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Le point sur Burdigala (Bordeaux)

Déposez vos questions/remarques sur ce forum consacré aux connaissances actuelles concernant les Celtes...

Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice

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11 messages • Page 1 sur 1

Le point sur Burdigala (Bordeaux)

Messagede ejds » Ven 28 Jan, 2005 0:42

Oh hisse à bord, au bord de l’eau !
Les mystères insondables, dignes de la ville d’Ys, de l’évolution maritimo-commerciale et de l’écheveau des grands axes de navigation mer/fleuves sur la façade Atlantique ont de quoi nous laisser perplexes.
Ainsi Burdigala ou l’impitoyable, mais belle histoire à l’envers, – en clin d’œil et en deux volets – d’une ville portuaire gauloise, d’avant l’époque romaine, et qui aurait eu de quoi, de prime abord, et donc a priori, s’enorgueillir de découvertes fracassantes.
Pourtant, plouf dans l’eau !!! :shock: :shock:

Bordeaux - L'histoire
Bordeaux, l'autre capitale

Toute ville a son mystère, son secret intime. Bordeaux le conserve, rive gauche, dans une sorte d'obstination gasconne à ne pas se déployer au nord. Fière et frondeuse, Bordeaux la Girondine saura ne jamais se soumettre à ses envahisseurs et maîtres successifs. L'opulence de la cité marchande n'aura pas peu contribué à garantir cette belle indépendance de cœur et d'esprit.
Gérard Guicheteau

http://www.lepoint.fr/dossiers_villes/d ... did=129566

© le point 25/04/03

Au commencement du monde, il y avait les Graves, deux ou trois basses collines d'alluvions et de cailloux en pente douce, un espace que cernaient les forêts et que ravinaient deux courtes rivières et l'eau échappée des fonts. Rive droite, sur des falaises de calcaires et de mollasses creusées de grottes, au-delà d'un marécage recouvert et découvert selon les marées, de petits hommes se chauffaient au soleil entre deux chasses à l'auroch ou à l'ours. Bordeaux n'était encore que « ça » : une plage de graves inclinée vers la Garonne et deux criques perpendiculaires au fleuve, les embouchures de la Devèze et du Peugue.
Cependant, la véritable nouveauté historique allait être l'entrée en scène d'une grosse barque remontant cette fois le courant, portée par le flux de la marée comme une branche morte, voile affalée. La barque arrivait, disait-on, des terres boréales qui, au-delà du fleuve Océan, fournissent le fer et l'airain, le plomb et l'étain, l'or et l'argent, les pierres précieuses et l'ambre. Elle inaugurait la voie la plus courte entre l'Atlantique et la Méditerranée. Il ne serait plus nécessaire de contourner la péninsule des Ibères ou de longer l'Afrique. Des échanges commençaient entre ce que les marins aventureux allaient chercher au Nord, au milieu des glaces, des brumes et des rochers déchirants, dans ces « îles » que Strabon décrivit, et ce qui venait de la Grande Grèce ou de la Phénicie.
Les premiers habitants des Graves allaient se tenir cois jusqu'à ce que survînt du cœur de la Gaule, de l'intérieur de la boucle d'un autre grand fleuve, la Loire, un peuple gaulois indépendant d'esprit et de mœurs, les Bituriges - les Vivisques (vibisci) comme ils se nommaient pour se distinguer des Berrichons, les Bituriges cubi. Burdigala était fondée sous ce nom ; elle allait s'agrandir et devenir un emporion (un comptoir) majeur.

Burdigala, castrum et comptoir
Ainsi, la ville se fit par le commerce, uniquement par le commerce. On peut même dire qu'elle en était l'essence, comme le seront avec elle, mais plus tard, Londres, Venise, Anvers ou Lübeck. Et commerce veut dire échanges, ouverture, voyages, idées larges sur le large. Pour vendre, pour acheter, il fallait aller loin et imaginer. Sur place, le profit eût été maigre. Pour la bonne raison que Burdigala s'édifiait au centre d'un désert de « landes ». Et que le « bassin de population » n'était pas assez important pour épuiser les stocks. Mais les Bituriges, gens avisés, étaient là pour être des marchands, des entrepreneurs de croisières, et non pour faire les marins. À cette tâche, ils allaient employer de rudes spécialistes qui avaient fait leurs preuves : des Basques, des Ibères, des Santones, des Bretons.
Quand les légions romaines « pacifieront » la Gaule, les Bituriges vibisci accepteront volontiers les vainqueurs, car l'ordre favorise le commerce. Ils ne se fourvoieront pas avec les guerriers « chevelus » de Vercingétorix. S'ils se montrèrent à Rome pour le triomphe, à la suite de Jules César et de Publius Crassus, chef des légions conquérantes, ce fut à titre de marchands, pas de vaincus. Plus tard, Bordeaux deviendra une des capitales de la province d'Aquitaine qui s'étendait de la Loire aux Pyrénées. Mais elle s'installera uniquement sur la rive gauche. Ville ouverte, d'abord, puis « ville carrée », ceinte de murailles, au carrefour des routes venant ou conduisant au Médoc, aux ports de l'Adour et aux villes gallo-romaines de Marmande, Agen, Montauban, Toulouse. Le Nord s'arrêtait rive droite, face au forum. La batellerie régnait.

La paix romaine, qui dura quatre cents ans, a légué à la cité l'ordonnancement de sa partie centrale, des reliefs de constructions et des noms de rue tels que « Piliers de Tutelle » ou « Ausone ». La première appellation perpétue le souvenir d'un temple à la divinité tutela (tutélaire), protectrice de Bordeaux ; la seconde célèbre l'écrivain latin bordelais Decimus Magnus Ausonus, Ausone (310-385), fils de Jules, qui fut précepteur de l'empereur Gratien, puis préfet des Gaules, consul et propriétaire de vignobles. Le principal dieu romain de Burdigala, nul ne s'en étonnera, fut et resta Mercure. Comme se plaît à le souligner Camille Julian (un Marseillais, historien de Bordeaux et grand spécialiste de la Gaule, contemporain d'Ernest Lavisse) : « Il n'y a pas de dieu dont on trouve ici plus de statues... » Jupiter, alias Jovis en latin, n'a droit qu'au souvenir d'un temple, par la rue et la Porte Dijeaux. Bacchus, plutôt que Dionysos, demeure présent par une autre sorte de don, la vigne et le cépage biturica.

© le point 25/04/03 - N°1597 - Page 216

http://www.lepoint.fr/dossiers_villes/d ... did=129566

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Transport de la paille

Messagede ejds » Ven 28 Jan, 2005 0:53

Bordeaux – Archéologie
Pas de miracle en sous-sol
Une nécropole mérovingienne, les restes d'un port romain, quelques épaves et un petit «trésor» : les fouilles entreprises à Bordeaux ont permis d'exhumer d'intéressants vestiges. Mais les archéologues n'ont trouvé aucune trace de village gaulois : :shock: :shock:
Eddy Charpol

http://www.lepoint.fr/dossiers_villes/d ... did=120177

© le point 20/09/02

Patricia Sibela ne regrette pas son séjour ici. Commencée en novembre 2001, l'aventure aura même décidé la jeune femme à rester en France. Spécialiste de l'archéologie navale, titulaire d'un poste de recherche au Texas au sein du prestigieux Institute of Nautical Archeology, unique organisme privé du genre au monde, Patricia avait été contactée par le service régional d'archéologie (SRA) de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC). Sa mission : prendre en charge la partie « recherches d'épaves » à l'occasion des gigantesques fouilles entreprises en marge du chantier du tramway. Mais, dix mois après le début de ce que l'on annonçait comme une formidable aventure, la scientifique ne cache pas une certaine déception : « Les résultats sont intéressants mais plutôt maigres. Rien d'exceptionnel, en tout cas, alors qu'au départ le petit monde de l'archéologie s'était enflammé à l'idée de sonder le sous-sol bordelais. »

Du site Jean-Jaurès à celui des Salinières sur la rive droite et de la place Gabriel à celle de la Bourse, on a beaucoup creusé et on creuse encore. Une cinquantaine d'archéologues venus de la France entière à l'appel de l'Institut national de recherche en archéologie préventive (Inrap) donnent chaque jour le meilleur d'eux-mêmes.
Beaucoup conservent leur optimisme de jeunes chercheurs en dépit des aléas de la météo, qui transforment les sites en carrières boueuses, et malgré les contraintes du chantier du tramway, qui impose le respect d'un calendrier rigoureux. Sans parler du bruit assourdissant des travaux qui vrille en permanence les tympans. Beaucoup de sacrifices pour pas grand-chose, diront certains. De fait, l'euphorie des premières semaines s'est un peu estompée. Les fouilles sont terminées sur Jaurès, elles s'achèvent cours du Chapeau-Rouge et place Gabriel. Reste le chantier Saint-Rémy, qui doit s'ouvrir début 2003 et auquel s'accrochent les plus « mordus ». Mais, pour la plupart, l'évidence s'impose. Les entrailles de la ville n'ont pas livré les secrets qu'on espérait leur arracher. Du côté des épaves, notamment, le bilan s'avère plutôt décevant.

« La perspective d'un chantier de cette ampleur a peut-être un peu exacerbé les imaginations. C'est humain, commente Patricia Sibela. On pensait trouver des tas d'épaves. Or on les compte sur les doigts de la main. » Un fond de pirogue du XIVe siècle, les restes d'un bateau à fond plat d'une vingtaine de mètres, de la fin du XVIIe. Seul spécimen de navire de moyenne Garonne jamais retrouvé, il aurait servi au transport de la paille. Plus intéressant, un élément de bateau « à clins » (*) datant du Xe ou du XIe siècle. « Cette construction correspond à une tradition du nord de l'Europe. La découverte de ce navire constitue dès lors une première, puisqu'elle témoigne de l'existence d'un commerce maritime que l'on n'avait jusque-là jamais pu établir. On peut également en tirer quelques enseignements relatifs à la navigation maritime sur l'Atlantique, dont on ne sait pratiquement rien. » Autant de consolations pour l'archéologue qui, fin août, présentait le résultat de ses travaux en Grèce, à l'occasion d'un symposium international consacré à l'archéologie navale.
* Dont les flancs se composent de planches qui se chevauchent.

© le point 20/09/02 - N°1566 - Page 414
http://www.lepoint.fr/dossiers_villes/document.html?did=120177


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Messagede Tectosage » Ven 28 Jan, 2005 11:32

Bonjour,
La navigation sur la Garonne pose des questions face aux hypothèses historiques. Dès l'installation des Tectosages à Tolosa, vers -300, l'histoire toulousaine évoque la navigation sur le fleuve. Ce qui me parait suspect est le fait que ce fleuve ressemble plus à un torent capricieux qu'à une voie navigable. Cependant à l'époque des hautes eaux, au printemps lors de la fonte des neiges pyrénéennes, le fleuve peut recevoir des radeaux et éventuellement d'autres barques descendantes. La Tolosa romaine employait du marbre pyrénéen qu'il fallut bien convoyer et ce, probablement par voie fluviale ? Mystère !

Cordialement

Tecto
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Messagede Orgenomeskos » Ven 28 Jan, 2005 16:08

Mais non, mais non...le site de Burdigala n'est pas vierge de vestiges protohistoriques!

tiré de:

Richard BOUDET (sous la direction de) (1992), Les Celtes, la Garonne et les pays aquitains, ouvrage publié dans le cadre de l'exposition organisée par le Musée des Beaux-arts d'Agen du 29 Mai au 13 Septembre 1992, à l'occasion du XVIe Colloque de l'A.F.E.A.F. (Association Française pour l'Etude de l'Age du Fer), Agen, 108p.

Ce texte a été rédigé par D. Barraud, il figure page 32 et 33 de l'ouvrage pré-cité:

Bordeaux protohistorique (Gironde)

Située sur la rive gauche du fleuve, le lieu d’implantation de Burdigala présentait apparemment à l’origine une topographie et un environnement contraignants : d’un côté, au sud, le bassin intérieur marécageux ( ?) que formaient les rivières du Peugue, de la Devèze et du Caudéran, en mêlant leurs eaux avec la Garonne ; de l’autre, au nord, la présence de la terrasse alluviale de graves du Mont Judaïque et du Puy-Paulin, s’élevant de 10 à 12 mètres au-dessus du fleuve. De forme très allongée, cette plate-forme bien égouttée s’avançait jusqu’au contact de la Garonne, dominant au sud la basse vallée de la Devèze et ses affluents et, au nord, les marais de Bruges et les palus de Chartrons.

C’est sur cette terrasse naturelle que se positionnent toutes les découvertes protohistoriques réalisées à ce jour à Bordeaux : immeuble La France, immeuble des Dames de France et allée de Tourny (Pour immeuble de France : Barraud-Sireix, 1988)

Il est toutefois difficile d’imaginer la taille et l’importance de ces habitats au vu des surfaces fouillées. Mais sur le site de la France, la stratigraphie semble quasiment ininterrompue de la fin du VIème siècle av. J.C. à la Conquête romaine, avec des phases de développement plus ou moins importantes, pouvant correspondre autant à des phénomènes économiques qu’à des fonctions différentes du quartier. L’examen de la revue de la Société Archéologique de Bordeaux, et surtout des comptes rendus du XIXème s. réalisés par C. de Mensignac sur les travaux en ville, montrent qu’aucun autre témoignage antérieur à la Conquête, mis à part des objets isolés de tout contexte archéologique, n’a été signalé au-delà de la rue Porte-Dijeaux au sud, la place des Quinconces au nord, et une ligne fictive barrant la plate-forme de graves, un peu au-dessous du marché des Grands-Hommes à l’ouest. La fouille récente de ce dernier (1988), si elle a permis la découverte de matériel protohistorique résiduel, a montré l’absence totale de niveaux archéologiques ou de structures antérieures à la Conquête. Ainsi défini, l’emporion de Burdigala pourrait avoir une superficie maximum de 5 à 6 ha. C’est de ce noyau ancien que s’effectua le développement de la ville romaine.

Le site de « La France », rue Porte-Dijeaux :

L’étude d’ensemble du mobilier archéologique significatif permet de proposer une évolution chronologique assez précise de ce quartier bordelais.
C’est probablement à la fin du VIème siècle av. J.C. qu’apparaissent les premiers habitats.
La surface exiguë de la fouille n’a permis de dégager que quelques trous de poteaux avec leur calage et les restes d’une tranchée correspondant à l’emplacement d’une ancienne poutre sablière. Cet habitat est directement implanté sur le terrain naturel constitué par une terrasse de graviers.
A partir de cette période, l’occupation anthropique est quasi-ininterrompue jusqu’à la Conquête romaine.
Aucun grand hiatus chronologique ne semble en effet être décelable. Les sols d’habitat se succèdent régulièrement du Vème s. av. J.C. au IIème s. av. J.C. sans véritables bouleversements. C’est dans le courant du IIème s. av. J.C., avec le sol 2015, qu’apparaissent brusquement et en masse les importations d’amphores italiques. Mais la véritable rupture se produit dans les années 10/30 ap. J.C., date à laquelle un habitat privé construit suivant les techniques romaines remplace les sols de galets et les cabanes de bois et torchis du Ier s. av. J.C. Cet habitat gallo-romain s’installe en bordure d’une voie qui va constituer un des axes essentiels de l’urbanisme antique de Burdigala.
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Mercato

Messagede ejds » Dim 30 Jan, 2005 12:09

Topo sur les bateaux de Bordeaux
D'accord avec toi Orgenomeskos, mais en première apparence, point de construction de bateaux à l'époque celtique à Burdigala (!??!).
Simple escale relais, comptoir marchand dominé par des mercatores et negociatores ayant pignon sur port, et se livrant au commerce en gros des produits de première nécessité ou de luxe, de tout ce qui se loue, se vend ou s'échange (vins, métaux, tissus, fourrures, bêtes…).

Les laborieuses tâches de construction des navires et de transport de la marchandise étant laissées aux corporations de charpentiers et des armateurs / affréteurs spécialisés en marine marchande (Ibères, Basques, Santons, Britto-armoricains…), et peut-être aussi propriétaires de leurs chargements et des bois et forêts nécessaires à la construction navale. :?

Et pour Tecto, quant aux difficultés d'acheminement rencontrées par voie fluviale, elle parait avoir été résolue par acheminement par voie terrestre : :shock:

L'Etain : question et hypothèse

http://forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?t=1785

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Vivisces

Messagede ejds » Jeu 03 Fév, 2005 20:15

Burdigala : une ville située sur une sorte de lac marin :shock: :shock:

Les Bituriges Vivisces sont le seul peuple étranger qui soit établi chez les Aquitains, mais ils ne sont pas avec eux en communauté d'intérêts, ils ont pour marché Burdigale, ville située sur une sorte de lac marin que forme le fleuve à son embouchure.

Denys Le Périégiète - 1er siècle av. J.-C. - Originaire de Bithynie (?).
Description de la [terre] habitée.

Tome 1. II. I. Il faut parler dès à présent de l'Aquitaine et des quatorze peuples qui y ont été annexés, lesquels habitent entre la Garonne et la Loire et occupent, quelques-uns du moins, la vallée du Rhône et les plaines de la Narbonnaise (1).
À vrai dire, les Aquitains diffèrent de la race galate et par leur constitution corporelle et par leur langage; ils ressemblent davantage aux Ibères. Ils ont pour limite la Garonne et habitent entre ce fleuve et les Pyrénées. Les peuples Aquitains sont au nombre de vingt, mais pour la plupart petits et inconnus; les uns sont voisins de l'Océan, les autres s'avancent dans l'intérieur des terres jusqu'aux extrémités des monts Cemménes et au pays des Tectosages. Vu le peu d'étendue de ce département réduit à ces limites, on y a ajouté le pays, compris, entre la Garonne et la Loire; ces deux fleuves, à peu près parallèles aux Pyrénées, forment avec elle deux parallélogrammes dont les autres côtés sont déterminés par l'Océan et les monts Cemménes : le cours de chacun des deux fleuves est à peu près de deux mille stades. La Garonne, après avoir été grossi des eaux de trois rivières, se jette dans l'Océan entre le pays des Bituriges surnommés Oïsces et celui, des Santons, deux peuples de race galate.
Les Bituriges Vivisces sont le seul peuple étranger qui soit établi chez les Aquitains, mais ils ne sont pas avec eux en communauté d'intérêts, ils ont pour marché Burdigale (2), ville située sur une sorte de lac marin que forme le fleuve à son embouchure.
:?

(1) Suppléez pour la liaison des idées : Ne confondons pas l'Aquitaine et les Aquitains, car, à vrai dire, etc. »
(2) Bordeaux.


Extraits des auteurs grecs concernant la géographie et l'histoire des Gaules :

http://remacle.org/bloodwolf/livres/cou ... te.htm#104

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Lacustre

Messagede ejds » Dim 13 Fév, 2005 1:18

Burdigale
Les Bituriges Vivisces sont le seul peuple étranger qui soit établi chez les Aquitains, mais ils ne sont pas avec eux en communauté d'intérêts, ils ont pour marché Burdigale (2), ville située sur une sorte de lac marin que forme le fleuve à son embouchure.

(2) Bordeaux.


Burdigale/Bordeaux, une ville lacustre?!? : :shock: :shock:

http://www.gaulois.org/forum-aremorica/ ... p?id=11491

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marché et port séparés?

Messagede Orgenomeskos » Dim 13 Fév, 2005 13:51

Ejds es tu certain de tes références? je trouve l'extrait que tu cites dans Strabon, non dans Denys le Périégète :? et justement dans le lien que tu indiques...(Strabon, Géographie, Liv. IV, ch. II, 1),

Méfions-nous peut-être un peu de Strabon qui écrit à l'époque des grands bouleversements architecturaux et urbanistiques relevés par D. Barraud. La Ville décrite par Strabon était-elle la ville gauloise mourante ou la ville romaine naissante?
L'expression "ville située sur une sorte de lac marin" est très intéressante puisque qu'elle laisse supposer l'existence d'un habitat lacustre et signifierait que les 5 à 6 ha. d'habitats laténiens repérés ne seraient qu'une fraction de la Burdigala gauloise. On remarque que les vestiges retrouvés se trouvent tous à au moins deux cents mètres du fleuve. La vocation commerçante de la ville des origines ainsi que le texte de Strabon rendent inévitables l'existence d'un port. Celui-ci était-il détaché de la ville gauloise (le marché)? Un bras de la Garonne s'écoulait t'il au niveau des vestiges précédemment décrits?
Je doute pour ma part de l’existence d’une ville lacustre au niveau de Bordeaux, et comprend « au bord du lac » plutôt que « sur le lac » (Ex : Epinay-sur-Seine) pour une raison simple. Bordeaux se loge au niveau de la rive concave de la Garonne sur un léger abrupt qui domine le fleuve d’une dizaine de mètres. C’est au niveau de la rive concave d’un fleuve que l’on enregistre d’une part les plus importantes profondeurs au niveau du lit, le courant le plus fort mais également l’érosion la plus intense. Ainsi, à moins qu’il y ait eu un autre chenal à l’époque, je doute que cette rive ait été un site favorable à l’établissement d’une cité lacustre.
Le dragage de la Saône et de la Seine sont célèbres pour le mobilier gaulois retrouvé, qu'en est-il de la Garonne?
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Messagede ejds » Mar 25 Oct, 2005 10:21

Biographie d’Ausone
Bordeaux est ma patrie ; mais au-dessus de toutes les patries passe Rome. Mon amour à Bordeaux, à Rome mon respect. Je suis citoyen de l’une, consul dans les deux ; mon berceau est ici, là bas, ma chaise curule.
Ausone (Bordeaux, v. 310 – id. 394), poéte et grammairien latin, préfet des Gaules, de la Lybie et du Latium.

Regard
Comprendre les villes, c’est aussi comprendre les hommes, leurs vies, leurs histoires passées, leurs pensées et destinées.

Afin de confronter les textes, je reprends ici un passage cité dans le forum et un autre sur le net : :?:shock:

Gérard a écrit:En (re)lisant J.-J. Hatt, Le Roux & Guyonvarc'h et Ausone.

http://forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?t=3102

On parle souvent du syncrétisme en matière de religion entre la Gaule et Rome, après la conquête romaine;

Quand on pense qu'après 300, Ausone nous parle d'une "famille (?)" de druides, des notables, qu'il a connu, officiant dans un temple d'Apollon (Belenos). Druides persécutés par les romains? Ne pensez-vous pas qu'ils ont pris plutôt, avec l'accord des romains, place dans les temples construits en pierre à la romaine? L'envahisseur était tolérant en ce qui concerne la religion, pourvu qu'on sacrifiât à l'empereur. L'interprétation du texte d'Ausone dans le livre de Le Roux & Guyonvarc'h titré "Les Druides" (un titre "Les Druides selon les textes irlandais" eût été plus juste) est délicate. Les commentaires des auteurs discutables: "par politesse universitaire, il attribue une ascendance druidique", "badinage plus littéraire que savant", "une époque où plus aucun druide n'exerçait de fonction officielle". Les auteurs tiquent sur le caractère héréditaire de la charge sacerdotale, qui serait inconnu chez les druides. Je n'ai pas le texte latin d'Ausone. S'agit-il de famille, de caste, de lignée, de race, de filiation pédagogique?

gg

D. Magnus Ausonius

Sous l'Empire romain, les aristocrates gaulois ont si bien assimilé la culture romaine que l'on a pris l'habitude de les désigner comme les « Gallo-romains ». Parmi eux apparaissent d'authentiques écrivains qui apportent une contribution originale à la littérature latine. Ausone en est un bon exemple : né à Burdigala (aujourd'hui Bordeaux), au début du IVe siècle après J.-C., il étudie d'abord la grammaire et la rhétorique, puis devient professeur. Sa réputation est si grande que l'empereur Valentinien le fait venir à Trèves, une des capitales de l'Empire à cette époque, pour être le précepteur de son fils.

http://www.noctes-gallicanae.org/Ausone ... raphie.htm


Adhésion aux langues et aux principes grecs et latins en usage, raconter l’histoire d’Ausone c’est aussi aborder le celticisme finissant et effleurer le rattachement plus ou moins inévitable des citoyens de l’Empire à Rome.

Différemment peut-être, de nos jours aussi et non dénudé d'intérêt, les fonctionnaires des Etats de l’Europe sont rattachés ipso facto et d’autor à l’Union Européenne sans que quiconque n’y trouve à redire. Ou peut-être alors avec une petite pointe dissimulée de préférence et de diplomatie sentimentales ?!

Portraits de famille

Un trait qui va distinguer la société qui s’élabore, c’est la place qu’y tiendra la vie de famille. Cela c’est nouveau ; les affections familiales étaient, à peu de choses près, absentes des lettres comme de la mentalité antiques. Ce qui s’explique d’autant mieux que, du point de vue juridique, la famille dans l’antiquité classique n’existait pas : dans le droit romain, elle tient tout entière dans la personnalité du père de famille, le pater familias, qui exerce un droit de propriété sur les membres dont elle se compose, femme, enfants, esclaves, comme sur ses biens meubles et immeubles, avec une autorité pratiquement presque illimitée.

En Gaule, la famille paraît avoir eu dès les premiers temps une existence véritable. La femme tient sa place aux côtés de l’homme jusque dans les combats et les liens de parenté sont vivants comme ils le seront dans les sociétés barbares, germaniques ou nordiques. D’autre part, les archéologues sont frappés du très grand nombre de stèles funéraires élevées en Gaule par l’époux ou l’épouse survivant à son conjoint et dont les inscriptions sont conçues dans les termes les plus touchants.

Le premier écho de ces affections familiales dans la littérature, nous le trouvons chez le poète Ausone. Lui et les siens vivent précisément à une époque décisive du point de vue de l’histoire sociale ; et ses poèmes nous résument toute une évolution. Ils évoquent une société dont les origines celtiques sont encore très proches : le père du poète s’exprime plus facilement en gaulois qu’en latin.
Pourtant l’influence de Rome commence à se faire sentir ; Ausone lui-même occupe de hautes charges dans l’empire. D’autre part, cette société du IVe siècle est déjà imprégnée du christianisme ; la vie de famille va s’en ressentir profondément, puisque la femme est considérée désormais comme l’égale de l’homme et qu’il est conseillé à tous de prendre modèle sur l’enfant. On a parfois contesté qu’Ausone ait été chrétien, en dépit des prières qu’il adresse au Christ. Sa mentalité en tous cas est toute pénétrée de la douceur nouvelle dont les mœurs familiales vont être les premières à bénéficier.

Or Ausone a consacré toute une série de poèmes aux membres de sa famille auxquels il adresse ses vers tour à tour, pour former une véritable galerie de portraits. C’est par son père qu’il commence :

J’ai nom Ausone ; je n’étais pas au dernier rang dans l’art médical et, en ma jeunesse, j’ai même été au premier. Je tiens à deux villes voisines par ma naissance et par ma résidence, Bazas où je naquis, Bordeaux où j’ai eu mon foyer. Dans les deux curies et les deux sénats ma voix comptait, bien que je n’exerçasse de fonction que comme membre honoraire. Je m’étais ni riche ni pauvre, je me montrais économe et non sordide. Je ne parlais pas facilement le latin, mais dans la langue grecque je possédais assez de vocabulaire pour m’exprimer avec élégance. J’ai donné gratuitement à qui le demandait le secours de mon art et n’ai pas séparé ma profession de la charité.

Après ce portrait d’un homme, voici l’arbre généalogique de la famille à laquelle il a donné naissance :

Je n’ai eu qu’une épouse durant neuf lustres, sans grief ni mésentente. Nous avons eu quatre enfants. La première, une fille est morte au sein ; mon dernier-né, je l’ai perdu au début de sa puberté alors qu’il n’était déjà plus un débutant dans la vie. L’aîné (il s’agit du poète Ausone lui-même) s’est élevé au faîte des honneurs ; il a été préfet des Gaules, de la Lybie et du Latium ; son calme, son indulgence, sa sérénité se révélaient dans son regard, sa voix et sa figure ; envers son père il a eu l’esprit et le cœur d’un enfant. Son fils et son gendre, je les ai vus proconsuls et son consulat a été pour moi une assurance assurée.
Ma fille a eu l’honneur d’être mère et s’est montrée hautement respectable comme épouse et comme veuve ; elle a vu les maisons de son fils, de son gendre et de son petit gendre briller de multiples dignités.
Moi-même, sans rechercher les dignités ni les fuir, j’ai été nommé préfet de la grande Illyrie, cette indulgente générosité de la fortune m’a conduit à demander, après avoir remercié Dieu, la fin de ma vie : de crainte que le cours de cette existence heureuse ne se trouvât rompu par quelque fatale journée. Ma prière a été exaucée : espérances, souhaits, frayeurs, dans la paix finale où je dors, je les lègue aux autres. Parmi l’affliction de mes amis, sans être moi-même affligé, je réglai mes funérailles, et mourus. J’ai vécu 90 ans, sans bâton, le corps intact, dans le plein exercice de mes facultés.

Le grand-père Arborius
Voici à présent le portrait du grand-père Arborius, avec qui nous remontons aux origines celtiques, et probablement aussi druidiques par ses pratiques astrologiques : :?

Voici à présent le grand-père Arborius ; avec lui, nous remontons aux origines celtiques :

Mon aïeul maternel, Arborius, portait un nom d’origine éduenne, qui fut celui de beaucoup de nobles familles dans la province lyonnaise… Trop jaloux de cette famille et de ses orgueilleuses richesses, le malheur s’abattit sur elle : mon aïeul et son père furent proscrits sous le règne de Victorius et des deux Tetricus. Ce fut alors la fuite vers le pays de l’Adour et de l’océan de Tarbes. Depuis longtemps, il redoutait les coups d’un sort acharné contre lui, mais il s’unit à Emilie, pauvre elle-même, un peu d’argent gagné à grand-peine lui donna quelques consolations, mais non l’aisance. Il connaissait les nombres célestes, les astres dans lequel se lit notre avenir ; mais cette science-là, il la dissimulait. Il n’ignorait pas mon horoscope et l’avait consigné sur des tablettes cachetées sans en rien révéler ; mais ma mère, dans son affection, découvrit ce que cachait la tendresse attentive d’un aïeul timide.
Après avoir vécu 90 ans, après avoir éprouvé les traits redoutables de la fortune, il a pleuré un fils enlevé à 30 ans ; cette mort lui ôtait la lumière de sa vie. Une lointaine consolation lui restait, disait-il, celle du suprême honneur qui m’était réservé. Maintenant, mêlé à la foule des âmes anciennes, il connaît sûrement le destin de son petit-fils qui, après la questure, la préfecture, le consulat, lui adresse en hommage ce souvenir.

C’est évidemment le plus curieux des portraits qu’Ausone ait tracés, celui de cet ancêtre qui pratiquait l’astrologie en cachette et avait dressé l’horoscope d’un petit-fils promis aux honneurs les plus éclatants. S’agirait-il d’un ancien druide ? La chose n’aurait rien d’impossible. En tout cas, le contraste est grand entre ce visage et celui d’Ausone lui-même qui écrira : Bordeaux est ma patrie ; mais au-dessus de toutes les patries passe Rome. Mon amour à Bordeaux, à Rome mon respect. Je suis citoyen de l’une, consul dans les deux ; mon berceau est ici, là bas, ma chaise curule.

Les Gaulois,
par Régine Pernoud, le temps qui court, Éditions du Seuil, 1962, p. 155-158.

e.
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Messagede Thierry » Mar 01 Nov, 2005 12:33

"L'archéologue" a consacgré une revue entière à Bordeaux cet été, je l'avais déjà signalé et au contraire des articles mentionnés en tête de ce fil , les récentes fouilles ont permis de découvrir un important Burdigala protohistorique.

En rappel, donc :
[/url]http://forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?p=32019#32019[url][/url]
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Messagede Thierry » Mar 01 Nov, 2005 12:35

http://forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?p=32019#32019

Ca doit être mieux comme ça :oops:
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