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MessagePosté: Dim 11 Sep, 2005 19:39
de Pan
Je ne peux m'empêcher de faire une remarque sur ce chaudron ô combien polémique.

Il me souvient, je suis sûr que nos participants retrouveront la référence que je n'ai pas le temps de chercher, qu'une légende nous présente le cerf comme un avaleur de serpent.

Cela ressort, il me semble, d'un mythème que le cerf partage avec l'âne :wink: dans le domaine sémitique. Il y avait la flûte d'Athéna qui rassemble nos deux compères et également le fait qu'un âne ou un cerf confronté à un serpent ne doit pas se désaltérer au risque de perdre l'immortalité. Or nous savons que le serpent vola de longue date ce secret aux hommes, notamment à cause de l'âne (mythe sumérien, araméen, biblique... et grec avec Prométhée).

Actéon itou a dû apercevoir un serpent du côté d'Artémis...

Le cerf donc, tous les ans, s'en va au bord de la rivière avaler un serpent et ne se désaltère plus, il recouvre sa jeunesse et pérennise son accès à l'immortalité. Cernunnos tenant fermement ce serpent sur le chaudron me semble assez proche de ce mythème.

Cerf-pent

MessagePosté: Dim 11 Sep, 2005 21:55
de ejds
Le cerf et le serpent

Pan a écrit:Il me souvient, je suis sûr que nos participants retrouveront la référence que je n'ai pas le temps de chercher, qu'une légende nous présente le cerf comme un avaleur de serpent.


Une haine implacable.
L'inimitié du cerf et du serpent est une fable répétée par une foule d'auteurs anciens. Elle paraît fondée sur une vérité. Le cerf mange réellement des serpents et des couleuvres, sans doute pour se soulager de quelque maladie. On a trouvé plus d'une fois des tronçons de serpent dans les intestins du cerf : :? :shock:

LA CHASSE
POÈME
CHANT SECOND.


http://remacle.org/bloodwolf/poetes/fal ... hasse2.htm

(28 ) Une haine implacable règne entre la race entière des cerfs et celle des serpents. Le quadrupède cherche sans cesse le fier reptile dans le fond des vallées, et sitôt qu'il reconnaît ses vestiges, tracés en longs sillons tortueux, il accourt transporté de joie au repaire de son ennemi, applique ses naseaux sur son nid, et par la violence de son souffle, il l'attire au combat. Le reptile funeste voudrait en vain l'éviter, le cerf l'arrache malgré lui à sa retraite profonde. À peine le monstre gonflé de venin a vu son ennemi qu'il dresse une horrible tête, ouvre une large gueule hérissée de dents blanches et aiguës, fait craquer ses mâchoires et pousse des sifflements pleins de colère, mais le cerf, qui semble rire de son courroux, le déchire à coups de dents, malgré les vains efforts qu'il fait pour se défendre. Le serpent a beau s'enlacer au cou et aux jambes du quadrupède, celui-ci le mord sans relâche et jonche la terre de ses tronçons palpitants. Quelle que soit la perfidie de son caractère, vous auriez pitié de ce reptile en le voyant ainsi mutilé tomber en lambeaux.

Sur les confins de la Libye, fertile en généreux coursiers, on voit errer une foule innombrable et funeste de serpents de toute espèce. Si quelque cerf vient seul se reposer sur les collines sablonneuses, aussitôt un essaim de serpents ennemis forme un bataillon venimeux et s'élance sur lui. Ils se répandent sur tous ses membres. Les uns lui rongent la tête et de leurs dents aiguës lui scient le front et les sourcils. D'autres dévorent son cou délicat, sa poitrine, ses flancs, son ventre ou sa bouche. Ceux-ci s'attachent â ses cotés, ceux-là se fixent sur ses cuisses ou se repaissent de son dos. D'autres encore se suspendent à d'autres parties, dans lesquelles ils plongent leurs dards empoisonnés. L'infortuné quadrupède, pénétré de toutes parts des plus vives douleurs, veut d'abord s'y dérober par une fuite légère, mais il n'en a pas la force. Celte multitude innombrable de serpents en fureur l'enchaîne et l'accable au point qu'elle le contraint à rester sur la place. Cependant il déchire à coups de dents des milliers de ces cruels animaux. Mugissant de douleur, il se roule en tous sens pour écraser ces reptiles odieux, qui, sans chercher à fuir le trépas, et loin de lâcher prise, périssent attachés à leur proie. La haine les rend intrépides. Les uns tombent coupés par la dent du cerf, d'autres expirent foulés sous ses pieds. Une sanie sanglante ruisselle sur la terre, jonchée de leurs tronçons palpitants, dont les restes à moitié dévorés sont attachés au flanc de l'animal. Quoique morts, ils le serrent encore de leurs dents, et leur tête enfoncée sous sa peau y demeure ensevelie. Cependant le léger quadrupède, qui par un effet de la providence des dieux, connaît les avantages qu'il a reçus de la nature, cherche partout le cours de quelque fleuve chargé d'un noir limon. Là, broyant sous ses dents des écrevisses (29), il trouve en elles l'antidote naturel du poison qui circule dans ses veines. À l'instant et d'eux-mêmes tombent à ses pieds ces restes odieux des furies qui l'agitaient et leurs morsures se cicatrisent.
Le cerf vit très longtemps, et c'est avec vérité que les mortels assurent que sa vie est égale à celle de quatre corneilles (30).

(28 ) Une haine implacable. L'inimitié du cerf et du serpent est une fable répétée par une foule d'auteurs anciens. Elle paraît fondée sur une vérité. Le cerf mange réellement des serpents et des couleuvres, sans doute pour se soulager de quelque maladie. On a trouvé plus d'une fois des tronçons de serpent dans les intestins du cerf.

(29) Broyant sous ses dents des écrevisses. Selon Antigonus Carystius (ch. 41), ce n'est pas le cerf, mais le sanglier qui mange des écrevisses pour se guérir de la morsure du serpent. Aristote le dit des cerfs quand ils sont piqués par une espèce d'araignée qu'il nomme phalangion. Les écrevisses de rivière broyées et cuites dans du lait d'ânesse sont un bon alexipharmaque et guérissent la morsure des reptiles venimeux, si l?on en croit Dioscoride (De materia med., lev. 2, ch. 12).

(30) Et c'est avec vérité. Rien n'est plus faux, le cerf vit trente à quarante ans. Aristote avait déjà réfuté l'erreur populaire qui attribue au cerf des siècles de vie. Il dit (au livre 6 de l'histoire des animaux, ch. 29) : ? Ce qu'on débite de la longue vie du cerf n'est qu'une fable ; rien de certain ne prouve ce que l'on en dit, et ni le temps de la gestation (qui est de huit mois) ni celui de l'accroissement du faon n'annoncent, par leur durée, un animal qui doit vivre de longues années. ?


OEUVRES D'OPPIEN,
qui naquit vers la fin du règne de l’empereur romain Marc-Aurèle (121-180).

http://remacle.org/bloodwolf/poetes/fal ... hasse2.htm


e.

MessagePosté: Lun 12 Sep, 2005 5:38
de Muskull
Il y a une magnifique représentation de cerf et serpent affrontés sur le portail de l'église d'Urnes en Norvège.
Image

Au niveau symbolique nous avons là un parfait exemple de l'opposition entre la verticalité rédemptrice et l'horizontalité mortifère. :wink:
La vie se nourissant de la mort se retrouve aussi dans le lotus.
http://www.soleil-lotus.net/html/sutra_du_lotus.html

" Cerf, cerf ouvre moi!
Ou le chasseur me tuera " :D

MessagePosté: Mer 14 Sep, 2005 8:58
de ejds
Cernunnos, un chaman-chasseur-charmeur (de serpents) ?

Le combat entre le cerf et le serpent : un simple spectacle cruel, une pratique de divination… ? :?

Le même sens de la transcendance que l’on a pu déceler dans la religion gauloise s’affirme dans son art ; il faudrait y ajouter le sens du mythe dont relèvent très probablement certaines figures inexpliquées, celles mêmes du fameux chaudron de Gundestrup en sont un exemple ; elles plongent dans une mythologie dont nous n’avons pas le secret 1.

1. Vendryes, La religion des Celtes, p. 252.

Les Gaulois, Régine Pernoud, « le Temps qui court », Éditions du Seuil, 1961, p. 88.

CHASSEUR À L'ARC
Pratiques ancestrales, on ne peut-être que médusé devant les techniques modernes de chasse à l’arc employées de nos jours : :shock: :cry:


La chasse à l'arc est d'une grande cruauté car la recherche de l'animal tiré est longue et rarement efficace. Le plus souvent, l'animal n'est pas tué sur le coup; blessé, il fuit pour aller mourir dans un fourré dans d'intenses souffrances :

http://www.dauphinlibre.be/arc.htm


e.

MessagePosté: Mer 14 Sep, 2005 12:26
de Leucobena
Chez nous, le brâme commence... :D

MessagePosté: Mer 14 Sep, 2005 17:49
de lopi
Cernunnos a deux torques : un à son cou, un dans la main. Celui qui est présent dans sa main droite représenterait au sud, la royauté, l'homme dans la société.
Le serpent, la relation avec le monde souterrain.
Cernunnos, un passeur d'âmes? un Seth gaulois? ça rejoint les propos de Pan...
A+
Lopi

MessagePosté: Mer 14 Sep, 2005 18:45
de Muskull
Je viens de lire un bout de texte sur les religions anatoliennes préhistoriques et proto. (dans un des bouquins proposées par Fergus :wink: )
Le taureau représentait en fait (attesté par des textes assyriens) "le dieu du tonnerre du ciel", pas le dieu du ciel vu qu'il y avait aussi une déesse du soleil. Le cerf et le taureau étaient adorés "à égalité" par des rites quasi semblables (pour ce que l'on en sait).
Mais si le taureau était le "mari" de la déesse mère, le cerf était le "fils jeune" réenfanté tous les ans !
La déesse et le dieu avaient aussi une "triple figure", ça ne vous rappelle rien ? :o

Et Lopi, le cerf avait déjà cette image double du nocturne et du lumineux, comme la déesse, le "fils préféré", le Mac Oc, Ogmios jeune, Ossian, etc...
le "dieu de l'orage du ciel" était juste "terrible" voire destructeur, à rapprocher de Iaveh le "dieu des volcans". :shock: (faudrait un smiley n'a qu'un oeil) :lol:

Waouh ! Trop géniaux ces bouquins ! Et j'ai lu que 33 pages docteur ! :wink:
C'est pas grave hein ? Un bon louzou c'est ! :lol:

Allez hop ! Tous les "branchus" sur Amazone !

http://www.amazon.fr/exec/obidos/search ... 12-9009745

MessagePosté: Mer 14 Sep, 2005 19:02
de Muskull
Z'oubliais un truc très important. Le cerf est l'emblème du roi, les cornes, la couronne, l'arbre de vie, l'arbre blanc ressuscité pour ceux qui aiment Tolkien. C'était déjà le fils aimé de la déesse le roi !
Pim, poum ! y'en a marre des frontières ! :113:

MessagePosté: Mer 14 Sep, 2005 19:28
de lopi
Cerf, torque, et position assise seraient des attributs royaux?
Celui qui assoie la société? (cf les banquets gaulois...)
Un Dieu qui assoie le Panthéon, et si l'on confronte ceci aux dires de Pan à propos du serpent, le dieu qui assoie le pouvoir temporel du Panthéon?
Ce serait Mars?
A+
Lopi

MessagePosté: Mer 14 Sep, 2005 19:29
de lopi
Un cornard est bien à sa place, alors?

MessagePosté: Mer 14 Sep, 2005 19:39
de Muskull
Voui, le mars de Numa, l'intercesseur vers le "terrible" géniteur des Foimore, la cata, l'épidémie, la famine, la terre gaste...
Aussi le Picus, le Pill Koad, le vert "frontière" du gué, le messager de Lailoken... :D
Le Rta est aussi cette barrière épineuse que l'on met entre le bétail et les fauves, avant le feu... domestiqué. :101:

Brame

MessagePosté: Jeu 15 Sep, 2005 8:45
de ejds
Sur l'âge du Cerf ?! :? :shock:

Muskull a écrit:Image

Noter que le cerf est "plus vieux" que Cernunnos. 5 et 3 au lieu de 4 et 3.


Le Cerf
par Etienne Alexandre.

Contrairement à une croyance largement répandue, l'âge d'un cerf ne se juge pas exclusivement au nombre de pointes qui composent son pavois, car, si effectivement chaque année il renouvelle sa ramure, celle-ci ne s'accroît pas forcement d'un nombre constant d'andouillers. Ce processus annuel est pour beaucoup dans le culte que les hommes proches de la forêt vouent au cerf, symbole de pérennité. Ce sont les cerfs les plus âgés qui, vers la fin février, perdent leurs bois les premiers.

[…] Comme nous l’avons écrit, le nombre de pointes ne correspond pas à l’âge réel d'un cerf : ainsi un animal de deux ans peut ne porter que deux pointes (daguet) ou en porter quatre (daguet fourchu); un cerf de cinq ans, comme un autre de quatorze, peut en porter 10, ...

http://www.horseinbelgium.com/faune_fr.html#cerf


Et sur le braaame du Cerf...!! :)

Leucobena a écrit:Chez nous, le brâme commence... :D


Le brame est la période la plus intense de la vie du cerf; c'est également l'époque durant laquelle sa présence est la plus manifeste. Le brame se déroule habituellement de la mi-septembre à la mi-octobre :
Brame du Cerf

Le promeneur, en plus de s'attirer les foudres des photographes en rentrant dans leur champ de vision, prendrait le risque de se faire charger par un cerf qui pourrait être amené à le considérer comme un rival potentiel. Quand on voit la taille exceptionnelle des bois et la force que les cerfs développent pendant leurs affrontements, l'exercice est vivement déconseillé :

http://www.diaph.org/galerie/theme.asp? ... 4&suiv=156


e.

MessagePosté: Jeu 15 Sep, 2005 10:25
de Leucobena
Le promeneur, en plus de s'attirer les foudres des photographes en rentrant dans leur champ de vision, prendrait le risque de se faire charger par un cerf qui pourrait être amené à le considérer comme un rival potentiel. Quand on voit la taille exceptionnelle des bois et la force que les cerfs développent pendant leurs affrontements, l'exercice est vivement déconseillé
:roll: :roll: :roll:


Forcément !!!!
Tu as pris ça sur le site d'un photographe, et qui travaille dans un parc animalier qui plus est !!!
Chez nous, c'est la vraie forêt, et on y va la nuit, souvent brumeuse, mon papa était chasseur :cry: et je sais me mettre sous le vent, pas face à lui .....
Quant aux andouilles qui vont trop près des cerfs, ma foi tant pis pour eux !

MessagePosté: Jeu 15 Sep, 2005 10:30
de Muskull
Des andouillers pour les andouilles ?
Les andouilles faut k'ça pendouille... :lol: :wink:

MessagePosté: Jeu 15 Sep, 2005 15:02
de Leucobena
Par les... non, non non non non non !!!!!! :oops: