Trafic
Le trafic intercontinental, longues distances, du commercial en gros implique le principe d’un acheminement structuré et fiable, d’une lente mise au point de moyens de transport et contrôle permanent de comptoirs routiers ou marins, principaux et secondaires, de l’échange, du troc d’abord puis de la monnaie.
Selon Tacite, les Vénètes frontaliers avec la Germanie, aux mœurs primitifs de coureurs à pied et de brigands, font preuve de piètre compétence dans l’art du commerce et de la voile.
Par contre, les entreprenants Vénètes italiotes, par leurs imprégnations méditerranéennes, leurs savoirs-faire et leurs héritages séculaires, possédaient, d’abord, une réputation de dresseurs de chevaux en renom dans l’Hellade et d’éleveurs de mules et mulets, indispensables pour le transport terrestre. L’on trouvera d’ailleurs trace de ces longues caravanes sur les légendaires routes de l’étain lorsque la navigation fait défaut par voie fluviale en Gaule.
Petit trot. Faisons parler les textes tout d’abord !
MOEURS DES GERMAINS.
De ces voyages en terres germaniques à la fin du premier siècle après JC, Tacite mentionne les Vénètes ou Vénèdes…:
http://remacle.org/bloodwolf/historiens ... rmains.htm
XLVI. Les Peucins, les Vénèdes et les Fennes (1), sont-ils des nations germaniques ou sarmates ? je ne saurais le dire. Toutefois les Peucins, que quelques-uns nomment Bastarnes, ont le langage, l'habillement, les habitations fixes des Germains. Tous végètent dans l'inertie et la malpropreté ; les principaux, en se mêlant par le mariage avec les Sarmates (2), ont contracté quelque chose de leurs formes hideuses.
Les Vénèdes ont pris beaucoup de leurs mœurs. En effet, tout ce qui s'élève de montagnes et de forêts entre les Peucins et les Fermes, les Vénèdes l'infestent de leurs brigandages. On incline cependant à les compter parmi les Germains, parce qu'ils se construisent des cabanes, portent des boucliers, aiment à se servir de leurs pieds et même se piquent de vitesse, différents en tout cela des Sarmates, qui passent leur vie à cheval ou en chariot. Quant aux Fennes, ils étonnent par leur état sauvage et leur affreuse pauvreté. Chez eux point d'armes, ni de chevaux, ni de foyer domestique. Ils ont pour nourriture de l'herbe, des peaux pour vêtement, la terre pour lit. Toute leur ressource est dans leurs flèches, qu'ils arment, n'ayant pas de fer, avec des os pointus. La même chasse nourrit également les hommes et les femmes : car celles-ci accompagnent partout leurs maris, et réclament la moitié de la proie. Les enfants n'ont d'autre abri contre la pluie et les bêtes féroces que les branches entrelacées de quelque arbre, où leurs mères les cachent. C'est là que les jeunes gens se rallient, que se retirent les vieillards. Ils trouvent cette condition plus heureuse que de peiner à cultiver les champs, d'élever laborieusement des maisons, d'être occupés sans cesse à trembler pour leur fortune et à convoiter celle d'autrui. Ne redoutant rien des hommes, ne redoutant rien des dieux, ils sont arrivés à ce point si difficile de n'avoir pas même besoin de former un vœu. Tout ce qu'on ajoute encore tient de la fable, par exemple, que les Helluses et les Osiones ont la tête et le visage de l'homme, le corps et les membres de la bête. Je laisserai dans leur incertitude ces faits mal éclaircis.
1. Les Vénédes, prés du golfe de Dantzik, au sud des Fennes.
2. Ce nom remplaça celui de Scythes, et fut appliqué, comme ce dernier, à un grand nombre de peuples divers, répandus entre les monts Karpathes, le bas Danube et le Pont-Euxin, s'étendant à droite vers le Caucase et le Volga, et à gauche dans tout le nord-est de l'Europe, jusqu'à la mer Baltique.
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Les Slaves, des origines aux premières principautés
Ces Vénètes ont fait l’objet d’étude par Michel Kazanski, chargé de recherche au CNRS au Centre d’histoire et civilisation de Byzance :
http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/Les_Sla ... pautes.asp
La question des origines : témoignages écrits…
Les témoignages écrits les plus anciens sur les Slaves, ou leurs ancêtres directs, semblent confirmer cette hypothèse. L’auteur romain Tacite mentionne, vers 98 après J.-C., des Vénèthes (Venethi), un peuple qu’il situe à la frontière entre le monde germanique sédentaire d’Europe centrale et celui des nomades sarmates de la steppe d’Europe orientale. Tacite ne savait pas à quel peuple rattacher ces Vénèthes : d’une part ceux-ci sont sédentaires et se battent à pied, comme les Germains, mais d’autre part ils ont un penchant regrettable pour le brigandage, comme les Sarmates. Pratiquement tous les chercheurs s’accordent sur le fait qu’il s’agit là du texte le plus ancien évoquant les Slaves, même si à l’époque antique existaient un certain nombre de peuples non slaves désignés par des noms semblables, comme les Vénèthes de l’Anatolie, ceux de la mer Adriatique ou encore ceux de la Bretagne. Cependant, Jordanès, auteur du VIe siècle de notre ère, confirme clairement que ces Vénèthes d’Europe orientale ne sont autres que les Slaves ; d’ailleurs, à l’époque médiévale, les Allemands et les Finnois donnaient encore ce même nom de Vénèthes à leurs voisins slaves.
…et vestiges archéologiques
Une série des sites archéologiques, dits de « la civilisation de Zarubincy tardive » – d’après le nom du village ukrainien près de Kiev, où l’on a trouvé ses premiers vestiges – ou « post-Zarubincy » sont attribués à ces Vénèthes dont parle Tacite. Ces sites ont été mis au jour dans le bassin du Dniepr, en Ukraine septentrionale, ainsi que dans les régions limitrophes de Biélorussie et de Russie. Il s’agit d’habitats non fortifiés, qui se caractérisent par une courte durée d’occupation. Ils comportent, en outre, de petits cimetières contenant des tombes à incinérations – avec les restes de crémation des défunts. Le caractère temporaire des sites de « post-Zarubincy », ainsi que les traces nettes de l’expansion de cette population vers le nord, dans la région du haut Dniepr, en Biélorussie, et de la haute Oka, en Russie centrale, confirment le témoignage de Tacite sur la grande mobilité des Vénèthes, comme sur leur capacité à mener des raids lointains.
Les données archéologiques montrent qu’au début de notre ère la civilisation des Vénèthes englobe différents éléments culturels, originaires de l’Europe centrale celtisée et germanisée, ainsi que d’autres, typiques des populations de la zone forestière de l’Europe orientale. Cette hétérogénéité prouve que la civilisation des ancêtres des Slaves est alors en pleine formation. Ce processus s’achève vers le IIIe siècle quand, dans le bassin du haut Dniepr apparaît une civilisation relativement homogène, dite de Kiev – car ses premiers sites se trouvent autour de la capitale ukrainienne – appartenant aux descendants directs des Vénèthes de Tacite, une population nombreuse ayant une mode de vie stable, basée sur l’agriculture. Leurs voisins au nord sont les peuples des zones forestières, finnois et baltes, et au sud les Sarmates et les Alains, deux peuples iranophones de la steppe russo-ukrainienne.
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