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quelques notes tirées de l'article : "D’Apollon-Maponos à Mabonagrain : les avatars d’un dieu celtique" par Maud Ovazza, Actes du 14ème congrès international arthurien, Rennes, 1985.
p. 465 : on retrouve le dieu celtique Apollon-Maponos sous les noms de Mabon, Maboun, Mabuz, Mabonagrain des romans arthuriens, dans les toponymes armoricains comme Kermabon, dans les noms de famille ainsi que dans les cartulaires.
Le culte de Maponos est particulièrement attesté dans la région du mur d’Hadrien (Bromwich, TYP, notes to personal names), des traces en ont été relévées en Gaule (inscription de Chamalières, étudiée par Fleuriot)
p. 466 : Mac Cana, dans Celtic Mythology (1973) précise que Maponos était, en Bretagne, considéré comme habile musicien et que, au moins une fois, on le trouve identifié à Apollon Citharède, cette conception des dieux comme poètes et musiciens n’étant pas rare chez les Celtes insulaires.
Mabon apparaît dans plusieurs textes arthuriens :
Kulhwch et Olwen : Mabon
Erec et Enide : Mabonagrain (dans l’épisode correspondant de Geraint et Enide, le personnage n’est pas nommé)
Lanzelet : Mabuz
Li Beaus Desconneus (anglais) : Mabon
Le Bel Inconnu : (Renaud de Beaujeu) : Maboun
Mabon est nommé presque partout, et ce dès les Triades galloises, « fils de Modron » la Mère, la Matrona gauloise. Les Triades en font un magicien, et, dans le Songe de Rhonabwy, il fait partie des chevaliers d’Arthur. Dans Kulhwch et Olwen, Mabon est un personnage important, le seul à pouvoir chasser le Twrch Trwyth, et il est retenu prisonnier dès la troisième nuit après sa naissance.
p. 467 : Trois aspects du personnage des textes gallois se retrouvent dans les autres textes arthuriens :
- magicien : Mabon-Maboun l’est dans les deux textes parallèles du Bel Inconnu et Li Beaus Desconneus (note perso : Mabuz est maître d’un domaine enchanté dans le Lanzelet) – Mabonagrain est chevalier d’un domaine magique (p. 470)
- chasseur : c’est son rôle principal dans Kulhwch et Olwen
- prisonnier : d’après les Triades, il est l’un des trois fameux prisonniers de l’île de Bretagne ; on retrouve cet aspect du personnage dans le Mabonagrain de Chrétien, retenu sur parole dans le verger enchanté de l’épisode de la « Joie de la Cort » (Erec et Enide)
p. 468 : dans les Triades, Mabon est le fils d’Urien de Reghed. On a donc, d’après les Triades, le trio familial Modron-Urien-Mabon.
D’autre part, Urien est sans cesse mentionné comme étant le père d’Owein, et il est connu comme l’amant de Modron. Dans une légende galloise, il viole une lavandière auprès d’un gué, la fille du roi d’Annwfn, qui n’est autre que Modron. Il a d’elle d’eux enfants : Owein, et une fille, Morfudd. On a donc un second trio : Modron-Urien-Owein
p. 469 : Mabon et Owein sont donc frères, et c’est ainsi qu’ils sont présentés dans Le Bel Inconnu et Li Beaus Desconneus.
p. 470 : dans les textes arthuriens, Owein est régulièrement associé à Mabon : Mabon et Irain dans Li Beaus Desconneus, Maboun et Eurayn dans Le Bel Inconnu, Mabonagrain serait la contraction des deux noms Mabon ac Owein (voir Lozac’hmeur). Les deux personnages sont associés en tant que magiciens dans Li Beaus Desconneus et dans Le Bel Inconnu.