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MessagePosté: Mar 09 Jan, 2007 16:57
de Fergus
Qu'en dit l'Académie Française ?

(1)DRAGON n. m. XIe siècle, dragun, « animal fabuleux » ; XIIe siècle, aux sens de « serpent infernal » et de « étendard ». Emprunté du latin draco, draconis, « animal fabuleux », « serpent », et « diable », puis, « enseigne de cohorte », du grec drakôn, drakontos, « dragon, serpent ».

1. Animal fabuleux qu'on représente avec des ailes déployées, des pattes armées de griffes et une queue de saurien. Un dragon gardait les pommes d'or du jardin des Hespérides. Jason tua le dragon qui veillait sur la Toison d'or. Les représentations du dragon sont fréquentes dans l'art chinois. Le dragon est un motif héraldique. Spécialt. Dans la tradition et l'iconographie chrétiennes, monstre qui incarne l'esprit du mal, le démon. Saint Michel, vainqueur du dragon. Le dragon de l'Apocalypse.

2. Fig. et fam. Gardien sévère et intraitable. Expr. Dragon de vertu, femme qui manifeste ou affecte une vertu austère et farouche. Endormir le dragon (vieilli), tromper la vigilance sévère d'un gardien. Par ext. Personne acariâtre et autoritaire. Cette femme est un vrai dragon !

3. ZOOL. Dragon volant, petit lézard, vivant en Afrique, en Asie et en Australie, pourvu de chaque côté du corps d'un repli membraneux qui lui permet d'effectuer des vols planés d'arbre en arbre. - ASTRON. Constellation de l'hémisphère boréal située entre la Grande et la Petite Ourse, et dont la forme évoque un dragon.

4. MILIT. Anciennt. Soldat servant dans un régiment qui se déplaçait à cheval et qui combattait, au XVIIe siècle, de préférence à pied, au XVIIIe siècle, surtout à cheval. Les dragons portaient casque à crinière et à bandeau de peau de tigre. L'étendard d'un régiment de dragons. Une charge de dragons. Les dragons furent classés au début du XIXe siècle dans la cavalerie de ligne. Dragon porté, de 1928 à 1940, soldat appartenant à une unité de cavalerie motorisée. Auj. Soldat appartenant à certaines unités de cavalerie blindée auxquelles on a conservé, par tradition, le nom de Régiment de dragons. Le deuxième régiment de dragons ou, ellipt., le 2e dragons.

MessagePosté: Mar 09 Jan, 2007 17:57
de Marc'heg an Avel
reprise de ejds :

" ... The choice for the dragon/serpent as model is not so easy to explain, because the steppe cultures used other animal's heads and continued to do so. However, it has been assumed that it was because of the Thracian dominance in Roman cavalry that the latter adopted the serpent shape. These Thracian horsemen had a deity which resembled a 'flying' serpent with scales, teeth and an upstanding crest, which may well have been a draco or something similar.

It is not documented when exactly the draco was adopted as a normal standard for all troop types. **********

We are on more solid ground with the entry of the reign of Gallienus (253-268 AD), when legionary troops are said to have paraded with a dracon amongst the standards of the legions[4] and the troops of Aurelianus (270-5 AD) also had draconarii amongst the standard-bearers[5]. This may lead us to conclude that the infantry began using dracos during the late 3rd c. On the Arch of Galerius, which was built before 311 AD to commemorate Galerius' war against Persia in 290 AD, several dracos can be seen to his left and right, carried by infantry as well as cavalry (see the image above, 2nd from right).

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Une unité thrace est signalée par Notitia Dignitatum sur la rive sud de l'embouchure de l'Eden / Ituna : Tribunus cohortis secundae Thracum, Gabrosenti, identifiée soit à Burrow Walls, soit à Moresby.

Le répertoire des inscriptions britanniques, RIB 797, 803, 804, indique qu'une Cohors II Thracum y était stationnée dans le 3è siècle.

Cela est cohérent avec la mention ci-dessus de Gallien à Aurélien.

Nous sommes là en Cumbria / Cumberland, bassin de la rivière Eden, ancien royaume de Rheged, c'est à dire en plein secteur urien et arthurien.

Image

Extrait de la carte Roman Britain, par Ordnace Survey.

JCE :wink:

MessagePosté: Mar 09 Jan, 2007 18:16
de Marc'heg an Avel
Il serait peut-être intéressant, pour Alexandre et Taliesin, de mettre en parallèle le dragon / tourbillon de mer, du dictionnaire de marine ci-dessus, avec la notion de l'océan primordial, en reprenant l'envoi :

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Taliesin a écrit:
du même auteur, Génèse de l'Inde :
p. 256 : "Varuna offre des affinités avec le dragon qui menace l'existence de l'humanité en la privant des eaux, Vrtra"
p. 279 : "l'étymologie du nom de Varuna est discutée, mais la plus probable est celle qui relie son nom à celui du dragon Vrtra : d'une racine *wer-, "entourer.

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sachant qu'un tourbillon ... ça entoure, et ça menace la vie par engloutissement.

Suggestion !

JCE :wink:

MessagePosté: Mar 09 Jan, 2007 18:32
de Alexandre
Je crains qu'il ne reste toujours un doute à cause du Leviathan biblique.

MessagePosté: Mar 09 Jan, 2007 20:18
de Marc'heg an Avel
Je fais ce que je peux pour être agréable.

Peut-être, comme pour faire du bon café, faut-il laisser le Temps filtrer nos informations.

Toujours est-il qu'on peut aussi essayer de filtrer certains mythes marins en rapport avec les dragons marins.

Effets de traductions et/ou d'interprétations abusives ?

JCE :)

MessagePosté: Mer 10 Jan, 2007 13:14
de ejds
DT a écrit:G. Dumézil, Mythes et Epopée 1, 1968, pp. 613-616 :

Les trois oppressions de l'île de Bretagne
Les trois ennuis du roi Lludd.

Mabinogi de Lludd et Llewelys : je repique de ici, mais tel qu’il est écrit dans le dictionnaire : :?

DRAGON

8. Le dragon rouge est l'emblème du Pays de Galles. Le Mabinogi de Lludd et Llewelys raconte la lutte du dragon rouge et du dragon blanc, ce dernier symbolisant les Saxons envahisseurs. Finalement les deux dragons, ivres d'hydromel, sont enterrés au centre de l'île de Bretagne, à Oxford, dans un coffre de pierre. L'île ne devait subir aucune invasion tant qu'ils n'auraient pas été découverts (CELT, 6, 451-452 ; CHAB, 391-401). Le dragon enfermé est le symbole des forces cachées et contenues: les deux faces d'un être voilé. Le dragon blanc porte les couleurs livides de la mort, le dragon rouge celles de la colère et de la violence. Les deux dragons enterrés ensemble signifient la fusion de leur destin. La colère est tombée, mais les dragons pourraient ressurgir ensemble. Ils demeurent comme une menace, une puissance virtuelle, prompte à se lancer contre tout nouvel envahisseur.

Dictionnaire des Symboles
Jean Chevalier, Alain Gheerbrant – Editions Seghers, 1973, p.214.

Le bateau de guerre viking à proue à tête de dragon, d'où son nom « drakkar », drake, dreki, drekki...; se dit en allemand drache, le dragon ; et le snekkar, schlange, en anglais snake (serpent)...

Historiquement et symboliquement, il ne me semble pas que le dragon rouge gallois et le dragon blanc saxon se soient réveillés et unis pour lutter contre le dragon viking (de quel couleur au fait) ?! :?

Image
e.

MessagePosté: Mer 10 Jan, 2007 14:42
de Taliesin
Bonjour

Le dictionnaire des symboles mélange et résume le conte de Llud et Llevelys et les textes de Nennius et/ou Geoffroy. Le "Mabinogi" de Llud et Llevelys ne raconte pas la lutte entre le dragon rouge gallois et du dragon blanc saxon, aucune couleur n'est précisée.

"Le deuxième fléau qui frappe ton royaume, dit-il, c'est un dragon. Il y a un autre dragon, d'origine étrangère, qui se bat avec lui et qui cherche à le vaincre."

Llud les attire au centre de l'île (Oxford) avec de l'hydromel. Les dragons se battent dans le ciel sous forme d'animaux horribles (il n'est pas précisé lesquels). A la fin, ils reprennent leur forme de dragons. Lorsqu'ils sont fatigués de se battre, ils tombent du ciel sous forme de porcelets (question : pourquoi des porcelets) sur le tissu que Llud a posé sur le baquet d'hydromel. Ils s'enfoncent dans le tissu, boivent tout l'hydromel et s'endorment. Llud va les enterrer à Dinas Emreis, dans les montagnes d'Eryri.

C'est à cet endroit que Vortigern cherchera ensuite à construire une forteresse, et que Ambroise Merlin lui dira pourquoi elle s'écroule sans cesse.

Autre détail important : le fléau du combat des dragons se manifeste par un cri poussé chaque année la nuit des calendes de mai, soit le 1er mai, la nuit de Beltaine.

Pour le texte complet du conte, voir P.Y. Lambert, les Quatre Branches du Mabinogi et autres contes gallois du Moyen Âge, p. 180-185.

MessagePosté: Mer 10 Jan, 2007 16:08
de Muskull
Si l'on suit Dumezil et que l'on conçoit le dragon comme emblème de la 2° fonction I.E., il est logique que leur cri retentisse à Beltaine qui est la reprise des activités guerrières.
Je pense que les dragons affrontés sur les fourreaux d'épées laténiennes sont à mettre en relation avec le mythe gallois qui semblent symboliser la mort et la destruction par conflits et guerres.
Les endormir par une oblation d'hydromel ou de haoma/soma représente un rite de protection contre les armées étrangères. Les porcelets pour dire qu'ils deviennent innofensifs (mais qu'il faut se méfier du cochon qui sommeille :D ) et peut-être aussi que ce rituel guerrier sacrifiait des porcelets dans les fosses...
Les dragons sont très clairement chtoniens et à rapprocher avec le Poséïdon archaïque, maître des tremblements de terre et des chevaux.
Dans le mythe de Merlin leur combat souterrain empêche de construire la tour qui est un symbole de la centralité du pouvoir et donc de la paix, analogie avec la table ronde. Ce qui est curieux c'est que la conjuration nécessitait le sacrifice du premier né (Merlin), ce qui est un mythème sémitique, il y a une possible influence de la Bible.

Notes : Les Parthes persans étaient un ordre de chevalerie qui conjuguait disciplines physiques et morales (peut-être mystiques).

En symbolique jungienne les dragons représentent les pulsions destructrices, la victoire sur le dragon permet d'atteindre le Soi.

Les sages du taoïsme étaient appelés dragons...

MessagePosté: Mer 10 Jan, 2007 16:28
de Alexandre
Si l'on suit Dumezil et que l'on conçoit le dragon comme emblème de la 2° fonction I.E., il est logique que leur cri retentisse à Beltaine qui est la reprise des activités guerrières.

Attention : Merlin et Poseidon sont des personnages de 1e fonction, en relation avec la magie.

MessagePosté: Mer 10 Jan, 2007 16:46
de Taliesin
Quelqu'un s'est-il essayé à un classement trifonctionnel du panthéon grec ? Il me semble que Dumézil ne s'y était pas trop aventuré.

En tout cas, si on rapproche les dragons de Poséidon, qui est aussi dieu des sources, donc des eaux souterraines, en Irlande, on retrouve Nechtan (voir B. Sergent, Celtes et Grecs II, sur les points communs entre Poséideon et Nechtan/Manannan). Et pas loin de Nechtan, on trouve Elcmar, mari cocu de Boann, et propriétaire du terrain sur lequel se trouve la Seghais, source ordalique gardée par Nechtan. Elcmar est un autre nom d'Ogme, le dieu varunien irlandais.

MessagePosté: Mer 10 Jan, 2007 17:02
de Alexandre
Quelqu'un s'est-il essayé à un classement trifonctionnel du panthéon grec ? Il me semble que Dumézil ne s'y était pas trop aventuré.

C'est devenu la grande spécialité de B. Sergent.
En cas de besoin, je peux aussi vous donner pas mal d'indications...

MessagePosté: Mer 10 Jan, 2007 17:33
de Taliesin
Bernard Sergent a comparé dieux celtiques et dieux grecs, mais sans en tirer pour autant de conclusions sur le classement trifonctionnel du panthéon grec, par analogie avec le panthéon irlandais (ou alors j'ai mal lu ou j'ai déjà oublié des trucs)

pour le Dagda/Zeus/Jupiter, c'est simple, mais pour Apollon, par exemple ? Transcende-t-il toutes les fonctions, comme Lug en Irlande, ou bien est-il de deuxième fonction seulement ?

Est-ce qu'il n'y a pas eu des glissements, des évolutions internes ?
Exemple, en Scandinavie, le dieu tonnant au marteau, Thor, n'est pas de première fonction, comme le Dagda en Irlande, mais de deuxième fonction.

Autre question, est-ce que l'on aurait pas en fait trois dieux de première fonction, un mithréen, le second varunien et le troisième marin, au lieu de deux ?

MessagePosté: Mer 10 Jan, 2007 17:49
de DT
Salut,

je m'aventure certainement, mais il me semble que dans le panthéon grec plusieurs structures interfèrent.
Entre autre, Zeus, Hadès et Neptune étaient frères et régissaient le monde d'en-haut, le monde d'en-bas, le monde humain (terre et mer) respectivement.
Ensuite, il y avait aussi l'organisation en douze dieux .
Enfin, Apollon, d'une nature très complexe, apparaît parfois en initiateur à la façon de Janus.

A+

MessagePosté: Mer 10 Jan, 2007 18:13
de Alexandre
Plusieurs choses :
On ne peut pas classer le panthéon grec entièrement sur un schéma trifonctionnel. Mais en vérité on ne peut le faire avec aucun panthéon indo-européen. La celtique Brigantia est clairement trifonctionnelle. Contrairement à l'intuition, son homologue grecque Athéna est elle aussi trifonctionnelle.

Par ailleurs, le panthéon grec a évolué avec le temps, notamment entre la période mycénienne et la période archaïque : à l'époque Mycénienne, Poseidon tenait la place du dieu sombre de 1e fonction, le sorcier divin, celle de Shiva en Inde, celle de Merlin. On pense même qu'il a pu être le roi des dieux, à l'image de son homologue germanique Odin. A l'époque classique, il est cantonné à son rôle de dieu des sources et des tremblements de terre, et le rôle de sorcier divin est dévolu à Dionysos.
J'ai assisté pas plus tard que lundi à la conférence de B. Sergent que je signalais sur ce forum. Il a consacré plus de trois minutes à énumérer sous la forme d'un hymne de sa composition la liste complète, chaque fois en termes on ne peut plus laconiques, de tous les traits communs entre Dionysos et Shiva. Cela occupe plus d'une page entière.

Apollon est un dieu largement syncrétique. Ses archétypes initiaux sont indo-européens - on se reportera entre autres à Apollon sonore de Dumezil - mais il a subi des influences sémitiques, principalement dans ses rapports avec Zeus, et aussi vraisemblablement des influences mal connues d'Europe occidentale dans son statut de dieu solaire et ses relations avec sa soeur Artemis.

MessagePosté: Mer 10 Jan, 2007 19:05
de Taliesin
quelques remarques :

- Dionysos et Merlin ont aussi des affinités avec le Dagda irlandais, et donc Shiva aussi.

- Shiva est un dieu de l'hindouisme qui a pour "ancêtre" védique Rudra. Je ne sais pas trop si ça change quelque chose, mais bon.

- Dans la mythologie germanique, la première fonction était partagée au départ entre un dieu varunien, Odin, et un dieu mithréen, Tyr, et c'est seulement ensuite qu'Odin a pris toute la place. Comme à Rome avec Jupiter et Dius. Odin n'est devenu le roi des dieux qu'après avoir relégué Tyr au second plan.