de
cóem (moderne:
caomh) qui signifie “doux”, “gentil”. En gallois on a le correspondant
cuf, en breton
kuñv...
Les groupes de voyelles (pas une mince affaire
):
Bon, déja, ce qu’il faut savoir c’est qu’en gaélique il y a deux sortes de consonnes liées à deux sortes de voyelles. Une sorte de voyelle comprend é, í, e et i. Les consonnes qui se trouvent à proximité sont palatalisées (on dit “
slender” en anglais), c’est à dire qu’en général ces consonnes sont prononcées plus vers le palais et suivies d’un genre de “yeu”. Un exemple du meme son en anglais: tune aurait un t slender, cue aurait un c slender, etc. Pour certaines consonnes ca n’est pas une palatalisation mais plutot que l’on tire les lèvres vers l’arrière qd on les prononce (comme si l’on souriait): c’est le cas de m, b, p... etc.
L’autre groupe de voyelles comprend á, ó, ú, a, o ,u. Les consonnes à proximité st vélarisées (=suivies d’un court son de “gamma” grec moderne ou de g espagnol dans
agua; ca sonne un peu comme un r francais... en simplifiant), sauf les consonnes labiales (b, p, m, f, ph, mh, bh) qui sont bilabialisées (= suivies d’un w bref). Ces consonnes st dites “
broad” en anglais.
Alors tu vas me dire “ et si y a un
i d’un coté de la consonne et un
a de l’autre?”
Justement, ca n’arrive pas en irlandais (sauf dans le cas, rare, de certains mots composés), en irlandais poderne et en gaélique d'Ecosse moderne on ne peut avoir dans l'ecriture, avant et après une consonne ou un groupe de consonnes, que soit deux voyelles broad, soit deux voyelles slender. C’est pour ca qu’on a une tonne de voyelles qu’on ne prononce pas, et qui ne st là que pour montrer que la consonne d’a coté est slender ou broad...
Observe ces mots: scéalaíocht, oíche, rangannaí, seomra, bánú...
En divisant en groupes de consonnes et de voyelles: sc-éa-l-aío-cht. Le L du milieu ne peut etre encadré que par 2 voyelles broad ou deux slender mais *scéilaíocht est impossible par exemple.
oí-ch-e > le ch est encadré de 1 voyelles slender
s-eo-mr-a > le mr est encadré de 2 voyelles broad
b-á-n-ú > idem pour le n.
a-m-ai-d-ío-cht-aí > le m est encadré de 2 voyelles broad, le d de 2 slender, le cht de 2 broad...
*Caobhin et *cuímhaíon ne peuvent pas s’écrire car dans *caobhín on a d’un coté de bh un o (qui est “broad”) et de l’autre, un i, qui est slender. Si ca mot avait existé, on aurait été forcé de l’écrire
caobhaín ou
caoibhín en suivant le systeme (mais de ttes facons
caobhaín se prononcerait "
kiwin" et
caoibhín "
kivin"...)
Idem pour *
cuímhaíon, on a d’un coté un í et de l’autre un a: il aurait fallu écrire alors
cuímhín ou
cuíomhaíon. Ces mots n’existent pas, mais ne sont pas choquants par rapport au systeme orthographique de l’irlandais.
Dans
Caoimhín, le i du aoi ne sert qu’a montrer que le MH est slender (donc prononcé V).
Dans les adjectifs verbaux
briste (cassé) et
déanta (fait), le –e et le –a finaux respectifs se prononcent ts les deux pareillement ( un schwa, ecrivons-le "@", c'est un e la tete en bas en phonétique, c’est à dire le “e” francais dans “demain” etc), seulement dans
briste on a pris un e pour montrer que
st est un groupe slender, dans l’autre on a pris –a car le
nt est broad...
Briste se prononce “
brichty@”, déanta se prononce
“dyént@”.....
Ca va?
Après, si
aí, aío, ao, aoi, ío, oí, uí notent tous le meme son, c’est qu’étymologiquement ils viennent de groupes de lettres écrites differemment à une époque. Les groupes
aío, oí, notamment sont issus en général d’une simplification de l’orthographe ds les années 50. en fait:
aí peut venir d’une simplification de
aidhi,
aighi (qui se prononcait qd meme
aí, c’est à dire i long.)
Si on a un d ou un g c’est qu’en vieil-irlandais ces consonnes etaient prononcées, mais ne l’étaient plus depuis des siecles, mais on a continué de les écrire. Comme en francais, un tas de lettres qu’on entend pas !!!!!!!!! juste là pour emmerder les ptits écoliers
aío vient en general de
aidhea oui
aighea (le o et le a de
aío ne servent qu’a montrer que les consonnes avant et apres sont
broad)
ao est un ancien
ao,
áe ou d’autres diphtongues moyennes-irlandaises, ou parfois le raccourcissement de
aogha ou
aodha
aoi vient de
aoi,
aoidhi,
aodhai,
aoghai etc (dans
aoi, le i ne sert qu’a montrer que la consonne qui suit est slender)
ío vient en general de
idhea ou
ighea (dans ío le o ne sert qu’a montrer que la consonne qui suit est broad)
oí vient en general de
oidhi, oighi, aoidhe..... (dans oí, le o ne sert qu’a montrer que la consonne qui précede est broad)
uí de
uidhe, uighe... (dans uí, le u ne sert qu’a montrer que la consonne qui precede est broad)
aí, uí, oí se prononcent pareil et provoquent les memes choses sur les consonnes avoisinantes (broad avant, slender apres), dans ce cas la différence tient a l’étymologie, cf plus haut:
aí <aidhe, aighe, aidhi, aighi,
uí < uidhe, uighe, uidhi, uighi,
oí < oidhe, oighe, oighi, oidhi...
Exemples
(ancienne orthog>nouvelle ortho)
saoghal > saol
saoghail > saoil
claoidheadh > cloíodh
claidheamh > claíomh
Gaedhilge > Gaeilge
Goídel > Gaoidheal > Gael
oidhche > oíche
tighe > tí
tuighe > tuí...
Le –
ú de pas mal de noms verbaux est la simplification d’un –
ughadh........ (vieil-irlandais –ugad ou –ugud)... Ils ont fait des économies d’encre avec de genre de choses
Un exemple, le mot “eclipse” s’ecrivait
urdhubhadh avant, et
urú a present. Aucune difference de prononciation entre les deux............
(Si vous etes perspicaces, vous aurez remarqué que dans urdhubhadh, éclipse, il y a le mot "dubh"= noir, que l'on a mentionné tout à l'heure ! ben dans le "urú" moderne on ne le voit plus !!!
)
Je rappelle que toutes ces consonnes qu’on ne prononce pas, ont été prononcées à une époque assez ancienne (bon, en poésie on les prononcait encore au XVIIe siecle, mais seult en poesie !).
Urdhubhadh se prononcait /urðuvað/ en poésie par exemple, c’est à dire comme en vieil-irlandais. C’est une des raisons pour lesquelles on a gardé cette orthographe de DINGUE jusqu’aux années 50. Par tradition. Comme en francais, du reste...
Bon, j’espere avoir rien oublié. En tout cas, a présent vous voyez que l’orthographe gaélique ca n’est pas du n’importe koi exprès pour emm... le monde
, il y a des raisons étymologiques, orthographiques, phonétiques, etc etc. C’est un système logique, avec peu d’exceptions. Un système différent et qui n’existe pas ailleurs, mais un systeme logique qd meme. On peut pas en dire autant de l’orthographe du manx, mais ceci est une autre histoire
Si y a des questions.....
Rónán
(quand je pense qu’un jour je vais enseigner ca........
, ben déjà je vais l’enseigner a Anne à partir de cet été...)