Très intéressantes vos remarques sur Uxellodunum, Elanis et Gérard. On voit que l’eau joue un rôle important dans le pourquoi de toute ville.
Effectivement pour Uxellodunum, existent potentiellement non pas une, mais après coup, plusieurs villes (comme la ville d’Is, que tout le monde revendique par intérêt, prestige oblige). Mais ce qui est intéressant de noter aussi c’est que bien souvent après la bataille, les lieux et leurs voisinages restèrent inhabités, comme si un mauvais aura les hantait.
Existerait-il donc d’autres lieux de vie non cités en Gaule ?!!
Du trésor gaulois du 1er siècle avant JC, cité en titre dans ce topic, pourrait'il s'agir plutôt d’un trésor ou butin de guerre romain déposé en offrande dans un temple gallo-romain (plutôt gallo ou plutôt romain ???)
A découvrir sur le net la traduction en français de :
César, De la Guerre des Gaules - Livre VIII.
(Je vous recopie-colle ci-dessous les passages les plus relevants sur la préface de Hirtius et sur les raisons, les manières de l’attaque et les violentes représailles contre "le" dernier bastion gaulois :
Uxellodunum).
http://bcs.fltr.ucl.ac.be/CAES/BGVIII.html
Fondamentalement, cette traduction française est celle de la Collection Nisard:
Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus: oeuvres complètes, Paris, 1865, 727 p. Le texte a été saisi optiquement et revu par Jean Schumacher. Quelques modifications ont été apportées à l'original de 1865: ainsi des divisions en paragraphes ont été ajoutées; l'orthographe a été modernisée; les chiffres et la graphie des noms propres adaptés aux éditions modernes. Les sous-titres proviennent de l'édition L.-A. Constants (C.U.F.).
Préface par Hirtius
(
1) Cédant à tes instances, Balbus, et puisque mes refus réitérés t'ont semblé moins une excuse tirée de la difficulté de l'entreprise qu'une défaite de la paresse, je me suis imposé une tâche bien difficile. (2) J'ai continué les commentaires de notre César sur ce qu'il a fait dans la Gaule, sans vouloir comparer mon ouvrage aux livres précédents ni à ceux qui le suivent. J'ai aussi achevé son dernier livre, qu'il laissa imparfait, depuis les événements d'Alexandrie jusqu'à la fin, non de nos dissensions civiles dont nous ne voyons pas encore le terme, mais de la vie de César. (3) Puissent ceux qui me liront être persuadés que je n'ai entrepris qu'à regret ce travail, et ne point m'accuser d'une vaine présomption pour m'être ainsi placé au milieu des écrits de César. C'est, en effet, une vérité reconnue de tout le monde, qu'il n'est pas d'ouvrage si laborieusement composé, que ces Commentaires ne surpassent en élégance. (5) Ils n'ont été écrits que pour servir de documents aux historiens ; mais leur supériorité est si généralement sentie qu'ils semblent moins avoir donné que ravi aux écrivains ultérieurs le moyen de traiter le même sujet. (6) Nous avons lieu de les admirer plus que personne : on en connaît la correction et la pureté ; nous seuls savons avec quelle facilité et quelle promptitude ils ont été composés. (7) Au talent d'écrire avec autant d'aisance que d'élégance, César joignait la plus parfaite exactitude dans l'explication de ses desseins. (8 ) Moi, je n'ai pas même l'avantage d'avoir assisté à la guerre d'Alexandrie ni à celle d'Afrique ; et, bien que je tienne de la bouche de César une partie des détails relatifs à ces guerres, autre chose est d'entendre des faits avec l'étonnement qu'excite la nouveauté, ou d'en avoir été soi-même le témoin. (9) Mais, tandis que je rassemble tous les motifs qui m'excusent de ne pouvoir être comparé avec César, je m'expose par cela même au reproche de vanité, en paraissant croire que l'idée de faire cette comparaison puisse venir à quelqu'un. Adieu.
Drappès et Luctérios à Uxellodunum
[8,32]
(1) Drappès et Luctérios, apprenant l'arrivée des légions et de Caninius, sentirent que, poursuivis par l'armée, ils ne pourraient pénétrer sur le territoire de la province sans une perte certaine, ni continuer en liberté leurs courses et leurs brigandages. Ils s'arrêtèrent sur les terres des Cadurques. (2) Luctérios, qui avant ses revers avait eu beaucoup d'influence sur ses concitoyens, et à qui son audace, toujours prête à de nouvelles entreprises, donnait un grand crédit parmi les Barbares, vint, avec ses troupes, unies à celles de Drappès, occuper la place d'Uxellodunum, anciennement dans sa clientèle, et très forte par sa position. Il en gagna les habitants.
Caninius investit la place
[8,33]
(1) C. Caninius, s'y étant aussitôt porté, constata que la place était de tous côtés défendue par des rochers escarpés, qui en eussent rendu, même sans garnison, l'accès difficile à des hommes armés : mais sachant que les bagages des habitants étaient nombreux, et qu'on ne pouvait essayer de les faire sortir en secret, sans qu'ils fussent atteints par la cavalerie et même par les légions, il divisa les cohortes en trois parties, établit trois camps dans des positions très élevées, (2) et de là il commença peu à peu, autant que le permettait le nombre des troupes, à tirer une ligne de circonvallation autour de la place.
Défaite de Luctérios, puis de Drappès
[8,34]
(1) À cette vue, les habitants, se rappelant tous les malheurs d'Alésia, redoutant un sort semblable, et avertis par Luctérios, qui avait assisté à ce désastre, de pourvoir surtout aux subsistances, arrêtent, d'un consentement unanime, qu'après avoir laissé dans la place une partie des troupes, les autres iront chercher des vivres. (2) Cette résolution prise, Drappès et Luctérios laissent dans la ville deux mille hommes de garnison, et sortent la nuit suivante avec le reste. (3) En peu de jours ils eurent ramassé une grande quantité de blé sur les terres des Cadurques, dont les uns le livrèrent de leur plein gré, et les autres le laissèrent prendre, ne pouvant s'y opposer. Cependant nos forts eurent à essuyer plusieurs fois des attaques nocturnes ; (4) circonstance qui engagea Caninius à suspendre la circonvallation, dans la crainte de ne pouvoir défendre la totalité de ses lignes, ou de n'avoir, sur plusieurs points, que des postes insuffisants.
[8,35]
(1) Après avoir fait leurs provisions de blé, Drappès et Luctérios vinrent camper à dix milles de la place, pour y faire entrer peu à peu leurs convois. (2) Ils se partagent les rôles : Drappès reste, avec une partie des troupes, à la garde du camp ; Luctérios escorte les transports. (3) Après avoir disposé des postes, il fait, vers la dixième heure de la nuit, avancer le convoi à travers les forêts et par d'étroits chemins. (4) Les sentinelles du camp ayant entendu du bruit, on dépêche des éclaireurs pour aller voir ce qui se passe. Sur leurs rapports, Caninius tire des forts les plus voisins les cohortes armées, et tombe au point du jour sur les fourrageurs. (5) Ceux-ci, effrayés d'une attaque aussi inopinée, s'enfuient vers leur escorte ; voyant alors qu'ils ont affaire à des ennemis en armes, les nôtres s'irritent, et ne veulent faire, dans cette multitude, aucun prisonnier. Échappé de là avec un petit nombre des siens, Luctérios ne put regagner son camp.
[8,36]
(1) Après ce succès, Caninius apprit par des prisonniers qu'une partie des troupes était restée au camp avec Drappès, à une distance qui n'excédait pas douze milles. Cet avis lui ayant été confirmé par plusieurs rapports, il pensa que, l'autre chef étant en lutte, il lui serait aisé d'accabler dans leur effroi le reste des ennemis. Il regardait comme un grand bonheur qu'aucun de ceux qui avaient échappé au carnage n'eût rejoint le camp de Drappès, pour lui porter la nouvelle de cette défaite. (2) Ne trouvant nul danger à faire une tentative, il envoie en avant et fait marcher contre le camp ennemi toute la cavalerie, ainsi que de l'infanterie germaine dont les hommes sont si agiles ; il laisse une légion à la garde des trois camps, et se met en marche à la tête de l'autre sans bagages. (3) Lorsqu'il fut à peu de distance des ennemis, les éclaireurs qu'il avait détachés lui rapportèrent que les Barbares, négligeant les hauteurs, selon leur usage, avaient placé leur camp sur le bord d'une rivière, que les Germains et les cavaliers étaient tombés sur eux tout à fait à l'improviste, et que le combat était engagé. (4) Sur cet avis, il fait avancer la légion sous les armes et en ordre de bataille. Puis il donne partout le signal, et s'empare des hauteurs. Cela fait, les Germains et la cavalerie, à la vue des enseignes de la légion, combattent avec la plus grande vigueur ; (5) aussitôt toutes les cohortes chargent sur tous les points ; tout est tué ou pris ; le butin est immense ; Drappès lui-même est fait prisonnier dans ce combat.
[8,37]
(1) Caninius, ayant terminé cette expédition heureusement, et presque sans perte, vint reprendre le siège ; (2) et comme il avait détruit l'ennemi extérieur, dont la présence l'avait jusque-là empêché d'augmenter ses postes et de travailler à ses lignes de circonvallation, il ordonna de continuer les ouvrages sur tous les points. Le jour suivant, C. Fabius arriva avec ses troupes, et se chargea d'assiéger l'un des côtés de la place.
César chez les Carnutes. Supplice de Gutuater
[8,38]
(1) Cependant César laisse le questeur M. Antonius chez les Bellovaques avec quinze cohortes, afin d'empêcher les Belges de former de nouveaux projets de révolte. (2) Il visite lui-même les autres états, demande un grand nombre d'otages, rassure tous les esprits par de consolantes paroles. (3) Arrivé chez les Carnutes, dont les conseils, ainsi que César l'a dit dans le livre précédent, avaient été la première cause de la guerre, et voyant que le souvenir de leur conduite leur causait de vives alarmes, il voulut dissiper sur-le-champ leurs craintes, et demanda pour le supplice Gutuater, instigateur de la dernière révolte et principal auteur de cette guerre. (4) Cet homme, bien qu'il n'eût confié à personne le lieu de sa retraite, fut cherché par la multitude avec tant de soin, qu'on l'eut bientôt amené au camp. (5) Ce fut contre son penchant que César se vit contraint d'accorder la mort de ce chef aux instances des soldats, qui lui rappelaient tous les périls, toutes les pertes qu'ils devaient à Gutuater. Celui-ci, après avoir été battu de verges jusqu'à la mort, eut la tête tranchée par la hache.
César à Uxellodunum
[8,39]
(1) Plusieurs lettres de Caninius apprirent à César le sort de Drappès et de Luctérios et la résolution opiniâtre des habitants. (2) Quoiqu'il méprisât leur petit nombre, il pensa qu'il fallait sévèrement punir leur obstination, afin que la Gaule entière ne crût pas que, pour résister aux Romains, ce n'était point la force qui avait manqué, mais la constance. Il était à craindre en outre, qu'encouragées par cet exemple, les autres villes, profitant de l'avantage de leur position, ne cherchassent à recouvrer leur liberté. (3) César savait d'ailleurs qu'il était connu dans toute la Gaule que son gouvernement ne devait pas se prolonger au-delà d'un été, après lequel, si les villes pouvaient se soutenir jusque-là, elles n'auraient aucun péril à craindre. (4) Il laisse donc deux légions au lieutenant Q. Calénus, avec ordre de le suivre à grandes journées ; lui-même, avec toute la cavalerie, se dirige en toute hâte vers Caninius.
Il prive d'eau les assiégés
[8,40]
(1) Lorsque César fut arrivé à Uxellodunum, où personne ne l'attendait, qu'il y vit la circonvallation achevée, ce qui ne permettait plus d'en abandonner le siège ; et qu'il eut, d'un autre côté, appris par des transfuges que les assiégés étaient abondamment pourvus de vivres, il essaya de les priver d'eau. (2) Une rivière traversait le vallon qui environnait presque en entier le rocher escarpé sur lequel était située la place d'Uxellodunum. (3) La nature du lieu s'opposait à ce qu'on détournât le cours de cette rivière ; car elle coulait au pied même de la montagne, et il était impossible de creuser nulle part des fossés pour en opérer la dérivation. (4) Mais les assiégés n'y descendaient que difficilement et par des chemins escarpés, et, si nos troupes leur coupaient le passage, ils ne pouvaient y arriver ni regagner la hauteur sans s'exposer à nos traits et sans risquer leur vie. (5) César, s'étant aperçu de leur embarras, plaça des archers et des frondeurs, disposa des machines de guerre vers les endroits où la descente était le plus facile, et par là interdit aux assiégés l'accès de la rivière.
[8,41]
(1) Toute la population n'eut dès lors plus d'autre ressource que l'eau d'une fontaine abondante, sortant du pied même des murs, dans cet espace, d'environ trois cents pieds, le seul que la rivière n'entourât pas. (2) On désirait pouvoir priver de cette eau les habitants ; César seul en vit le moyen. Il dressa des mantelets et éleva une terrasse vis-à-vis la fontaine, contre la montagne ; mais ce ne fut pas sans de grandes peines et de continuels combats. (3) En effet, les assiégés, accourant des hauteurs, combattaient de loin sans danger, et blessaient beaucoup des nôtres, à mesure qu'ils se présentaient. Rien ne put cependant les empêcher d'avancer à la faveur des mantelets, ni de vaincre par leur persévérance les difficultés du lieu. (4) En même temps, ils conduisaient des galeries souterraines, depuis la terrasse jusqu'à la source de la fontaine, genre de travail qu'ils pouvaient exécuter sans péril, et même sans que les ennemis s'en doutassent. (5) La terrasse s'éleva à la hauteur de neuf pieds ; on y plaça une tour de dix étages, non pour égaler la hauteur des murs, ce qui était absolument impossible, mais de manière à dominer la fontaine. (6) Les avenues se trouvaient ainsi exposées aux traits de nos machines ; et, comme les assiégés ne pouvaient plus y venir prendre de l'eau sans de grands risques, les bestiaux, les chevaux, les hommes même, en grand nombre, mouraient de soif.
Reddition de la ville
[8,42]
(1) Effrayés de ce triste sort, les habitants remplissent des tonneaux de suif, de poix et de menu bois, et les roulent tout enflammés sur nos ouvrages. En même temps ils font une vive attaque, afin que les Romains, obligés de combattre pour leur défense, ne puissent porter remède à l'incendie. (2) Dans un instant tous nos ouvrages sont en feu. Ces tonneaux, qui roulaient sur la pente, arrêtés par les mantelets et la terrasse, embrasaient les matières même qui les retenaient. (3) Cependant nos soldats, malgré le péril de ce genre de combat, et la difficulté des lieux, déployaient le plus grand courage ; (4) car l'action se passait sur une hauteur et à la vue de notre armée. De part et d'autre on entendait de grands cris ; chacun cherchait à se signaler, et l'on bravait, pour faire preuve d'une valeur qui avait tant de témoins, les traits des ennemis et la flamme.
[8,43]
(1) César, voyant qu'il avait déjà beaucoup de blessés, ordonne aux soldats de gravir de toutes parts la montagne, en jetant de grands cris, comme s'ils eussent voulu escalader les murs. (2) Épouvantés par cette manoeuvre, et ne sachant ce qui se passait sur d'autres points, les habitants rappellent ceux de leurs combattants qui attaquaient nos ouvrages, et les placent sur leurs murailles. (3) Alors nos soldats, n'ayant plus d'adversaires à combattre, se rendent bientôt maîtres de l'incendie, soit en l'étouffant, soit en le coupant. (4) Les assiégés continuaient à se défendre opiniâtrement ; et, après avoir perdu déjà une grande partie des leurs par la soif, ils persévéraient dans leur résistance, lorsqu'enfin nos mines souterraines parvinrent à couper et à détourner les veines de la source. (5) La voyant tout à coup tarie, les assiégés désespérèrent de tout moyen de salut, et ils crurent reconnaître, non l'ouvrage des hommes, mais la volonté des dieux. Vaincus alors par la nécessité, ils se rendirent.
Terrible châtiment des assiégés. Sort de Drappès et Luctérios
[8,44]
(1) César savait sa réputation de clémence trop bien établie, pour craindre qu'un acte de rigueur fût imputé à la cruauté de son caractère ; et comme il sentait que ses efforts n'auraient point de terme si des révoltes de ce genre venaient ainsi à éclater sur plusieurs points, il résolut d'effrayer les autres peuples par un exemple terrible. Il fit donc couper les mains à tous ceux qui avaient porté les armes, et leur laissa la vie, pour mieux témoigner du châtiment réservé aux pervers. (2) Drappès, qui, ainsi que je l'ai dit, avait été fait prisonnier par Caninius, soit honte et douleur de sa captivité, soit crainte d'un supplice plus grand, s'abstint de nourriture pendant plusieurs jours, et mourut de faim. (3) Vers le même temps, Luctérios, qui, comme on l'a vu, s'était échappé du combat, était tombé au pouvoir de l'Arverne Epasnactos ; obligé de changer fréquemment de retraite, et sentant qu'il ne pouvait longtemps demeurer dans le même lieu sans danger, il avait dû se confier à beaucoup de gens ; sa conscience lui disait combien il avait mérité l'inimitié de César. L'Arverne Epasnactos, fidèle au peuple Romain, n'hésita pas à le livrer enchaîné à César.
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