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MessagePosté: Sam 10 Nov, 2007 14:44
de Sedullos
Non parce que Guyonvarc'h explique que le récit christianisé de façon peu évangélique donne une généalogie biblique à Fintan.

Et le texte se termine par un poème précédé de ceci :
"L'Irlande était semblable au paradis et elle était une terre de promesse avec des fleurs pleines de miel sous le règne de Conn aux Cent Batailles..."


Les références :
Guyonvarc'h, Christian-J.
Textes mythologiques irlandais. I, Volume I / traduits par Christian-J. Guyonvarc'h. - Rennes : Ogam-Celticum, 1980.- 60-284 p. - (Celticum ; 11.1)

La veillée de Fingen (Airne Fingen), pp. 189-194 pour le texte, pp. 195-202 pour le commentaire

Voici la liste des dix merveilles

"1 le jaillissement de la Boyne,

2 la révélation de l'arbre de Fintan,

3 le réveil de Fintan,

4 la révélation de trois objets merveilleux :
-le casque de Brian,
- le jeu d'échecs de Crimthan Nia Nair,
- le diadème de Leogaire,

5 la révélation des cinq premières routes d'Irlande,

6 le rapprochement des tombeaux d'Eber et d'Eremon,

7 le jaillissement de trois fleuves extraordinaires,

8 l'anéantissement des quatre derniers Fomoire,

9 l'achèvement de la palissade de la forteresse d'Ailinn

10 l'arrivée de vingt-sept oiseaux blancs à Tara." texte de Christian-J. Guyonvarc'h, p. 195

Donc j'aurais du écrire TMI I, Volume 1 = Celticum 11.1

MessagePosté: Sam 10 Nov, 2007 14:49
de Jacques
Sedullos a écrit:Salut à tous,

Muskull,

Le point d'exclamation à la fin de ma phrase n'avait rien d'agressif.
Je n'étais pas pour les "smilies", au départ, considérant que la langue écrite peut mettre en forme la pensée sans la trahir, et c'est d'ailleurs un des défis de l'art d'écrire. Mais pour sacrifier à la frénésie des temps modernes, il ne nous reste que ces petites images pour changer du tout au tout le sens de phrases écrites comme des répliques orales.

MessagePosté: Sam 10 Nov, 2007 16:30
de Muskull
Légende de la ville d'Is chapitre II :
"Mais nous allons voir incessamment que le thème de la submersion est interprété par les celtes d'une façon très différente du déluge biblique..."

Plus loin les auteurs signalent que la ville sous la mer ou au fond d'un lac représente l'autre monde "sorte de Jérusalem céleste inversée". Mais aussi que les autres accès à l'autre monde sont les puits, les sources, les sids (monuments mégalithiques). Ils signalent aussi que plus le mythe est christianisé, plus la femme de l'autre monde est vue de façon négative. Les druides les combattent et plus tard les prêtres.
Les mythes gallois sont plus "tendres" avec elle comme la navigation de Bran.
Les submersions celtiques peuvent être vus comme des dérèglements de la fonction fécondante de l'eau attribuée anciennement à la déesse. L'analyse psychologique fait apparaitre de façon assez limpide que les rites qui lui étaient dédiés ont été chassés, repoussés dans l'inconscient collectif d'où il surgissent parfois de manière destructrice et ce toujours à une période charnière de changement de cycle, début ou fin de la période sombre.
Ces surgissements ne sont pas toujours aquatiques, ce peuvent aussi être les effets du "mauvais vent de Beltaine" qui peut apporter guerres et épidémies ; cela est lié dans les mythes irlandais comme nous le démontre le Livre des conquêtes.

MessagePosté: Sam 10 Nov, 2007 17:20
de Muskull
P.S. Un élément intéressant à propos de Beltaine d'après Véronique Guibert :
Si l'on menait le bétail près des sources sacrées (ayant un potentiel guérisseur) on les tenait éloignés des "maisons de fées", les sids.
Les fées étant devenues dans le folklore les descendantes des femmes de l'autre monde qui étaient toujours "les plus belles femmes qui soient au monde". :o

MessagePosté: Lun 12 Nov, 2007 12:00
de ejds
Muskull a écrit:Les fées étant devenues dans le folklore les descendantes des femmes de l'autre monde qui étaient toujours "les plus belles femmes qui soient au monde". :o

Une perception fantastique de cet autre monde paradisiaque, du refus du druidisme, du passage tout au fond du couchant vers le pays des joies sans fin, et où l’été et la jeunesse sont éternelles.

En avant-propos par l'auteur concernant le livre suivant, l'histoire de l’envoûtement par la magicienne des Collines féeriques de Connla, fils de Conn, l'amoureux qui se languissait en croquant la pomme : :shock:

C.-M. Garnier a écrit:---Image

----------------------AVANT-PROPOS
------------------------- ________

--- Le caractère de cette collection ne comporte
aucune référence savante.

--- Dans le champ prodigieusement fécond des
légendes irlandaises, nous nous sommes pour
notre choix limité à la Revue celtique et à trois
recueils principaux, ceux de P.M. Joyce, de
W.B. Yeats, et en français de Georges Dottin,
le regretté celtisant. Je remercie particulièrement
le poète Padraic Colum de ses indications
et mon jeune ami Donn Piatt, qui a traduit
du gaëlique La lamentable geste de Connlach
sur la version ancienne et la plus rude.

A tous merci.---------------------------------------G.


C.-M. Garnier a écrit:Connla, le prince aux cheveux d’or


ImageONNLA aux cheveux d’or était le fils de Conn-le-Vainqueur-des-Cent. Un jour qu’il se tenait avec son père sur la colline royale d’Usna, il aperçut venir vers eux une dame de mise étrange et de grande beauté. Quand elle se fut approchée, il lui demanda qui elle était et de quel pays elle venait.

---Je viens de la Terre de Vie, lui répondit-elle, terre qui ne connaît ni crime d’aucune sorte, ni vieillesse, ni mort. Les mortels nous appellent Fées des Collines, car c’est au milieu de collines verdoyantes que, dans des fêtes perpétuelles, sans ombre de querelles, nous passons nos heures innocentes.

--- Le roi et ses compagnons s’émerveillaient, car ils entendaient la conversation, mais seul Connla voyait la princesse.

---A qui parles-tu donc, mon fils ? dit le roi.

--- Ce fut la dame invisible qui répondit :

---Connla parle à princesse de noble parentage, non sans beauté et qui jamais ne connaîtra l'âge ni la mort. J'aime Connla aux cheveux d'or. Je viens pour l'emmener à Moymel, le pays des joies sans fin. Dès son arrivée, il y sera reconnu comme roi et, sans déboires ni chagrins, à jamais il y règnera. Viens avec moi, gentil Connla aux joues vermeilles, au cou tavelé de son, aux ondoyants cheveux d'or. Viens avec moi Connla bien-aimé, et libre de la menace des rides, tu garderas jusqu'au jour du jugement ta beauté mâle et digne de ta haute lignée.

--- Dans son angoisse, le roi de Tara fit appel à son druide, en le priant d'user de tout son pouvoir contre la magie de l'invisible fée.

---O Coran, maître de l'art mystique, rassemble tes incantations les plus puissantes, car si elles ne venaient à mon secours, la magicienne des Collines féeriques me ravirait mon fils.

---Le druide Coran sortit du groupe et se mit à proférer ses incantations contre la voix mystérieuse et magique. Pour cette fois, son pouvoir fut plus grand que le pouvoir de la voix et la dame invisible dut se retirer. Mais en s'est allant, elle jeta une pomme à Connla.

---Le roi et sa suite retournèrent au palais. Durant tout un mois, Connla refusa toute nourriture et boisson : il ne goûtait qu'à sa pomme. Chaque jour il la mordait et, chaque soir, elle était entière et parfaite. Il ne cessait de se languir en blessant à la jolie vierge des Collines et s'endolorissait et s'assombrissait. Au bout du mois, il se tenait aux côtés de son père avec les nobles de la cour sur la Plaine d'Arcomin. Soudain, de la région du couchant, il vit s'approcher la même dame de beauté. La Voix, cette fois, frémissait d'ironie contenue :

---C'est un glorieux sort, vraiment, que celui de Connla, mêlé aux pitoyables mortels de courte vie, le cou toujours tendu à la hache de la mort ! Là-bas, au contraire, les enfants de Moymel, qui jamais ne ressentent les atteintes de l'âge ni le froid de la mort, t'aiment d'un amour mystique et, te voyant guider avec ferme sagesse les assemblées de la patrie, ils t'attendent, impatients de te faire leur roi.

---Le roi de Tara, repris d'angoisse, fit appeler son druide. En entendant cet ordre, la dame invisible lui dit :

---Vaillant Conn, vainqueur des cent assaillants, la foi dans le pouvoir des druides connaît aujourd'hui piètre crépuscule. La loi de justice et d'amour monte, elle, à l'horizon. Bientôt seront scellées les lèvres de ces suppôts barbus du démon.

---Se tournant vers son fils qui, muet, semblait absent :

---Connla, lui dit-il, ton âme est-elle encore remuée par la Voix ?

---Père, je suis affreusement partagé et malheureux. J'aime mon peuple grandement et, pourtant, la Voix et la Beauté de la dame me remplissent d'un profond et délicieux tourment.

---Alors la Vierge des Collines, à l'adresse de Connla, chanta ces strophes d'une voix suave :

---La terre de Jeunesse et de fraîche vigueur,
---Qui ne connaît l’affront du mal ni des pleurs,
---Se cache aux lointains dorés du couchant

--------------- Aux bleus confins de l’Océan.
---------------Un volant canot de cristal
---------------Doublant la Roche de Fingal
---------------Nous emmène à la rive
---------------Où le soleil arrive,
---------------Sans l’ombre des druides,
---------------Sans le sillon des rides,
---------------Sans démons altérés,
---------------Sur les coteaux dorés
---------------Tout au fond du couchant,
---------------Aux bleus confins de l’Océan.


---Terre aux ruisseaux d'argent, aux courbes sinueuses,
---Où l'Eté vit toujours sa splendeur bienheureuse,
---0ù la fleur toujours veille, où le mal toujours dort,
---Sans le souci des ans ni l'effroi de la mort !

---------------La terre de l’asile
---------------Où le bonheur s’exile
---------------Tout au fond du couchant
---------------Aux bleus confins de l’Océan !
---Au mortel qui l’aborde, elle offre des blandices
---Qui passent la saveur des plus douces délices.
---------------Elle semble lointaine,
---------------A l’horizon des flots :
---------------Avant la nuit prochaine
---------------Nous verrons ses palais,
---------------Et puis, à tout jamais,
---------------Ses bosquets de bouleaux
---------------Deviendront notre asile
---------------Où le bonheur s’exile
---------------Dans le moelleux repos
---------------Des terres du couchant
---------------Aux bleus confins de l’Océan.

---Je t'y sauve, ô Connla mon prince aux boucles d’or,
---Et du druide faux et des fourbes démons ;
---Mon canot de cristal t'emporte aux heureux bords
---De la terre bénie où nous nous aimerons.

---------------Oui, loin des maléfices
---------------Du druide odieux
---------------Et des sombres offices
---------------Des démons envieux,
---Oui, je te sauverai, mon prince aux boucles d'or,
---De tout mal dans mes bras ! Le canot de cristal
---Nous porte sur les flots jusqu'au versant du val
---Où tu régneras, roi des jours et de la mort !


---La dernière note de la mélopée avait à peine vibré à l'oreille de Connla qu'il s'élança dans la barque magique, éblouissante et fine, fendant l'eau comme flèche de cristal. Le roi et ses compagnons la perdirent bientôt de vue dans l'incandescence du couchant, et un lourd émoi appesantit leur cœur. Présage justifié, car jamais dans son pays natal, on ne revit Connla, le prince aux boucles d'or.



---------------Image


Contes et légendes du pays d’Irlande, Charles-Marie Garnier, Éditeur Fernand Nathan, 1946, pp. 116-119, illustrations Maurice Lemainque, 256 pages.

e.

MessagePosté: Lun 12 Nov, 2007 17:00
de Muskull
Merci ejds pour cette version élégante de l'aventure de Condle le rouge.
L'on retrouve une variation du même thème dans la maladie de Cuchulainn.
Lors des fêtes de samain, Cuchulainn blesse une bansid sous une forme de cygne sur un lac (il y a deux oiseaux réunis par une chaîne d'or). Les deux femmes viennent le frapper pendant son sommeil le laissant à demi mort. Ensuite il tombe dans une langueur en tout point conforme à la maladie des ulates -sorte de rêverie amoureuse qui le rend impropre au combat- mais dans ce texte elles ne viennent pas chercher le héros pour elles-même mais pour le compte de Fand, l'épouse du dieu Mannanan qui a besoin de Cuchulainn pour aider son père.

En Irlande la femme de l'autre monde s'appelle la Bansid, Banshee en transcription anglaise.
Rhiannon (la grande reine) est également une bansid dans le mabinogi de Pwyll, il la rencontre alors qu'il se trouve au sommet d'un tertre. Elle devient à la fois /tour à tour l'épouse du roi de ce monde et du roi de l'autre monde qui sont en fait clairement dans le texte le double visage de la royauté. Ce lien entre les deux mondes est en général dévolu au druide ; celui que l'on appelle au secours quand la bansid "fait des bêtises". :131: :lol:

Si je dis que pour moi la bansid est une épiphanie de l'ancienne déesse qui autrefois régnait sans partage, je vais encore agacer quelques-uns, aussi je ne vais pas insister. :wink:

MessagePosté: Lun 12 Nov, 2007 18:26
de Jacques
Muskull a écrit:En Irlande la femme de l'autre monde s'appelle la Bansid, Banshee en transcription anglaise.
Et beansí en transcription irlandaise. Beansídh en orthographe ancienne, d'avant 1948, ça commence à dater :wink:

MessagePosté: Lun 12 Nov, 2007 19:04
de Muskull
Je citais l'orthographe utilisée par Guyonvarc'h avec l'accent aigu sur le i.
Comment tu fais pour le mettre ? Je corrigerai.

Leroux et Guyonvarc'h commence à dater aussi pour certains mais pas tant quand même, il y a là du très bon travail de pionniers, d'explorateurs de "matières" inconnues ou presque dans le domaine français.

MessagePosté: Lun 12 Nov, 2007 19:22
de Sedullos
Salut,

Muskull, tu l'as sur la gauche sous les smilies. Quand tu rédiges : choisis í ou une autre lettre accentuée.

Pour le coup, je suis d'accord avec toi, je préfère les graphies en vieil irlandais et la transcription anglaise qui donne des indications sur la prononciation.

MessagePosté: Lun 12 Nov, 2007 20:11
de Muskull
Merci Sed, c'est noté mais impossible de corriger ce qui est déjà publié.
Sinon je suis la transcription de l'écrit considéré comme pour Cuchulainn.
J'ose dire aussi que les remarques sur la forme peuvent noyer le fond mais là ce n'est pas toi qui est concerné. :wink:

MessagePosté: Lun 12 Nov, 2007 20:14
de Pierre
Salut Muskull,

Ancienne, nouvelle.... Tant pis, si je me met Rónán à dos, mais ce n'est pas bien grave. On a déjà un mal de chien à le lire. Il y en a bien un qui a cherché les "Twatadidanum" sur l'encyclo, et un autre 'Bannechies". Dur, dur (c'est pas toi par hasard) :P :P :P

@+Fourbos

MessagePosté: Lun 12 Nov, 2007 20:36
de Muskull
Je ne crois pas Pierre. :wink:
Mais comme toutes les traductions que j'ai des textes irlandais sont de Guyonvarc'h, il est logique que je suive sa graphie même si je ne suis pas aveuglément ses analyses.
Mais... si on revenait au sujet ? :D

MessagePosté: Lun 12 Nov, 2007 23:43
de Jacques
Sedullos a écrit:Pour le coup, je suis d'accord avec toi, je préfère les graphies en vieil irlandais et la transcription anglaise qui donne des indications sur la prononciation.
Moi, je me demande si l'orthographe d'avant 1948, avec ses nombreuses lettres qui ne se prononçaient plus, ne donnait pas des indications sur l'étymologie.
exemples : Gaeilge, la langue irlandaise, ancien Gaedhilge
seachtain, la semaine, ancien seachtmhain.
C'est Rónán qui pourrait nous en dire plus.

MessagePosté: Lun 12 Nov, 2007 23:49
de Jacques
Muskull a écrit:J'ose dire aussi que les remarques sur la forme peuvent noyer le fond mais là ce n'est pas toi qui est concerné. :wink:
Allez, prends ça dans ta besace ! :96:

MessagePosté: Mar 13 Nov, 2007 0:03
de Sedullos
Pierre a écrit:Salut Muskull,

Ancienne, nouvelle.... Tant pis, si je me met Rónán à dos, mais ce n'est pas bien grave. On a déjà un mal de chien à le lire. Il y en a bien un qui a cherché les "Twatadidanum" sur l'encyclo, et un autre 'Bannechies". Dur, dur (c'est pas toi par hasard) :P :P :P

@+Fourbos


Il faut reconnaître que ce sont des noms difficiles à lire et à prononcer.