Merci Muskull.
Je souhaitais effectivement évoquer la route de l'étain, pour laquelle nous disposons d'un témoignage tardif mais plus explicite que les commentaires de Diodore de Sicile, Hérodote ou Strabon sur les Cassitérides : il s'agit de la
vita sancti Joannis Eleemosynarii, composée en 641-642 par Léonce de Neopolis (*), qui fait le récit d'un échange commercial entre du blé, amené par bateau depuis Alexandrie jusqu'aux iles de Bretagne (
in insulis Britanniae) et dont le fret retour est constitué pour moitié par de l'étain (voir col. 346D-347C).
Que les "îles de Bretagne" en question soient les Scilly ou l'archipel du Morbihan reste discuté ; mais, dans les deux cas, la Bretagne continentale n'était donc pas très loin des grandes routes commerciales de l'Antiquité...
Cordialement,
AYB
PS: Ce texte a été traduit du grec en latin vers le milieu du IXe siècle par Anastase le Bibliothécaire, nouveau témoignage à verser au dossier de la connaissance de la langue grecque à cette époque par les clercs occidentaux, dont il faut reconnaître l'évidente disparité de niveaux : depuis de véritables maîtres, comme Anastase justement ou encore l’Irlandais Jean Scot Erigène, jusqu’à des traducteurs incontestablement plus besogneux, comme Hilduin de Saint-Denis. Je me suis efforcé ailleurs de faire le point sur ce que nous savons de la culture hellénique des hagiographes bretons de l’époque carolingienne : un bon exemple m'a paru être celui de
l’auteur des Gesta sanctorum Rotonensium [BHL 1945] parce que cet ouvrage, à l’avis des meilleurs experts — l’abbé Duine hier, F. Kerlouégan, P. Riché et B. Merdrignac aujourd’hui, sans oublier le dernier éditeur du texte, Mme C. Brett — est d’une latinité très correcte, sans la recherche stylistique excessive qui caractérise les productions de la Bretagne occidentale ; cette absence de maniérisme permet à coup sûr d’écarter l’éventuelle influence de la littérature hispérique, dont on s’efforce, sans toujours de succès, de retrouver les traces dans les textes hagiographiques bretons. En outre, la
vita sancti Benedictus Maceracensis [BHL 1145] nous apprend que Benoît (Euloge ?) était originaire de Patras (Grèce) et qu’aux temps carolingiens, il s’était établi à Massérac, à proximité immédiate de Redon, en compagnie de sa sœur et de neuf autres compagnons.