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MessagePosté: Lun 10 Nov, 2008 3:03
de ejds
Rien ne va plus : un retoquage du rond ou de la "roue carrée" ? :?

Est-t-on à même de définir la signication exacte du type de croix pommetée ou bouletée, plus ou moins en perspective, en biais et en X, telle qu'on la retrouve sur les anciennes monnaies romaines, mais aussi allobroges (100 à 85 av. J.-C.) ou arvernes... , et communément définit comme une dégénérescence (?) de la roue :

numisfrance.free.fr a écrit:Mon médailler de monnaies romaines :

211-209 av. J.C.

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multicollec.net a écrit:Les monnaies allobroges "au capriné"

http://multicollec.net/1-mo-h/1h63.php

type B-2 Animal à droite aux cornes longues et queue baissée

Dessous l'animal : une roue à quatre rayons Image
Devant le museau : deux tiges

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type B-3 Animal à droite aux cornes longues et queue baissée
Dessous l'animal : une croix X (dégénérescence de la roue)
Devant le museau : deux tiges

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type B-4 Animal à droite aux cornes longues et queue longue relevée
Dessous l'animal : une croix X

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sacra-moneta.com a écrit:Monnaie gauloise : Statère Arvernes

GAULE CELTIQUE, Arverni, AV statère, Type à la lyre. Droit : Tête à gauche, les cheveux courts. X bouleté sur la joue. Revers : Cheval galopant à gauche. Dessous, lyre à trois cordes. Au-dessus de la croupe, X bouleté dans un carré linéaire.

http://www.sacra-moneta.com/monnaie-gau ... Senon.html

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e.

MessagePosté: Lun 10 Nov, 2008 22:26
de Kambonemos
Bonjour,

Au sujet de l'animal à longues cornes, plutôt qu'un animal fabuleux ou un caprin, pouvons-nous y voir un cheval équipé d'un chanfrein cornu ? Comme dans certaines représentations de chars de guerre brittones... :?:

Ce qui expliquerait la présence d'une roue même symbolique en dessous de l'animal...

@+

MessagePosté: Dim 23 Nov, 2008 18:56
de ejds
En premières recherches, à partir des monnaies romaines, les explications suivantes permettent d’apporter des explications sur les croix pommetées ou bouletées, plus ou moins en X, et, qui sont, au risque de s'y méprendre, bien plus pertinentes qu'une vague dégénérescence de la roue.

Monnaies romaines en X

Au deuxième siècle av. J.-C., Rome du subir les trois guerres puniques en Italie, Espagne et Afrique du Nord. Confrontée par les préoccupations et contraintes d’urgence occasionnées par la guerre contre Hannibal, le système monétaire romain reflétait les difficultés économiques et financières. Le coût des matières premières, comme les métaux, subirent cette inflation. Vers 213/212 av. J.-C., pendant la deuxième guerre punique (216-202), les Romains introduisirent un tout nouveau système monétaire basé sur une monnaie-étalon en bronze. L’unité était l’æs (as). Ses divisions sont le semis (moitié), le triens (tiers), le quadrans (quart), le sextans (sixième). Les multiples de l’as étaient le sestertius ou sesterce (2,5 as), le quinarius ou quinaire (5 as). Le denarius ou denier d’argent, dont le nom signifie dizaine, valait dix as.

C.H.V. Sutherland, dans son livre Monnaies romaines, Bibliothèque des Arts, 1974, p. 52, explique :
C.H.V. Sutherland a écrit:---[...] L’intérêt monétaire se porta sur l’argent dont une partie portait pour la première fois une marque de valeur (X) exprimée en asses en bronze : le denarius (à c. 4.5 g) était une pièce de 10 asses, accompagné de son demi, le quinarius (marqué V) et de son quart, le sestertius (marqué IIS). Sur le denarius et ses fractions, frappés dans un beau style et avec un relief bien modelé, les types étaient :

Dr. : Tête casquée de Roma ; X (=10) ou V ou IIS derrière.
Rev. Les Dioscures, avec des étoiles au dessus, à cheval avec leurs lances en arrêt ; ROMA.


Monnaies celtiques en croix ou X

Maintenant, qu'en est-il du même principe de marquage de valeur sur les pièces de monnaies celtiques ? Le chiffre romain X serait-il l’équivalent du decametos gaulois ? Les lettres ou chiffres grecs ou romaines, qui apparaissent sur les monnaies celtiques anciennes à défaut d’avoir une valeur écrite, phonétique ou numérique, peuvent être, soit une banale composante du type original, soit un ajout et imitation d’éléments décoratifs.

Au Vè siècle av. J.-C., certaines des premières monnaies autonomes de Massalia présentent d’un côté un poinçon creux en forme de croix, d’autres (l’obole) avec la croix et les lettres MA.

Alors que les premières pièces de monnaies celtiques imitent à la perfection les modèles macédoniens, se sont les dernières datant de la première moitié du siècle avant notre ère qui offrent un aspect le plus barbare. Profil aux mèches massées et bouclées, à la croix seule ou isolée, simples tiges, traits, balafres… qui se croisent en diagonale et tracée là où il y a de la place sur la pièce, dans un cercle ou un rectangle ; joue « tatouée » d’un quartefeuille tréflé ou croix se terminant par quatre boules… le symbolise caché ou évident de ces signes nous échappe et il est naturellement difficile, si ce n’est problématique, d’établir un classement précis.

Parmi les monnaies celtiques « à la croix » (B.N.), particulièrement celles des Arvernii (Auvergne), Volques Tectosagii (Gironde), mais aussi des Allobrogii (Savoie), des Pictii (Poitou), des Andecavii (Anjou), des Parisii… , beaucoup ont été fabriquées durant le IIème siècle ou première moitié du Ier siècle avant notre ère. Ainsi la toute dernière découverte monétaire faite à Laniscat sur le profil au " trèfle à quatre feuilles" (charme floral, talisman porte-bonheur... ?) des statères osismii : :shock:

Image--Image
Statère des Andecavii -------------------Statère des Pictii

--Image--Image
-- Statère des Parisii---------------------Statère des Osismii
------------------------------------------© Denis Gliskman / INRAP

Marie-Louise Sjoestedt-Jonval, dans son article sur la légende de Cuchulainn et les monnaies gauloises honore de son article de 77 pages, le n°1 de la revue Études celtiques, 1936, et qui fait suite à la Revue celtique, fondée en 1870. D'après des données archéologiques, onomastiques et sur les textes légendaires de l’épopée irlandaise médiévale, elle précise : — « C’est ce que l’on a tenté de faire, dans les rapprochements qui vont suivre et qui décèlent l’influence exercée par une série de monuments figurés gaulois sur une série de textes épiques irlandais, par les monnaies de type « armoricain » sur la légende du héros Cuchulainn ».

Les transformations, déformations et contorsions les plus surréalistes et schizophréniques se trouvent dans les textes de Cuchulainn et principalement sur certains statères des monnaies armoricaines. Après la décoloration de la chevelure et la tête imberbe, M.-L. Sjœstedt-Jonval nous explique la raison probable du tatouage de la joue : :shock:

M.-L. Sjœstedt-Jonval a écrit:Image

LÉGENDES ÉPIQUES IRLANDAISES ET MONNAIES GAULOISES.

— RECHERCHES SUR LA CONSTITUTION DE LA LÉGENDE DE CUCHULAINN


----------------------------------- III

L’apparence habituelle du héros prête par ailleurs à rapprochement avec les figures des pièces armoricaines, et en particulier avec cette même « tête d’Ogmios » où nous avons déjà retrouvé quelques-uns des éléments caractéristiques des « contorsions ».

----------------- 3 — Le tatouage de la joue.

---LU, 6548 = YBL, 2032 ; Cethri tibri cechtar a da grùad .i. tibre buide 7 tibre ùane 7 tibre gorm 7 tibre corcra. « Quatre taches (?) sur chacune de ses joues : une jaune, une verte, une bleue, une pourpre ».

---Sergl. Conc., § 37, 9 :

-------------------- Fil i cechtar a da grùad
----------------- tibri derg amal crú rúad
-------------------- tibri uaine tibri gorm
----------------- tibri corcra dath n-étrom.


---« Il y a sur chacune de ses joues une tache (?) rouge comme du sang vermeil, une tache verte, une tâche bleue, une tâche pourpre, couleur légère ».

---On voit que les deux textes divergent légèrement, en ce que la tache jaune manque dans le Serglige, où la tache rouge est par compensation dédoublée en rouge et pourpre. Doit-on voir là la trace d’une tradition où il n’y aurait que trois taches : rouge, bleue ou verte ?

---Le sens du mot tibre nous échappe. Faut-il comprendre « duvet, poil de barbe » (Windisch, T.B.C., p. 168, n. 4, Thurneysen, Heldensage, p. 182, n. 3, et cf R.C., XVI, p. 89) ? Cela est douteux et cadre mal avec les couleurs attribuées aux quatre « poils ». Par ailleurs, ce trait est tout à fait isolé dans l’épopée irlandaise, si bien que rien ne peut nous guider dans son interprétation.

---Ici encore c’est la numismatique gauloise qui fournit un analogue au trait irlandais isolé. Les joues des têtes des statères sont fréquemment ornées de globules et de marques diverses, sans même entrer en ligne de compte les contremarques. A vrai dire, l’Armorique ne fournit pas à notre connaissance, de têtes marquées de quatre globules, bien qu’il s’en rencontre ailleurs en Gaule (Statère de la trouvaille de Crémieux, B.N., 5315) ; ce sont trois globules, que l’on a, isolés, sur un demi-statère de bon style, des Unelli (Pl. II, n° 2 = B.N., 6928), ou plus souvent, terminant une mèche partant de la tempe (Pl. II, n° 3 = B.N., 6852 sq. Cenomani, et B.N., 5951-5957, classées aux Carnutes). L’on rencontre aussi dans des pièces des derniers temps de l’indépendance, particulièrement dans le type « des îles anglo-normandes », trois cercles centrés (B.N., 10389.) Le signe de type quadruple, non triple, se trouve, sous la forme d’une croix pommetée, chez les Pictones. (Cf. B.N., 4439 sq).

---Il est, cependant, dans la description des « taches » de Cuchulainn, un élément dont des rapprochements numismatiques ne sauraient rendre compte : la couleur. Il faut faire intervenir ici un autre ordre de faits. Nous savons que les Bretons se peignaient au pastel : César, De Bello Gallico, V, 14 : Omnes vero se Britanni vitro inficiunt, quod caeruleum efficit colorem, atque hoc horridiore sunt in pugna aspectu (cf. aussi Mela, III, 6, 51). La description fantastique de Cuchulainn comporterait-elle certains traits copiés sur nature ? On aura à revenir sur ce point voir plus bas, p. 45 sq.).

----------------------------------- VI

---Il semble donc que la plupart des traits singuliers qui font de Cuchulainn un être à part dans le monde irlandais s’expliquent si l’on admet une influence exercée par les types monétaires armoricains sur la légende du héros. Il est en revanche certains traits dont il faut chercher l’explication dans un ordre de faits différent, quoique, à vrai dire, connexe. A propos des taches multicolores qui décorent les joues du héros, nous avons cité non seulement les tatouages des têtes armoricaines, mais encore les pastels dont se peignaient les Bretons du temps de César (cf. p. 27). D’autres détails dans le portrait du héros évoquent plus précisément encore des traits de mœurs qui nous transportent en pleine antiquité celtique, brittonique ou continentale.


La légende de Cuchulainn et les monnaies gauloises,
M.-L. Sjœstedt-Jonval, Études celtiques, juin 1936, n°1, 192 pages, p. 25-7 et 45.

Dans son livre, Secret des Celtes, Lancelot Lengyel fournit des explications binaires, trinaires, quaternaires, quinaires… Les interprétations ésotériques sont quelque peu déroutantes, si ce n’est fantaisistes, mais amènent à chercher un sens mythologique : :?

L. Lengyel a écrit:Image

Image (f. 64.) Tête de la Déesse-Mère aux trois thèmes quinaires. Devant la tête une croix bouletée ; cinq mèches de la coiffure dont trois s’enroulent autour de trois boules. Selon une autre lecture, deux mèches sont striées, les autres trois s’attachent à l’auricule. Le troisième motif quinaire se trouve derrière l’occiput ; triangle introduit dans une figure oblongue. Entre ce motif et l’amande qui surmonte la coiffure, se trouve une petite tête morte, le regard vers le haut ; elle est suspendue sur une ligne perlée liée au front du personnage.

---Dans la fig. 64, les trois motifs quinaires, devant la tête, derrière l’occiput et la coiffure même du personnage, semblent signifier que celui-ci vient de l’éternité, va vers l’éternité et est lui-même l’éternité.

Image(f. 61.) Le cavalier lance un motif quinconcial sur une ligne ondulée devant le cheval androcéphale au nez bouleté. La crinière, la coiffure du cavalier et son abdomen son identiques et anguiformes, ce qui garantit leur identité d’essence. L’arrière du cheval forme la Matrice ; dessous, un sanglier.

---Les cavaliers de la majorité des chevaux armoricains lancent au bout d’une ligne ondulée un motif quinaire devant la tête de l’animal. C’est le plus souvent un carré avec ses deux diagonales marqué de cinq boules (f. 61). Tenu par les numismatiques pour un « vexillum », enseigne militaire romain que les tribus gauloises auraient porté en campagne, ce motif quinconcial, signe de la résurrection, indique la direction et le sens de la course.


MOTIFS DIVERS

Image---Le spectateur non averti, placé devant une tête comme celle portant un nez monstrueux (f. 65), devient perplexe en comparant l'exécution parfaite de la coiffure et l'incongruité du nez. Serait-ce irrévérence du graveur ? C'est tout simplement un signe de la résurrection placé sur le nez parce que la face est tournée vers l'avenir. D'autres ont mis la croix de la résurrection devant le nez (f. 64). Notre homme, dans l'intempérance de sa fantaisie, a pris le chemin le plus court et substitué le signe au nez.

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Le secret des Celtes, Lancelot Lengyel, Robert Morel Éditeur, 1969, 392 pages, pp. 79-82 et 105.

Albert Grenier, dans Les Gaulois, Petite Bibliothèque Payot, 1970, p. 224, de s’interroger : — « Serait-ce les monnaies qui auraient inspiré les fanstamagories de l’épopée ou bien monnaies et épopée ont-elles leur origine commune dans la tradition des Celtes ? »

Et Brigitte Fischer, dans La vie des Gaulois à travers leurs monnaies, Études celtiques, 2003, p. 27, d’ajouter : — « Une tradition celtique, connue par la littérature, est également attestée par le numéraire : c’est la pratique du tatouage. La croix, qui orne le visage des premiers statères des Parisii n’a probablement pas d’autre origine et les décors obliques qui figurent sur les joues du personnage au droit des monnaies frappées par les Aulerques Eburoviques en sont d’autres témoignages (fig. 11) ».

e.