Bonjour celtisants et celtophiles!
Je vous livre en vrac un peu plus bas ce que j'ai rédigé il y a un ou deux ans, bien conscient qu'il y a là-dedans plus de questions que de réponses et aussi des erreurs et imprécisions.
Le cas de Bourbriac (que j'ignorais, merci JCE et Joël) est bien intéressant pour moi à cause de la longueur de la "lieue".
Le nom du mont contourné par la procession -le lundi de la Pentecôte- de Ceaucé (dpt Orne, 61), Margantin (merci Patrice) serait-il à rapprocher des monts "-gaud-" et "gargan"?
Remarquons qu'autour du Mont Margantin se rejoignent 4 communes: St-Brice, Torchamp, Ceaucé, Avrilly (quelles limites paroissiales?).
Le Mont M. est dans l'ancien évêché du Mans (doyenné du Passais?) et donc à 11 km à l'intérieur de la limite supposée de la cité des Diablintes au Bas-Empire (cf. carte p. 40 de "Recherches sur Jublains...", sous la direction de Jacques Naveau, éd; Documents archéologiques de l'Ouest, 1997). Au carrefour de voies anciennes, avec probable borne leugaire (2200m) gallo-romaine au N O du Mont M. : voie est-ouest (limite communale sud de St-Brice à 250 m au sud du sommet du Mont Margantin) et voie Jublains-Vieux. Cf. Carte archéologique de la Gaule. L'Orne 61, par Philippe Bernouis, 1999.
"MR, LG, LGR :
mille romain (1471-1481,5 m, selon la valeur du pied romain utilisé),
lieue gauloise hypothétique (~2400-2500 m),
lieue gallo-romaine (2206,5-2222,25 m, valeur variant selon la valeur du pied romain utilisé).
Le mille vaut 5000 pieds romains.
Le pied romain possède des valeurs variables:
le pied "tardif" (dès la fin du 2ème s.) de 29,42 cm,
le pied de 29,445 cm,
le pied officiel dit "monétal" (conservé dans le temple de Junon Moneta) est de 29,57 cm,
le pied "moyen" ou "arrondi" de 29,6 cm (dérivé du pied attique),
le pied issu du pied grec ancien de 29,6296 cm arrondi à 29,63 cm (serait-ce le même que celui dérivé du pied attique?).
La lieue vaut 7500 pieds.
La lieue gallo-romaine LGR du Bas-Empire serait en fait une lieue gauloise LG romanisée. Les valeurs différentes de la lieue gauloise hypothétique seraient dues à des valeurs de pied gaulois différentes.
Le pied gaulois trouvé à Criquebeuf est de 32,4 cm (Duval, p. 133).
Le pied gaulois trouvé (avant 1947 ?, Gallia, V, 1947, fasc. 2, p. 449-451, article de Georges MATHERAT, merci à "Hervé" de Picardie pour ce renseignement) à Senlis mesure 28,2 cm (Duval, p. 133).
Ils donneraient respectivement des lieues gauloises de 2430 m et 2115 m.
Le pied gaulois des Tongres fait 33,2 cm (J. Dassié), la possible lieue gauloise ferait alors 2490 m.
Le pied médiéval de Roy dit aussi "pied de Paris", de 32,48 cm, donnerait une LG de 2436 m. Ce pied est à l'origine, semble-t-il, de la lieue "d'une heure de chemin" de 4872 m.
Charlemagne tenta une unification des mesures de son empire.
Le pied de Charlemagne, 144 lignes pour 32,36 cm, a-t-il eu une réelle existence indépendante du pied de Roy? Il serait encore employé dans la ganterie (parisienne?) (32,4 cm en arrondi? Différent de l'arrondi attendu à 32,5 cm du pied de Roy). 7500 pieds de Charlemagne font 2427 m: je retrouve parfois cette valeur entre mes lignes (Limousin).
Dans le département de la Creuse, entre Guéret et Bridiers (en la Souterraine 23), le lieu dit le Trois-et-Demi en Fleurat rappelle le nombre de lieues pour atteindre Guéret d'un côté, Bridiers de l'autre, soit 17 km de chaque côté. En supposant exact le chiffre de 17 km, la lieue vaudrait ici 4857,14 m, 2 fois 2428,57 m. On serait alors proche de la lieue issue du pied de Charlemagne, mais reste à s'assurer des distances véritables de la voie "romaine"et de son tracé. A priori, il s'agit de sept lieues "d'une heure de chemin" de 4872 m. Existait-il une lieue spécifique à cette région?"
"Nous pensons à l’interprétation de la Troménie de Locronan (29) par Donatien Laurent (des rites de circumambulation (parfois liés aux ostensions?) sont attestés aussi en Limousin). Nous pensons au rite de fondation romain qui fait tracer au sol un carré (ou un quadrilatère?) avec ses diagonales et ses médianes pour consacrer un espace. Pomerium géant ? Des rites proches existeraient aussi en Inde. Mais nous sommes mal documenté sur ces sujets.
OSTENSIONS
Magnac-Laval (87) qui possède une procession "de Neuf Lieues", en fait de plus de 50 km suivant grosso modo les limites communales, dédiée à saint Maximin, le lundi de la Pentecôte, n’est pas à proprement parler une paroisse ostensionnaire.
A Limoges (87), ostension de saint Martial et autres le 12 novembre 994 sur le Montjovis (1263: Monjauvi, 1266: Mons Gaudii), avec guérison miraculeuse de personnes souffrant du mal des Ardents (pour le paysan romain l’hiver débutait le 10 ou le 11 novembre, information tirée de "Les campagnes en Gaule romaine", Alain Ferdière).
A Saint-Junien (87), il y a aussi un Montjovis (de mons gaudii?). La paroisse est ostensionnaire (depuis 1659 officiellement, par imitation de Limoges?) : saint Amand, fêté le 25 juin, saint Junien, fêté le 16 octobre, saint Théodore, fêté le 9 novembre.
Javerdat (87), à ~8 km au nord est de Saint-Junien, est paroisse ostensionnaire: les deux saints Jean solsticiaux et saint Blaise, fêté le 3 novembre.
Ces deux dernières ostensions préexistaient-elles, sous une forme non officielle, à l’autorisation de l’évêque de Limoges?
Les dates des fêtes des saints "ostensés" en ces paroisses sont proches des solstices ou de la Toussaint. De plus, y aurait t-il un lien étymologique entre les deux Montjovis, les deux Puy de Gaudy et la Mijoie (quelles prononciations dialectales?) ? Montagne de Gaudin, de Gauvin, de la Joie, ou du francique "protège pays" comme Anne Lombard-Jourdan interprète les Montjoie ? La légende dorée de Jacques de Voragine parle de saints Jules et Julien, autorisés par l'empereur Théodore à détruire les temples des idoles et à élever des églises (à l'emplacement de ces temples?). Ils bâtirent une église dans un lieu appelé Gaudianum. Il serait question de ce lieu dans Grégoire de Tours au livre de Julien (d'après La Légende dorée, éditée en français par l'abbé Roze, 1902,
www.abbaye-saint-benoit.ch). Certains toponymistes soupçonnent une origine gauloise à des noms en gaud- "borne, hauteur", quand il n'y a pas d'évidence pour le germanique –wald "forêt, bois"."
A-galon
GM