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filiation d'Iseult

MessagePosté: Lun 22 Jan, 2007 11:59
de gaelwen
Dans le roman de Xavier Langleiz, Izold est la fille de Goron roi d'Irlande.
Ce nom de Goron est-il une invention de Langleiz ? Je ne l'ai pas trouvé par ailleurs ?
Quelqu'un connaît-il ce nom ? Est-ce un nom irlandais ? Qui veut dire quoi etc ?

MessagePosté: Mar 23 Jan, 2007 0:58
de Taliesin
chez Gottfried de Strasbourg, seul auteur à donner le nom du père d'Iseult, celui-ci, roi d'Irlande, s'appelle Gormon Coeur-Fier et il est né en Afrique.
Ce nom apparaît déjà dans le Brut de Wace, et dans l'Historia Regum Brittaniae de Geoffroy de Monmouth, qui en fait un roi des Africains venu envahir l'Irlande puis l'île de Bretagne. Il est allié aux Saxons et conclut un traité d'amitié avec Isembart, neveu du roi de France Louis, et qui cherche à déposséder son oncle.
Ce qui ramène à la chanson de geste "Gormont et Isembard", que Geoffroy devait connaître. Dans cette chanson, Gormont est un sarrasin, Isambart est un renégat franc passé à l'ennemi, et ils sont en lutte contre les barons français du roi Louis. Le fondement historique de la chanson serait une invasion de la France par une armée de Normands en 881. Ils furent vaincus par Louis III.

Le modèle historique du personnage de Gormont est peut-être le viking danois Gudhorm, roi des Angles orientaux, que vainquit en 878 le roi Alfred. Il mourut en 890. Les souverains danois du Northumberland était la plupart du temps également régent de l'empire viking de Dublin et c'est sans doute pour cela que Geoffroy en fait un roi d'Irlande.

Il y a un autre personnage historique qui est cité dans "Les royaumes celtiques" (p. 149) : il s'agit de Gormr, qui ravagea Anglesey en 855. Il conduisit aussi la flotte danoise qui battit les Norvégiens d'Irlande à Carlingford Lough. Il est probable que c'est cette même flotte danoise qui fit le sac de Paris et tint le royaume de Charles le Chauve dans la terreur. Les Annales d'Ulster annoncent que Gormr fut tué en 856 par Ruadri fils de Meirmenn, roi des Bretons (Rhodri Vawr, fils de Merfyn). Le bruit de cet exploit atteignit la cour de Charles le Chauve à Liège et Sedulius Scottus, un Irlandais membre de cette cour, composa un ode en l'honneur de cette victoire sur les Danois.

MessagePosté: Mer 24 Jan, 2007 13:02
de gaelwen
Langleiz aurait donc plus déformé (Goron n'est pas très loin de Gormon) qu'inventé.

MessagePosté: Mer 24 Jan, 2007 14:03
de Taliesin
déjà qu'Izold est une forme germanique....

En breton, on aurait du avoir Trestan hag Iseld : ces deux formes sont attestées au Moyen-Âge, à Douarnenez et Hennebont pour Trestan, Iseldis (forme latinisée) à Dol et dans les Mauges, entre Cholet et Nantes.
Iseldis dérive très certainement du cornique Esylt, attesté en composé de nom de lieu au 10ème siècle. A cet époque, le breton et le cornique, c'est du kif.

MessagePosté: Jeu 25 Jan, 2007 10:50
de gaelwen
Iseult vient (si ma mémoire est bonne) de Essylt en gallois.

En breton moderne, c'est Isild (et Tristan reste inchangé)

MessagePosté: Jeu 25 Jan, 2007 13:20
de Taliesin
petite autocorrection : la forme cornique du 10ème siècle est Eselt, Eselyt.

Sinon, pour être plus précis, je dirais que Essylt < Ethill, Ethellt est la forme galloise du nom de la copine de Tristan, Iseult étant une forme française qui, comme Isolt, semblerait plutôt venir d'un germanique Ishild ou Ethylda.

Quant au nom français Tristan - adopté par le breton moderne -, il viendrait en fait d'une forme galloise Drystan, Trystan transmise par l'écrit aux écrivains anglo-normands, qui lisait Tristan, ce qui se prononçait à peu près Treustan, prononciation très proche du breton armoricain Trestan.
Le nom d'origine est un vieux-brittonique Drustano- qui a donné aussi le nom picte Drostan, et la plus ancienne forme connue, celle du pilier de Fowey : dRVSTANVS

MessagePosté: Jeu 25 Jan, 2007 15:09
de gaelwen
En ce qui me concerne, comme origine de Tristan, j'avais trouvé un (vieux gallois) Drustagni.

MessagePosté: Jeu 25 Jan, 2007 17:25
de Patrice
Salut,

Et le prototype antique selon Alfred Holder: Adsalluta, souvent mentionné avec son parèdre Salus, tous deux fleuves en actuelle Slovénie.

A+

Patrice

MessagePosté: Jeu 25 Jan, 2007 17:40
de gaelwen
Rien compris ! C'est trop hermétique : le prototype de quoi ?

MessagePosté: Jeu 25 Jan, 2007 17:49
de Patrice
Selon Alfred Holder, Alt-Celtischer Sprachschatz, vol. 1, Adsalluta serait la forme antique d'Essylt.

Et c'est une rivière divinisée. Et son parèdre sur les inscriptions est Savus (et pas Salus comme je l'ai écrit), autrement dit la Save, autre rivière, en Slovénie.

Après, je peux aussi le dire en image, mais c'est plus long, parce qu'il faut que je les mettent sur un serveur.

A+

Patrice

MessagePosté: Jeu 25 Jan, 2007 18:02
de gaelwen
OK, ce n'est pas la peine d'insister là c'est bon on comprend ; tout à l'heure c'était un peu elliptique !
Et ton auteur ne donne pas le nom du père d'Iseult par hasard (c'est Le sujet) ?

MessagePosté: Jeu 25 Jan, 2007 18:24
de Taliesin
Kenneth Kackson - cité par Rachel Bromwich, TYP - donne Esyllt comme un dérivé du brittonique *Adsiltia "she who is gazed upon" (to gaze : regarder, gallois syllu, breton sellout) celle qui est regardée au-dessus ???

partant de là, risquons une hypothèse : Iseult serait une déesse aquatique, en rapport avec le regard. En outre, elle a des talents de guérisseuse : "elle était plus experte en médecine qu'aucune personne du royaume" dit Eilhart d'Oberg.

Minerva Sulis ?

MessagePosté: Jeu 25 Jan, 2007 19:50
de Patrice
Salut,

(c'est Le sujet)


J'ai le droit de faire des digressions, que je sache. Sinon, c'est que tu te contentes de peu.

Sinon, non, pas de père d'Iseult là-dedans. Peut-être Savus lui-même, mais sans preuve.

Intéressante, ta référence, Taliesin. Ca rejoint Holder.

A+

Patrice

MessagePosté: Jeu 25 Jan, 2007 20:01
de Taliesin
Il y aussi la forme Ousilla que seul Leland avait pu lire et noter au 16ème siècle sur le pilier de Fowey.

L'inscription complète du 6ème siècle serait :

dRVSTA[N]VS HIC IACIT
CVNOMORI FILIVS
CVM DOMINA OVSILLA

mais la lecture et même l'existence de cette troisième ligne ont été mises en doute par O.J. Padel : "Leland’s reading of the inscription, cited by de Mandach, is simply wrong, and there is no evidence that it ever consisted of more than two lines"

MessagePosté: Jeu 25 Jan, 2007 20:54
de Patrice
Salut,

Tout le détail sur ce caillou ici:

http://www.ucl.ac.uk/archaeology/cisp/d ... tld_1.html

La lecture n'est pas simple du tout. Seul Cunomorus est fiable, ce qui est déjà pas mal.

A+

Patrice