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MessagePosté: Lun 20 Aoû, 2007 14:26
de Pan
A parler d'Apollon, de sanctuaires, de mantique et d'Hyperboréens, je ne peux m'empêcher de m'adresser aux intéressés pour qu'ils me disent s'il n'y a jamais eu de fouilles opérées dans ces sanctuaires.
Je me réfère bien sûr aux dires de Pindare où il narre la joie du Lumineux (et de Sedullos :cry: ) observant les hécatombes d'ânes que les Hyperboréens lui offraient.
Pour la mantique, j'ai tout de suite pensé à l'abbé Migne qui parle des pratiques des Germains qui font griller la tête d'un âne sur un brasier en observant le craquement des mâchoires.

Alors, a-ton jamais trouvé la queue d'un âne dans les sanctuaires d'Apollon? J'imagine que cela se saurait... mais sait-on jamais?

PS: Désolé pour la digression.

MessagePosté: Mar 21 Aoû, 2007 22:51
de Kambonemos
Bonjour,

Dans les sacrifices aux morts et aux dieux chthoniens, la victime de couleur sombre, appartient à ceux pour qui elle a été immolée, tandis que dans les autres sacrifices dédiés aux divinités célestes, une fois prélevées les entrailles et la part des dieux, la chair de la victime, de couleur claire, est partagée entre les assistants (d'après P. Lavedan) ; je resterai prudent car j'ignore même si la viande d'âne était consommée par les Grecs, les Romains ou les Celtes. L'avis de Pan sur la question doit être bien plus éclairé... En ce qui concerne Grand qualifié de templum toto orbe pulcherrimum, et tout en conservant une certaine prudence, aucun dépotoir culinaire ou cultuel n'a été découvert et analysé à ce jour. Parmi les milliers d'éléments sculptés dégagés figurent des personnages ou des animaux liés aux cultes _ entre autres _ d'Apollon et de Bacchus (panthères, lions, lionnes, griffons, sabots de cheval, etc,) mais dans cet inventaire, l'on ne cite pas l'animal sous l'apparence duquel se trouva changé Lucius, quelque part en Thessalie... On notera également "qu'après s'être préparés sur les plans physique et psychique, les pélerins qui la nuit tombée se couchaient à même le sol (incubare) ou sur la peau de l'animal [âne ?] qu'ils avaient offert en sacrifice, (restaient) dans l'attente de l'épiphanie divine et de ce que le dieu leur dicterait."

Pour confirmer l'analyse de Chantal Bertaux, je vous cite ce passage [dans "Histoire de la vie française" Ed. de l'Illustration] :

Des Gaulois se sont mis à l'école des médecins grecs et l'on peut citer plusieurs d'entre eux ayant acquis la célébrité. Galien donne quelques-unes des formules du médecin lyonnais Abascuntus (.../...). Ausone, qui naquit à Bazas et exerça à Bordeaux, le père du poète, fut d'après ce dernier, au premier rang de la profession médicale. Son fils lui fait dire : "Je ne parlais pas facilement le latin, mais dans la langue grecque, j'ai trouvé un vocabulaire suffisant pour m'exprimer avec élégance". Marcellus Empiricus, autre médecin bordelais, classa méthodiquement la flore gauloise dans son traité des Médicaments, tout en y mêlant des formules magiques. Quintus Serenus Sammonicus, médecin gaulois du IIIe s., avait déjà laissé de très nombreuses recettes, souvent destinées aux malades pauvres, dans les vers qu'il composa.


A+

***"L'un est une notion de partage ou d'opposition, non de totalité." in les Mémoire de Zeus***

MessagePosté: Mer 22 Aoû, 2007 11:36
de Sedullos
Salut,

L'âne ne semble pas présent chez les Gaulois et les Celtes de l'indépendance, il arrive à l'époque gallo-romaine.
Par contre, César mentionne des muletiers dans son armée ce qui suppose des mules.

MessagePosté: Jeu 23 Aoû, 2007 16:30
de Pan
Merci pour vos réponses.

Effectivement, si la viande d'âne est toujours restée tabou chez les Egyptiens et les Sémites, il en va autrement pour les Indo-européens. Ce sont surtout les Perses qui faisaient grand cas de la viande d'âne, notamment pour les anniversaires (cf Hérodote). Chez les Grecs et les Romains, elle était consommée mais rarement appréciée (cf Mécène qui voulut mettre à la mode la chair d'ânon).
Kambomenos, je n'ai pas bien saisi ce que vous vouliez dire (avec sources ?) sur la peau. Cela m'intéresse car la peau d'âne est prophylactique.
Sedullos, s'il y a des mules, c'est que le paternel n'est pas loin :wink: .
Il m'apparaît de plus en plus évident que l'âne, sous sa forme domestique, est présent dans tout le nord de la Méditerranée, au plus tard, dès le IIème mill.

MessagePosté: Jeu 23 Aoû, 2007 19:01
de Sedullos
Pan, le problème, c'est que les archéo n'en trouvent pas trace pour la période gauloise d'après ce que m'a dit Eporenos qui a discuté plusieurs fois de cette question avec plusieurs d'entre eux.

Comme il y a plein de découvertes chaque année, peut-être que tu auras raison bientôt 8)

MessagePosté: Ven 24 Aoû, 2007 22:18
de Kambonemos
Bonjour,

Kambomenos, je n'ai pas bien saisi ce que vous vouliez dire (avec sources ?) sur la peau. Cela m'intéresse car la peau d'âne est prophylactique.


Je cite à ce propos le même auteur Chantal Bertaux (dans Les Dossiers d'Archéologie n°162 - Divinités et cultes antiques p.42) ; j'ai mis entre crochets ma propre interrogation car rien n'est précisé sur les espèces animales sacrifiées à Apollon, tout du moins en ce qui concerne ce sanctuaire... Quant à savoir si le fait d'être étendu à même le sol ou sur la peau de l'animal spécialement offert, avait une influence sur la "communication" avec la divinité : je ne puis rien affirmer.

A+

***"Un son terrible jaillit de l'arc d'argent. Il (Apollon) frappa d'abord les mulets et les chiens agiles ; puis c'est sur les hommes qu'il décocha sa flèche aiguë(.../...)" Homère (not from Springfield, USofA)***

MessagePosté: Lun 27 Aoû, 2007 22:13
de Kambonemos
Bonjour,

A l'adresse de Pan : une piste prometteuse, concernant les vertus prophylactiques de la peau d'âne : respectant des rites similaires, le temple dEpidaure, dédié à Asclépios [fils... d'Apollon, eh oui!] voit les pélerins, gens souffrants, atteints d'affections diverses, s'envelopper de la peau de l'animal sacrifié _ non pas s'allonger à même le sol ou s'allonger sur la peau comme à Grand _ mais proprement "s'enrouler" dans sa peau. A supposer que les prêtres d'Asclépios, je dis bien à supposer, aient eu connaissance des propriétés de la peau d'âne : cela ferait de cet animal, une victime de premier choix... A creuser...

Sedullos a écrit :Une question me vient à l'esprit : y avait-il un tel sanctuaire à proximité de Coligny ?
Il semblerait bien que oui, les différentes observations topographiques et toponymiques faites au XIXe s. vont dans ce sens, mais aucune recherche archéologique n'a à ce jour été entreprise ; si sanctuaire il y avait, il était dédié _ l'idée est généralement acquise _ à un Mars indigène... Jacques, les grands esprits se rencontrent, pose la question sur un autre fil, mais le fragment d'un calendrier comparable à celui de Coligny, a bien été découvert en 1802, dans le Jura, dans un remarquable sanctuaire des Séquanes, dédié à Cernunnos http://www.jurasud.net/tourisme/prepare ... archeo.asp

A+

*** Ordre fameux du Gal Friant, chargé de la protection des savants, lors de la Campagne d'Egypte : "Alerte! Les Mameluks, formez le carré. Les ânes et les savants au centre!" Ce qui fit dire au Bulletin des Armées : "Grâce à cette stratégie, on n'nen perdit que deux : l'un portant l'autre." d'après Joly & Cicuendez - 1973***[/quote]

MessagePosté: Lun 27 Aoû, 2007 22:49
de Sedullos
Salut,
Kambonemos, merci beaucoup pour cette information :D

MessagePosté: Mar 28 Aoû, 2007 10:31
de Jacques
Kambonemos a écrit: Sedullos a écrit :Une question me vient à l'esprit : y avait-il un tel sanctuaire à proximité de Coligny ?
Il semblerait bien que oui, les différentes observations topographiques et toponymiques faites au XIXe s. vont dans ce sens, mais aucune recherche archéologique n'a à ce jour été entreprise ;
À proximité, c'est quelle distance ? Villard d'Héria et le lac d'Antre sont situés à une soixantaine de kilomètres
si sanctuaire il y avait, il était dédié _ l'idée est généralement acquise _ à un Mars indigène... le fragment d'un calendrier comparable à celui de Coligny, a bien été découvert en 1802, dans le Jura, dans un remarquable sanctuaire des Séquanes, dédié à Cernunnos
Les inscriptions rapportées par Kambonemos sur l'autre fil comporteraient à première vue les noms de Mars et Jupiter. Y a-t-il une équivalence Jupiter-Cernunnos ?

MessagePosté: Mar 28 Aoû, 2007 11:17
de Alexandre
Jacques a écrit:Y a-t-il une équivalence Jupiter-Cernunnos ?
Probablement en partie, si Cernunnos est bien - comme je le pense - un dieu de la sorcellerie et de la nature sauvage : c'est une fonction qui était à l'origine dévolue à Neptune chez les Romains, mais qui, comme en Grèce avec Poseidon, s'est délitée. En Grèce, sa fonction a été secondairement répartie, essentiellement à Dionysos, mais on sait qu'à Spartes, il existait un Zeus ouranios qui a récupéré sa place "protocolaire" dans le diptyque dieu législateur-dieu sorcier.

MessagePosté: Mar 28 Aoû, 2007 11:22
de Alexandre
Je viens de consulter l'autre fil et j'ajouterai un détail qui me semble corroborer ce que je viens de dire : l'inscription latine fait mention d'un Iove iratu, "de Jupiter en colère". La "colère", corrolaire de la transe sacrée, est un attribut spécifique identifiant le dieu de la sorcellerie. Chez les Germains, le nom de Wotan est apparenté au mot allemand wut.

MessagePosté: Mar 28 Aoû, 2007 11:52
de Jacques
Kambonemos a écrit: Sedullos a écrit :Une question me vient à l'esprit : y avait-il un tel sanctuaire à proximité de Coligny ?
Il semblerait bien que oui, les différentes observations topographiques et toponymiques faites au XIXe s. vont dans ce sens, mais aucune recherche archéologique n'a à ce jour été entreprise ; si sanctuaire il y avait, il était dédié _ l'idée est généralement acquise _ à un Mars indigène...
Y a-t-il vraiment des indices de la présence d'un sanctuaire près de Coligny, ou s'agit-il de celui de Villard d'Héria, où l'on retrouve la présence du dieu Mars ?
ce temple corinthien mesure 18 m sur 9 m. On y a retrouvé des inscriptions (aujourd'hui conservées au Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon), dont une dédicace de quatre hauts magistrats de la cité des Séquanes au dieu Mars.
On a évidemment ici les pièces d'un puzzle : Mars, Jupiter-Cernunnos, Minerve, les découvertes de Villard d'Héria montrant une fois de plus le caractère syncrétique de la religion gallo-romaine.
Dans un temple circulaire, richement décoré de dalles polychromes, on a retrouvé les restes d'une statue en pierre aujourd'hui perdue que l'on croit pouvoir identifier avec une divinité indigène, Cernunnos
perdue ou cachée dans une collection privée. Des dessins ou des photos existent peut-être...
Les monnaies mises au jour indiquent que le site a été occupé des années 40/50 de notre ère jusqu'à la fin du IIIe siècle.
mais certainement en continuité chronologique avec un culte indigène.

MessagePosté: Mar 28 Aoû, 2007 22:17
de Kambonemos
Bonjour,

Voyez ma confusion d'avoir détourné un fil d'un autre forum, mais je pense que toutes vos interrogations à ce sujet, trouveront un début de réponse sur ce site _ si votre insatiable curiosité qui ne cessera de m'étonner, ne l'a pas déjà déniché _ : http://www.mairie-coligny.fr/index.php?p=5&a=2 ; je l'avais synthétisé à l'attention de Sedullos _ grand guerrier sous les étoiles _ (je suis un peu d'humeur lyrique ce soir). Enfin bref, si Greg charche toujours un druide pour le marier : je suis un peu 'augure' et parlemente volontiers avec les rapaces, les corvidés (pies comprises), pour peu qu'il me communique la date et le lieu de naissance de sa promise ainsi (que très important) ses mensurations...

A+

MessagePosté: Mar 28 Aoû, 2007 22:50
de Kambonemos

Les inscriptions rapportées par Kambonemos sur l'autre fil comporteraient à première vue les noms de Mars et Jupiter
Rendons à Jules César ce qui n'appartient pas à Vercingétorix : il s'agit bien sûr de notre ami Orgenomeskos... En tant que Lorrain (roman), je ne puis souffrir telle injustice : Jeanne dans sa tendre enfance, entendait ses 'voix' près d'un arbre aux fées (une piste celtique à développer à l'occasion)...

A+

MessagePosté: Mer 29 Aoû, 2007 9:10
de Jacques
Kambonemos a écrit:

Les inscriptions rapportées par Kambonemos sur l'autre fil comporteraient à première vue les noms de Mars et Jupiter
Rendons à Jules César ce qui n'appartient pas à Vercingétorix : il s'agit bien sûr de notre ami Orgenomeskos...
Euh... où avais-je la tête ? :58: