Décidément Bolgios aime bien sauter du coq à l’âne au lieu de prendre le temps de créer de nouveaux fils ou faire remonter d'anciens fils pour mieux bûcher et répliquer aux quelques remarques ou questionnements/réponses précédents.
On connaît les fleuves, sources, montagnes, forêts, villes… divinisés, et l’inquiétante triade dont l’Hésus aux sauvages autels cité par Lucain, (
Pharsale,
I,) dont le nom forme le premier terme d’hommes gaulois
Esu-gernus, Esu-nertus… Mais qu’Esus ait laissé son nom à un pays ?! Pourquoi pas ! Mais…
Georges Dottin, "La Religion des Celtes", Librairie Bloud & Cie, 1908, 68 pages, p. 21-2, a écrit:
[...] Sur l'autel de Trêves est figuré un bûcheron abattant un arbre. Sur les branches de cet arbre sont perchées trois grues et on aperçoit dans le feuillage une tête de taureau. C'est évidemment une reproduction abrégée du mythe représenté sur deux faces de l'autel de Paris. M. S. Reinach a comparé les deux autels et démontré que Tarvos Trigaranus et Esus appartenait à la même scène (4).
L’interprétation de cette scène représente de grandes difficultés. M. d’Arbois de Jubainville (5) a eu l’ingénieuse idée d’en chercher la survivance dans deux épisodes de la principale épopée du cycle d’Ulster, l’Enlèvement des vaches de Cualngé. Dans l’un de ces épisodes, Cùchulainn, le champion d’Ulster, abat des arbres pour retarder la marche de l’armée ennemie. Dans un autre épisode, la fée Morrigu, sous la forme d’un oiseau, conseille la fuite au taureau Donn. Il y aurait là la mise en action d’une ancienne tradition celtique dont l’écho serait venu jusqu’en Irlande. Le nom d’homme gaulois Donnotaurus qui semble bien signifier « taureau Donn » serait encore une preuve de la communauté des légendes entre les Gaulois et les Irlandais. Mais la légende irlandaise ne saurait nous renseigner sur la signification primitive du mythe du bûcheron et du taureau aux trois grues.
(4) Revue celtique, t. XVIII, p. 258-266. Cf. t. XXVIII, p. 41-42 (fig.)
(5) Revue celtique, t. XIX, p. 245-250.
Ferdinand Lot, "La Gaule", Éditions Marabout, 1967, 448 pages, p. 67-8, a écrit:
La religion
[...] La linguistique ne nous fournit qu'une faible lumière pour l'explication de ces noms. [...] Pour Esus ou Hésus, on ne sait rien : on le rapproche du sanskrit asus « souffle, vie », pure hypothèse !
Les monuments figurés de l’époque romaine posent de difficiles problèmes. Dans l’un des deux blocs de pilier trouvés dans le sous-sol de Notre-Dame de Paris en 1711 et conservés au Musée de Cluny, une face représente un bûcheron abattant un arbre avec la désignation Esus ; l’arbre est sacré, c’est le saule. Une autre face représente un taureau sur lequel sont posées trois grues avec cette interprétation gauloise d'une interprétation transparente : Tarvos trigaranus (tarvos, « taureau », garan « grue ». Sur les deux autres faces sont figurés Jupiter (Jovis) et Vulcanus. Sur une face du second bloc est représenté un dieu dont la tête est ornée de deux bois avec l’inscription [C]ernunnos. Sur une autre face où un homme barbu menace un serpent de sa massue, on lit Smert[rios], nom d’un dieu celte. Sur les autres faces apparaissent Castor et Pollux avec leurs chevaux. Sur la stèle de Trêves reparaît le bûcheron abattant un arbre, mais le taureau est caché dans le feuillage et les grues sont perchées sur l’arbre.
Bienheureux qui donnera une interprétation de cette scène !