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La Seconde Bataille de Mag Tured

MessagePosté: Lun 05 Avr, 2004 18:42
de Fergus
LA SECONDE BATAILLE DE MAG TURED
Première version

CATH MAIGE TUREDH


Texte :
Issu du manuscrit Harleian 5280, publié par Whitley Stokes, The Second Battle of Moyturra, dans Revue Celtique XII, 1891.
Traduction française par Ch.-J. Guyonvarc'h dans Textes Mythologiques Irlandais, éd. Ogam-Celticum, Rennes, 1980, pp. 47-59.

Résumé :

" Les Túatha Dé Danann étaient dans les Îles au Nord du Monde, apprenant la science et la magie, le druidisme, la sagesse et l'art. Et ils surpassèrent tous les sages des arts du paganisme ".
Ils apportent les quatre talismans : de Falias, la Pierre de Fal qui crie sous chaque roi qui prend l'Irlande. ; de Gorias, la lance de Lug, qui assure la victoire ; de Findias, l'épée de Nuada, à laquelle on ne résiste pas ; et de Murias le chaudron du Dagda, qu' " aucune troupe ne quitte insatisfaite ".
Les Túatha Dé Danann concluent une alliance avec les Fomoire. Balor, roi des Fomoire, donne sa fille Eithne à Cian, fils de Diancecht.
Ils viennent en Irlande et vainquent les Fir Bolg à la première bataille de Mag Tured. Beaucoup de Túatha Dé Danann tombent, et les Fir Bolg survivants se réfugient dans les îles.
Nuada ayant eu le bras coupé, on donne la royauté à Bres, fils d'Elatha.

Conception de Bres, fils d'Elatha :
Eri, fille de Delbaeth, regarde la mer. Elle voit venir un navire brillant, monté par un beau guerrier. " Ils s'étendirent alors ensemble ". Alors qu'Eri se lamente, l'homme lui donne l'anneau qu'il a au doigt du milieu, lui disant de ne le céder à personne, sauf à celui à qui il ira. Puis il lui dit se nommer Elatha, fils de Delbaeth, roi des Fomoire, et que l'enfant qu'ils viennent de concevoir s'appellera Eochaid Bres, c'est-à-dire Eochaid le Beau.
Dès sa naissance, Bres grandit deux fois plus vite qu'un enfant ordinaire.

On donne donc la souveraineté d'Irlande à Bres. Mais sous son règne, les Fomoire réduisent les Túatha Dé Danann en esclavage. Ogme porte du bois, le Dagda construit des forteresses.
Un Fomoire du nom de Cridenbel exige du Dagda les trois meilleurs morceaux de sa part, si bien que le Dagda dépérit. Sur les conseils du Mac Oc, le Dagda met trois pièces d'or dans sa part, ce qui fait mourir Cridenbel. Accusé de l'avoir empoisonné, le Dagda se justifie.

Diancecht avait mis un bras d'argent à Nuada. Miach, fils de Diancecht, lui greffe un vrai bras en trois fois trois jours en disant : " joint sur joint, nerf sur nerf ". Diancecht, mécontent, tue Miach de quatre coups d'épée. Miach est enterré et sur sa tombe poussent 365 plantes. Airmed, fille de Diancecht, " ouvrit son manteau et rangea ces plantes selon leurs qualités ". Mais Diancecht mêle les plantes.

Les Túatha Dé Danann reprochent à Bres de ne pas être généreux. Coirpre, un poète des Túatha Dé Danann, fait la première satire contre Bres. Les Túatha Dé Danann demandent la restitution de la souveraineté, mais Bres demande à rester encore sept années. Bres va voir sa mère qui lui révèle son ascendance, en lui donnant son anneau. Il réclame l'aide des Fomoire pour asservir l'Irlande par la force. Les Fomoire rassemblent une grande armée.

La venue de Lug à Tara :
Pendant ce temps, les Túatha Dé Danann ont réélu Nuada à la royauté. Alors qu'il donne un grand festin à Tara, on voit venir un grand guerrier. Le portier lui demande qui il est. Il dit son nom : " Lug, fils de Cian, fils de Diancecht, et d'Eithne, fille de Balor. " Le portier lui demande quel art il pratique, car il faut pratiquer un art pour entrer dans Tara. Lug dit successivement être charpentier, forgeron, champion, harpiste, héros, poète et historien, sorcier, médecin, échanson, bon artisan, mais à chaque fois il y a déjà quelqu'un pratiquant cet art. A la fin, Lug demande s'il y a quelqu'un pratiquant tous ces arts. Le portier va alors l'annoncer au roi : " Un jeune guerrier est venu à la porte de l'enceinte. Il s'appelle Samildanach (le " Polytechnicien "), et tous les arts que ta maison pratique, il les possède à lui tout seul, si bien qu'il est l'homme de chaque art et de tous ". On fait alors entrer Lug.
Ogme le défie de transporter une très lourde pierre, ce que fait Lug sans mal. Puis Lug joue les trois airs du harpiste : l'air du sommeil, l'air du rire et l'air de la tristesse.
On décide alors de confier la royauté à Lug, le temps qu'il délivre les Túatha Dé Danann du joug fomoire.
Lug, Dagda et Ogme se réunissent en secret pendant une année entière, puis Lug demande à chacun ce qu'il peut apporter à l'armée des Túatha Dé Danann.
Mathgen le sorcier jettera les montagnes sur l'ennemi.
L'échanson promit de cacher les eaux des lacs et des rivières aux Fomoire, et de les donner aux Túatha Dé Danann.
Le druide Figol, fils de Mamos, provoquera des averses de feu et affaiblira l'ennemi, pendant que les Túatha Dé Danann ne seront jamais fatigués.

Le Dagda rencontre la Morrigan et " ils firent une union ". La Morrigan dit qu'elle irait tuer Indech, l'un des rois des Fomoire.
On prépare la bataille qui doit avoir lieu à Samain.

Le Dagda se rend au camp des Fomoire qui lui fabriquent une bouillie géante dans un trou dans le sol. Ils l'obligent à tout manger, ce que fait le Dagda sans problème. Puis il s'endort. A son réveil, son ventre l'empêche de marcher normalement, il est débraillé et en érection. Il porte une branche fourchue qui traîne par terre et sert de frontière entre provinces. Il rencontre la Morrigan, mais ne peut pas la prendre " à cause de sa faiblesse ".

Les deux armées se font face. Neuf tuteurs empêchent Lug d'aller à la bataille, car il est trop précieux. Lug demande à nouveau à chacun ce qu'il apportera dans la bataille. Chacun son tour répondent : Goibniu le forgeron, Diancecht le médecin, Credne l'artisan, Luchta le charpentier, Ogme le champion, la Morrigan, les sorciers, les échansons, les druides, Cairpre le poète, Bé Cuille et Dianann les deux sorcières, et le Dagda lui-même.

Les armées s'affrontent en escarmouches. Les armes brisées des Túatha Dé Danann sont réparées par Goibniu. Les hommes blessés mortellement sont jetés dans la Fontaine de Santé d'où ils ressortent vivants, guéris par les incantations des quatre médecins : Diancecht, ses deux fils Octriuil et Miach (qui n'est plus mort !) et sa fille Airmed.

Les Fomoire envoient Ruadan espionner le camp des Túatha Dé Danann. Il blesse Goibniu mais celui-ci le tue. Les Fomoire comblent la Fontaine de Santé en jetant des pierres dedans.

Les armées se font enfin face, aussi terrible l'une que l'autre. Malgré ses neuf gardes, Lug s'échappe sous l'aspect de son cocher, et va à la bataille.
On se massacre, ce sont des flots de sang. " Effrayant en vérité était aussi le tonnerre qu'il y avait dans la bataille, par les cris des guerriers et le heurt des boucliers, l'éclat et le sifflement des glaives et des épées à garde d'ivoire, le bruit et le sifflement des carquois, le son et le vol des flèches et des javelots et le choc des armes ". " Une bataille fut livrée, sanglante, effrayante, multiple, sanguinaire, et la rivière Unius coulait parmi les corps d'ennemis ".
Nuada est tué par Balor. Ce dernier a un œil unique toujours fermé. Il faut quatre hommes pour soulever sa paupière. Une armée qui regarde cet œil devient faible et paralysée. Lug vient à Balor, son grand-père, et lui parle. Balor demande qu'on soulève sa paupière pour voir qui lui parle. Lug lui lance alors une pierre de fronde qui tue Balor.
Après cela, les Fomoire partent en déroute et sont rejetés à la mer.
On découvre Bres. Il est épargnés par les Túatha Dé Danann en promettant que les vaches d'Irlande auront toujours du lait, et que les hommes d'Irlande auront une récolte à chaque quart d'année.

Ogme le champion découvre Orna, l'épée du roi fomoire Tethra. Une fois dégaînée, Orna raconte tout ce qu'elle a fait.

Les Fomoire se sont enfuis avec la harpe du Dagda, nommée Uaitne. Le Dagda va la récupérer en chantant un air : elle quitte le mur où elle est accrochée, en tuant neuf hommes au passage. Puis le Dagda joue les airs du rire, de la lamentation et du sommeil, ce qui lui permet de s'enfuir du camp des Fomoire, non sans emmener tout le bétail d'Irlande.

Après la fin des combats et le nettoyage du champ de bataille, la Morrigan prophétisa alors :

" Paix jusqu'au ciel,
du ciel jusqu'à la terre,
terre sous le ciel,
force à chacun
. "

" Je verrai un monde qui ne me plaira pas :
été sans fleurs,
vaches sans lait,
femmes sans pudeur,
hommes sans courage,
captures sans roi ;

arbres sans fruits,
mer sans frai ;

mauvais avis des vieillards,
mauvais jugements des juges,
chaque homme sera un traître,
chaque garçon un voleur ;
le fils ira dans le lit du père ;
le père ira dans le lit du fils :
chacun sera le beau-père de son frère.

Un mauvais temps :
Le fils trahira son père,
La fille trahira sa mère.
"