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MessagePosté: Lun 12 Mar, 2007 0:42
de Sedullos
Salut à tous,

Mon cher DT, je n'entrerai pas dans une longue discussion pour savoir si l'art celtique relève de l'inné ou de l'acquis.

Je considère que l'art celtique est un art sacré et que les dieux sont des principes métaphysiques. Des principes sont susceptibles d'application et de développement. En mode indo-européen, une pensée juste, une parole juste et une action juste constituent des applications de ces principes.

Cela peut s'entendre du travail d'un artisan utilisant des codes et des normes comme ceux dont parlait André Rapin dans un docu d'Arte évoqué sur un autre fil. J'en reviens au dragon. Je me suis souvenu que mon ami et collègue reconstituteur Frank Mathieu, président des Leuki, avait déjà publié certaines interprétations du dragon du fourreau en développant une idée d'André Rapin, dans l'article, L’armée des guerriers celtes / Frank Mathieu, Histoire antique, N° 18, décembre 2004-janvier 2005.- Apt : Editions Harnois, 2004. [p. 50-57].

La paire de dragons, de griffons, la lyre zoomorphe, la frette au deux triscèles pourraient être des signes de reconnaissance de grades ou de types de guerriers.

En particulier pour la paire de dragons, cela pourrait désigner des chefs recruteurs de mercenaires du IIIe siècle av.J.-C. La découverte d'un tel fourreau à Ensérune, plaque tournante du mercenariat en Méditerranée occidentale plaide dans ce sens.

Ce qui fait que l'on en vient à se poser la question de la fonction de l'art celtique, l'important est non seulement ce qu'il signifie mais aussi à quoi il servait.
Peut-être faudrait-il renoncer à une conception toute esthétique (j'assume le pléonasme) de l'art : ces gens recherchaient moins le beau et l'inutile que le sens et l'efficacité. Cela n'a rien de très romantique mais me semble intéressant.

MessagePosté: Lun 12 Mar, 2007 0:49
de Fergus
Dans les civilisations "traditionnelles", l'art comme simple ornementation n'existe pas, il est toujours lié aux conceptions métaphysiques et religieuses. Il n'y a que la modernité occidentale pour infléchir la création artistique dans un sens individuel (oeuvres signées) et "profane", uniquement ornemental ou véhiculant des conceptions individuelles.

Sur ce sujet, lire évidemment René Guénon, mais aussi et surtout l'oeuvre d'Ananda K. Coomaraswamy.

MessagePosté: Lun 12 Mar, 2007 0:57
de Sedullos
Fergus, je souscris entièrement à cela à un détail prêt.

On a quelques noms d'artistes grecs et romains mais on a aussi des noms de forgerons gaulois ou germains "signés" sur des épées.

MessagePosté: Lun 12 Mar, 2007 1:33
de Pierre

MessagePosté: Lun 12 Mar, 2007 1:50
de Fergus
Comme toute règle, celle-ci peut avoir ses exceptions, dont il faudrait analyser le contexte, les causes, etc. Il faudrait aussi s'interroger sur la part individuelle de son travail, par rapport aux critères traditionnels de son art.

MessagePosté: Lun 12 Mar, 2007 11:56
de Alexandre
En Europe, cela fait longtemps que l'art est davantage rattaché à son auteur qu'en Orient. On connaît les auteurs du Parthenon par les écrits d'époque, ceux des temples égyptiens par des graffitis dans leurs logements de fonction...

MessagePosté: Lun 12 Mar, 2007 16:56
de Sedullos
Salut, :100:

Petit intermède bibliographique, pour ceux qui s'intéressent au dragon en général, un petit livre sympa, érudit avec une belle iconographie :

Les dragons : Des monstres au pays des hommes / Patrick Absalon et Frédérik Canard.- Gallimard, 2006.- 128 p.- (Découvertes. Culture et société ; 487)

et pour une approche naturaliste :)

Histoire naturelle des dragons : Un animal problématique sous l'oeil de la science : essai / Michel Meurger.- Deuxième édition revue et corrigée.- : Terre de brume, 2006.- 263 p.- (Terres fantastiques). :100:

MessagePosté: Lun 12 Mar, 2007 17:33
de Muskull
En Orient, dans le domaine musulman, les oeuvres étaient souvent signées et datées d'une façon codée du nom de l'atelier et les "initiés" pouvaient ainsi savoir le nom du maître qui supervisait l'enseignement et les réalisations.
Il est possible que certains ateliers de compagnons médiévaux aient utilisé cette même symbolique.

MessagePosté: Lun 12 Mar, 2007 19:44
de Fergus
Quoi qu'il en soit, le but n'est jamais l'autoglorification de l'artiste...