Le Christianisme Celtique

[Thierry]

Trêve de plaisanteries, Muskull, tu m'as lâché sur un fil; je ne le quitte plus.

Sérieusement, je me pose des questions.

Une des principales églises de Rouen est dédiée à Patrick, une autre, la plus belle, sans doute à Maclou - Malo qui lui est gallois.

Est ce le souvenir de l'évangélisation ? Est ce une présence bretonne constante depuis des siècles ?(ils sont partout )

En tout cas ma cité très catholique et romaine tient beaucoup semble t'il du christianisme "celtique"

En ce qui concerne St Patrick, la brochure que je citais le fait naître en Ecosse puis il aurait été enlevé et envoyé en Irlande. Qu'en est il ?

A+, Thierry

[Muskull]

Bonjour Thierry

Patrick (éléments de sa légende) :

Son nom est issu du latin Patricius, ce qui signifie en latin rien moins que "Noble". Saint Patrick est né à la fin du IVè siècle dans un petit village écossais. Son père était modeste décurion de l'armée romaine mais chrétien. Son destin bascula à l'adolescence, à 16 ans, quand il fût enlevé par des pirates, probablement au Pays de Galles, puis vendu comme esclave en Irlande, ou il exerça comme berger. Il allait y apprendre la langue irlandaise, ce qui lui serait utile plus tard.
Il s'enfuit quelques années plus tard, des songes l'ayant conduit à s'évader et à prendre le bateau, protégé par la puissance divine, pour son pays natal. Il échoua après trois jours de mer sur un rivage inconnu, puis traversa pendant vingt-huit jours des contrées inhabitées. Il était en Gaule.
Tout d'abord prêtre, dans le sillage de Saint Germain d'Auxerre, celui-ci le nomma évêque. De sa propre confession, d'autres songes l'ont conduit à devenir missionnaire dans son pays de détention, l'Irlande. Sa mission serait d'initier la conversion de ce pays au catholicisme. Il retourna là-bas, réussit à convertir le roi au pouvoir, et malgré de fortes oppositions fonda alors de nombreux monastères, construisit des églises, et surtout forma des apôtres à poursuivre sa mission, dont Saint Colomba.
Après avoir rencontré le Pape et fondé sur place son évéché à Armagh, cité devenue centre catholique de l'Irlande en ce Vè siècle. Il a parcouru toutes les contrées celtiques de la région et mourut dans la solitude en 461, à environ 70 ans.

Comme tu le définis très bien chez les "Arémoricains" Rouen est à la limite du domaine maritime et fluvial, donc un lieu d'atterrissage important, non d'OVNI mais de vaisseaux venant des îles.
Une des particularité du christianisme irlandais et gallois était le devoir de missionnariat. Il est donc probable que Rouen fut un vecteur ou un relais important à cette époque.
Reste à trouver des documents plus explicites

Une légende tenace dans la vie de ces saints, c'est leurs navigations dans des auges de pierre. Peut-on y voir des coracles lestés de pierres qui auraient étonné les Armoricains :?:

[LeVellave]

Pour les débuts du christianisme en Irlande, il faut lire saint patrick.

Voici la référence de ses ouvrages :

Saint Patrick, Confession et Lettre à Coroticus. Les éditions du Cerf, Paris, 1978.
Encore en vente sur Alapage.fr

Voici ce que l'on trouve dans cet ouvrage :
407- Patrick, seize ans est capturé par des pillards hiberniens avec tous les gens de la villa de son père, près du hameau de Bannauem Taberiae. Il est le fils du diacre et décurion civil Calpornius, lui-même fils du prêtre Potitus. En Hibernie, Patrick est chargé de faire paître le bétail dans le nord-ouest de l'île.
412- Automne, le berger Patrick s'enfuit après six ans de captivité. Il traverse l'île d'Hibernie d'ouest en est. Il embarque sur un bateau de pirates pour la Bretagne. Là, Patrick retrouve sa famille. Quelques années plus tard, il est ordonné diacre puis prêtre. Il étudie profondément la bible latine et fait un court voyage en Gaule.
432 - Après l'echec de Palladius en Hibernie, les évêques bretons demandent au prêtre Patrick de continuer l'evangelisation. Il part seul en Hibernie et réussit à faire de nombreuses conversions. Il fonde une église à Ard Macha. Il est capturé par une bande de païen mais il parvient à s'échapper après soixante jours de captivité.
435 - Corotic roi d'Aloo opère un raid en Hibernie au court duquel plusieurs nouveaux convertis de l'évêque Patrick furent massacrés et d'autres enlevés. Celui-ci envoie une lettre à Corotic pour qu'il relâche ses prisonniers. Mais celui-ci n'écoute pas l'évêque et vend les Hiberniens aux barbares Pictes. Patrick envoie une seconde Lettre à Corotic pour l'excommunié. Un peu plus tard, jaloux de la réussite de Patrick en Hibernie, certains évêques bretons le diffament par une campagne de dénigrement. L'épiscopat breton envoie une délégation auprès de Patrick pour enquêter sur ces moeurs. Les délégués condamnent Patrick à pénitence, mais vue sa réussite, ils ne le déposent pas. Pour se disculper de toutes attaques mensongères, il écrit sa Confession.

Voila en bref, ce que raconte Patrick de sa propre vie. Tout ce qui est contraire à ceci est considéré comme faux.

LeVellave

PS. Hibernie = Irlande, Aloo = Dumbarton.

[Muskull]

Petite vie de saint Malo,
par le frère Fulub

http://www.1000questions.net/br/Legende ... ermel.html

Extrait :
"Saint Malo a prêté son nom à trois paroisses de l'ancien évêché de Saint-Malo: St-Malo-des-Trois-Fontaines (près de Ploërmel), Saint-Malo-de-Beignon (Guer) et Saint-Malo-de-Phily (Bains-de-Bretagne). On trouve St-Malo-de-Guersac dans le pays de Nantes, la paroisse de Locmalo dans le Vannetais et St-Malo-de-la-Lande au nord de Granville, sans oublier Saint-Malo au Québec (près de Sherbrooke)… Il y a quatre paroisses "Saint-Maclou" autour de la ville de Rouen (dont le patron est St Malo), tandis qu'en Saintonge se trouve la forme "Macout"."

[Muskull]

Merci LeVellave

On s'est croisés. C'est en effet déjà beaucoup plus sérieux

Pour les curieux:
Aloo / Dumbarton se trouve en Ecosse. La ville de Dumbarton était ainsi la capitale de l'ancien royaume de Strathclyde, s'étendant de l'extrémité du nord du loch Lomond jusqu'à Morecambe dans le nord de l'Angleterre. Elle devient une cité royale en 1222. Le château de Dumbarton est un des sites fortifiés les plus anciens de Grande-Bretagne.

[Fergus]

Salut à tous,

Il y a un Saint-Malo-en-Donziois dans la Nièvre (c'est chez moué !), en plein centre de la Gaule et loin des côtes atlantiques.

La Vie de Patrick est disponible en anglais, en ligne à l'adresse suivante :
http://www.ucc.ie/celt/

[Fergus]

Le texte de la Confessio de Patrick, en anglais, se trouve à cette adresse :

http://www.uk-christian.net/boc/stpatrick.shtml

[Thierry]

Merci à tous pour vos renseignements,

et bien sûr les investigations discrètes mais fructueuses continuent

A suivre, Thierry.

[Muskull]

Bonjour

Saint Malo aurait participé à la navigation de Brendan d'après les annales.

Par ailleurs, j'ai trouvé un site très intéressant et riche d'informations sur saint Colomban (un mémoire de maîtrise en fait)
Il n'a pas remonté la Seine mais la Loire et est passé à Nevers (Fergus ). On y parle aussi de ses démêlés avec un certain Thierry
http://www.chez.com/stcolomban/

Il apparaît que le christianisme celtique se soit fondu plus tard dans l'Ordre Bénédictin...

D'autres ressources aussi sur la Normandie sur ce lien :
http://www.e-moyenage.com/ressources.htm

[Muskull]

Près de Rouen

L'Abbaye de Saint-Wandrille, comme sa voisine l'abbaye de Jumièges, a été fondée vers 650 par saint Wandrégisile ou Wandrille., disciple de saint Colomban.

Abbaye de Saint-Wandrille ou de Fontenelle

Monastère fondé en 649 par l' abbé Wandrille, sous l' impulsion et avec l' aide de Saint Ouen, pour favoriser la christianisation du pays de Caux. Il bénéficie largement de la générosité du Maire du Palais de Neustrie Erchinoald.

D'abord influencé par le monachisme irlandais, il devient au VIIIe siècle une abbaye de bénédictins.

De doctes abbés se succèdent : Eginghard, l' historien de Charlemagne, Ansegise qui établit le premier recueil de ses ordonnances (capitulaires).

En 831 la "Geste des abbés de Fontenelle" constitue la première histoire d'un monastère d' Occident.
http://membres.lycos.fr/heratlas/norman ... ntenel.htm

[Thierry]

Voilà, on tourne le dos deux minutes et on est mis en cause

Je n'ai rien à voiravec Thierry II de Boourgogne ( un sacré fainéant celui là )

Pour en revenir au fil, tout de même : Saint Ouen, Saint Martin de Boscherville (ex sanctuaire gaulois), Jumièges et Saint Wandrille, les abbayes de la vallée de la Seine sont autant de sites à voir et à revoir...

Salut, Thierry de Neustrie

[Muskull]

Bonjour

Il s'agit d'une question en rapport avec ce fil

Ne peut on voir dans l'hérésie pélagienne une tentative d'un retour à une éthique spirituelle druidique ?
Le libre arbitre et la capacité naturelle de l'homme à maîtriser son destin, entre autres...

Quelques éléments :
"Au Ve siècle, en Occident, l'hérésie pélagienne secoue gravement l'Église. Le moine Pélage (360-422), originaire de Grande-Bretagne, est installé depuis longtemps à Rome, où il se rend célèbre par sa propagande en faveur de l'idéal ascétique. Lorsque la ville est prise par Alaric, en 410, il se réfugie en Afrique, d'où il repart, dès 411, pour la Palestine, laissant à Carthage l'un de ses plus ardents disciples, Célestius. Celui-ci, minimisant, comme son maître, la notion de péché originel, met en cause la pratique du baptême des enfants.

Augustin, évêque d'Hippone, entame une longue lutte. Il rejette l'orientation moraliste de Pélage, car elle accorde trop d'efficacité à la capacité naturelle de l'homme, à sa liberté, et vide de leur contenu les mots de «grâce divine», d'«élection», de «prédestination». En effet, Pélage va jusqu'à voir dans la nature et son libre arbitre la première des grâces, et il risque de réduire le mystère de la Croix en faisant du Christ un simple modèle à imiter.

Cette doctrine séduit des aristocrates et se répand dans les monastères; bien que cette hérésie ait été maintes fois condamnée, elle gardera une influence considérable et restera jusqu'en 529 (concile d'Orange) une cause de discorde en Occident."
http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articl ... 39_p0.html

"Pélage, l'un des hérésiarque d'origine irlandaise (Grande-Bretagne, v. 360 / Palestine, v. 422) qu'Augustin a longuement combattu pour ses thèses qu'il percevait comme dangereuses pour la foi chrétienne. Le pélagianisme, doctrine réfutée par saint Augustin, fut condamné par les conciles de Carthage (412 et 416) et de Milève (416). Pélage rejette notamment le péché originel et la grâce, insistant sur le rôle du libre arbitre ; Augustin a clairement dénoncé ce que le pélagianisme a de pervers au plan de la doctrine chrétienne du salut, en niant de fait la nécessité de la grâce, et en enlevant tout "intérêt" à l'Incarnation du Christ : celle-ci devient inutile si l'homme peut se sauver seul."