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Lai des deus amanz et Véliocasses

MessagePosté: Sam 27 Aoû, 2005 12:33
de Taliesin
Bonjour ! :D

Le lai des Deux Amants, de Marie de France, est localisé à Pîtres, en Normandie, et, même si Marie dit qu'"un lai en firent li Bretun", il semble que ce conte renvoie à des traditions et rituels ancrés depuis très longtemps dans ce coin de Normandie.

Il s'agit de l'histoire du roi de Pîtres, qui refuse de marier sa fille, sauf à celui qui arrivera à la porter au sommet de la montagne qui domine la cité. L'un des prétendants, le préféré de la fille du roi, réussit l'épreuve, en refusant de boire le philtre que lui propose la jeune fille et qui doit lui redonner des forces, mais, à cause de cela, il meurt d'épuisement au sommet, et la fille meurt aussi de chagrin.

D'après Yolande de Pontfarcy ("Le lai des deus amanz et la survie en Normandie d’un mythe celtique authentique", Actes du 14ème congrès international arthurien, Rennes, 1985), "la source du lai des Deus Amanz serait un rituel d’élection de roi qui devait comprendre ascension de la colline avec la charge d’une jeune fille et, au sommet, coupe offerte au victorieux et mariage avec la fille du roi. […] Lié ou non avec le rituel d’élection de roi, il devait y avoir sur cette même colline des rites de fertilité qui comportaient l’ascension de la colline par un jeune homme ou par un couple et sacrifice de celui-là ou de ce dernier au sommet. Sans aucun doute, on n’a plus compris le sens du sacrifice humain, mais leur souvenir attaché à la colline est resté ancré dans la mémoire populaire.
L’origine de ces rituels ne peut être qu’autochtone et dater de l’époque gauloise.."

Jusqu'au 12ème siècle, Pîtres et sa colline ont été considéré comme un centre important, on a retrouvé des objets laténiens à proximité.
Pîtres fut un important lieu de résidence à l’époque gallo-romaine et mérovingienne. A l’époque carolingienne, Charles le Chauve y possédait un palais.

Le lai aurait donc pour origine un mythe celtique appartenant soit aux Véliocasses, soit aux Aulerques.

Est-ce que les spécialistes des Véliocasseries et autres Pîtreries (bon, je sais, elle était vraiment facile celle-ci !) en savent plus long sur le sujet et notamment sur la période gauloise de Pîtres et de sa colline ?

Autres aspect intéressant : les relations Bretons-Normands, et le fait que ce soient des Bretons qui transmettent un récit d'origine normande, alors que l'inverse est plus courant.

MessagePosté: Sam 27 Aoû, 2005 20:12
de Thierry
Salut Taliesin....

Je connais cette histoire que mon père m'a raconté gamin ( dela transmission orale veliocasse, quoi :lol: ) et il y a tout près de la Seine, la Côte des Deux Amants....Si je me rappelle bien, c'est un coin d'escalade, aujourd'hui...C'est sur la rive droite de la Seine, incontestablement au coeur du pays veliocasse.....archéologiquement sur une zone incontestablement TRES riche.....tombe à char, oppida, casque d'Amfreville sous les Monts....à creuser.... :wink:

MessagePosté: Dim 28 Aoû, 2005 9:32
de gérard
Bonjour,

Il faudrait étudier l'immigration bretonne (immigration de la Grande-Bretagne, pas de la Bretagne armorique) en Normandie, en particulier dans la Basse Seine, immigration qui semble notable (et logique géographiquement).Dans l'édition de 1980 de ses Origines de la Bretagne, Léon Fleuriot note que le sujet n'a pas été étudié (contrairement à l'immigration bretonne dans la Galice ibérique, P. David, 1947, Etudes historiques sur la Galice et le Portugal). Lire les pages de Fleuriot 149 à 156.
Il y a au moins 4 Saint-Maclou dans le coin. Fleuriot mentionne Pîtres (St-Condedus) sur sa carte 7 (possibles influences bretonnes, de Grande et petite Bretagne, en Normandie). Je n'ai pas cherché dans son livre pourquoi.
On peut imaginer (pure spéculation) que des moines, ou autres, bretons ont repris très tôt une tradition locale concernant le site de Pîtres et que Marie de France nous l'a transmise dans son lai.
Est-ce que la culture celtique a été plus vivace et a perduré plus longtemps qu'ailleurs dans la région? Les Bagaudes y ont-elles été actives?
Au vu de la richesse archéologique du coin, je me suis posé moi aussi la question.

Question: que sait-on de St-Condedus?

Cordialement,
gg

MessagePosté: Dim 28 Aoû, 2005 9:46
de gérard
J'ai trouvé ça pour le saint:
saint Condedus
Roman Catholic Saint. He was a 7th century exile from England who became a monk. He later lived a life of piety and solitude as a hermit on an island in the Seine. Condedus built several churches on the island which was later reclaimed by the river. His Feast Day is October 21th.

Ma traduction:
Saint catholique romain du 7e siècle , originaire d'Angleterre, devint moine, ... ermite dans une île de la Seine, bâtit plusieurs églises sur l'île (de la Seine? ndr) qui furent plus tard détruites par le fleuve. Fêté le 21 octobre.

Le nom du saint me fait penser à gaulois "condate" confluent.
Une confluence sacralisée? Une limite?

gg

MessagePosté: Dim 28 Aoû, 2005 10:37
de Thierry
Géographiquement parlant, le site est au débouché de l'Andelle vers la Seine....C'est la limite du Vexin et du pays de Rouen, et quasi de la Seine Maritime et de l'Eure....

Le coin est riche archéologiquement comme je l'indiquais brièvement hier...tombe à char à Belbeuf, oppidum à Orival, nécropole au Val de Reuil...Sur le franchissement de l'Andelle, un peu en amont, Ritumagus...Radepont, attestée comme un vicus encore important à l'époque gallo-romaine....

La curieuse quasi homonymie de Ritumagus et Rotomagus me laisse d'ailleurs un tantinet songeur....


Sur la christianisation "celtique" au V° VI° siècle, il n'y a aucun doute, je suis convainu que l'évangélisation en profondeur de la région ne date que de l'influence monastique d'origine insulaire attestée un peu partout, ne serait ce qu'à Rouen où deux des paroisses les plus riches sont consacrées à Maclou (Malo) et Patrice (Patrick).... :roll:

MessagePosté: Dim 28 Aoû, 2005 10:53
de Orgenomeskos
HAUBOURDIN - SAINT-MACLOU
La vie et la légende de Saint-Maclou


Très bon site consacré à la vie de Saint-Maclou et à la dispersion de son culte entre les Îles Britanniques et la France. A lire!

http://home.nordnet.fr/~jdujardin/haubourdin/mlegende.htm

MessagePosté: Dim 28 Aoû, 2005 11:08
de Taliesin
Mat an traoù ganeoc'h ? :D

Voici ce que dit Fleuriot sur saint Condedus (pp. 271-272) : "ce saint breton du 7ème siècle est toujours oublié, car il a émigré dans la région de la basse Seine et non en Bretagne occidentale. Ceci semble indiquer la persistance d'éléments bretons dans cette région, peut-être jusqu'à la conquête normande."

MessagePosté: Dim 28 Aoû, 2005 20:33
de gérard
Mersi bras, Taliésin

Je me demandais si c'était un saint anglo-saxon;

gg

MessagePosté: Dim 28 Aoû, 2005 21:49
de Taliesin
Ben, sur le Web, c'est pas très clair, certains sites le donnent comme Anglais, d'autres comme probablement Breton, comme sur catholic.org :

"Condedus, d.685 Probably a Briton, he became a hermit at Fontaine Saint Valery, France and then a Benedictine monk at Fontenelle. After a time there, he resumed his eremitical life on the island of Belcinae in the Seine near Caudebec, and when King Thierry III granted him the island for a hermitage, he built two chapels on it. He is also known as Conde or Condede. His feast day is October 21st."

Le tout est de savoir où il est né et quelle langue(s) il parlait...

MessagePosté: Mar 30 Aoû, 2005 9:26
de Thierry
Qu'appellait on "Bretons" au VII° siècles ? des insulaires ou des continentaux.....ce qui est certain c'est que ce monachisme "breton" va clairement s'attarder dans notre vallée (la Seine)....

Saint Condède est le Breton qui est à l'origine de la forêt Bretonne - Brotonne aujourd'hui, c'est à dire la plus grande forêt de Normandie, c'est aussi une forêt magique :wink:

A l'époque le cours de la Seine était parsemé d'îles....

A noter que ce secteur - à l'opposé de Rouen par rapport à Pïtres est encore plus lourdement chargé en passé celte - tombe à char de la Mailleraye - Oppida de Caudebec - éperon barré de Jumièges (site fortifié depuis l'âge du bronze)......

MessagePosté: Mar 30 Aoû, 2005 10:24
de Patrice
Salut,

Voici ce que j'avais écris il y a quelques années, dans un article sur les saints lexoviens:

Saint Cande :
Saint Cande ou Candre était fêté à Lisieux le 1 décembre. Le diocèse possédait d’ailleurs jusqu’au Condordat une enclave portant son nom située juste aux portes de Rouen. Du XIème au XVème siècle, on l’a toujours considéré comme évêque, mais sans siège précis. C’est seulement au début du XIXème siècle, avec le chanoine Leprévost, que l’on commença à l’assimiler avec un autre saint Cande, évêque, dont l’élévation des reliques est fêtée à Maastricht le 7 juin. Pourtant, chose étrange là encore, la cathédrale de Lisieux est sensé avoir abrité jusqu’au XVIIIème siècle des reliques de saint Cande. Il ne s’agit probablement pas du même personnage. Cande dérive du latin Candidus or un autre saint de Normandie porte aussi un nom dérivant de la même source : saint Condède ou Condé (Condedus, Candidus). Condède est né en Angleterre. Accompagné de Cinomaël (un Breton insulaire dont le nom signifie « prince-chien »), de Jean et de Zachée, il franchit la Manche et arrive à Fontenelle (Saint-Wandrille). Il s’installe ensuite sur une île nommée Belcinac, près de Caudebec, que le roi Thierry III lui concèdera. Finalement, il léguera tous ses biens à Fontenelle et décédera un 21 octobre. En dépit de la divergence de date dans le calendrier liturgique, il est fort probable que le saint Cande de Lisieux et le saint Condé de Fontenelle soient une seule et même personne. Toutefois, la date du 1er décembre, donné pour Lisieux, reste à expliquer.



A+

Patrice

MessagePosté: Mar 30 Aoû, 2005 19:46
de gérard
- A 4,4 km au SSW de l'église de Pîtres, sur la rive gauche de l'Eure, au nord du lieu dit "la Voie Blanche", on trouve "Candide", quartier de Léry (carte I.G.N. 1/25000).

- Entre St-Étienne-du-Vauvray et Pîtres, sur environ 8,5 km, les lits de l'Eure et de la Seine ont du constamment divaguer au cours des siècles, ainsi que le site de la confluence.
Si l'île de saint Condède était à cet endroit, pas étonnant que le fleuve ait recouvert les églises que le saint y bâtit.

- Fleuriot écrit, dans OB p. 272, que la vie de saint Condedus se trouve dans les Monumenta Germaniae Historica, Pass. Vit. Sanct. t. 5, p. 644 sq.
Avis aux historiens et latinistes spécialistes des Vitae…

Je me demande si ce saint n'a pas tiré son nom des confluences Seine, Andelle et Eure.
A-t-on une idée de la limite Calète – Véliocasses, le Vexin étant semble-t-il le pays des Véliocasses?
Si on retient l'Andelle comme limite, la région de Pîtres était à la limite de 3 peuples.
- Amfreville-sous-les-Monts, à 3,8 km de Pîtres, était peut-être un éperon barré (le pendant nord de Vernonnet, oppidum "sud" des Véliocasses sur la Seine?) selon la carte p. 33 de "La fortification de Vernon, recherches récentes sur un oppidum des Véliocasses" (Musée de Vernon, 1998).

J'en profite pour vous livrer en avant-première mes réflexions sur des sites probablement véliocasses, et calètes.

Vos réactions?

Cordialement,
gg

Entre Belgique et Celtique:

A Vernonnet (commune de Vernon), sur la rive droite de la Seine, le camp "romain" dit aussi "de César" – en fait un oppidum véliocasse de 78 ha partiellement fouillé entre 1924 et 1928 par A.-G. Poulain – abrite ce qui peut être interprété à la lueur des connaissances actuelles comme les restes d'un fanum (sanctuaire romano-celtique).

En particulier, les vestiges du bâtiment C abritaient une fosse avec des dépôts (votifs?). A l'est, l'oppidum est fermé par un ensemble fossé-talus partiellement fouillé entre 1992 et 1997 sous la responsabilité de Thierry Dechezleprêtre (mise en évidence, notamment, d'une porte monumentale au nord du talus). Le relief assurait sur les autres côtés des défenses naturelles. Ainsi, au nord-ouest du site, on trouve les hagiotoponymes Côte Saint-Michel (une chapelle S. t Michel y est effectivement signalée sur la carte de Cassini) et Côte Sainte-Catherine (probablement la légendaire Catherine d'Alexandrie, apparue dans un texte grec du début du 9e s. et patronne des étudiants en théologie de l'Université de Paris [Stéphane GENDRON, Noms de lieux du Centre, éditions Bonneton, Paris, 1998, p.94]). Les deux saints associés ici sont vénérés sur les hauteurs. Pour Catherine, citons le djebel Katherin dans la presqu'île du Sinaï). Ajoutons que Catherine aurait été sauvée par un ange (s'agirait-il de Michel?). La Passion de sainte Catherine dit aussi que cette vierge cultivée a été suppliciée à Alexandrie en 307 et martyrisée avec le dieu Mercure (notons l'association Catherine-Mercure-Michel).

La ligne "fanum de Vernonnet / église d'Ypreville-Biville" (commune du pays de Caux qui s'appela de 1973 à 1979 Saint-Michel-en-Caux. Où donc est localisé le Saint-Michel de cette commune? Selon Christian GUERRIN, N.R.O. n°35-36, 2000, p. 320, il s'agit du saint patronnant l'église paroissiale d'Ypreville à partir de laquelle la mesure a été prise. L'église originelle daterait du 12e s. [lettre de M. Guerrin datée du l5-01-2002]. Maintenant, quelle ancienneté à ce patronage?) mesure 96 959 m, 40 x 2424 m. Elle coupe les méandres de la basse Seine, traversant les territoires des Véliocasses et des Calètes. Ces deux peuples étaient les plus occidentaux de la Gaule Belgique: la Seine délimitait grosso modo Gaule belgique et Gaule celtique (à moins que ce ne soit la Bresle, fleuve entre Normandie et Picardie).

L'église d'Ypreville est à 19,4 km (8 x 2425 m*) de l'église Notre-Dame (14e s.) sise en Lillebonne, capitale des Calètes. On suppose que cette dernière église a été bâtie à l'emplacement d'un temple gallo-romain jouxtant le forum de l'antique Lillebonne (note du 03.01.2001: des fouilles archéologiques récentes viennent de confirmer l'existence du forum là où on soupçonnait seulement sa présence). Un fait certain est que les deux églises s'élèvent sur la même méridienne.
Observons aussi qu'entre Valliquerville et Ypreville, la ligne Vernonnet / Ypreville suit sur plus d'une dizaine de km la route départementale 926 qui mène à Fécamp et à son éperon barré de la Côte-du-Canada. Il serait intéressant de connaître l'ancienneté du tracé de cette route.


Dans le Vexin français:

« Cléri, Monjavou., Courdimanche
Trois points les plus hauts de Franche. »

Anne Lombard-Jourdan cite ce dicton médiéval dans son "Montjoie et saint Denis!", Presses du CNRS, 1989, p. 70, malheureusement sans donner ses sources ni la date de la plus ancienne attestation. Si, en partie pour les besoins de la rime, les trois endroits cités sont situés en "Franche", observons qu'ils le sont aussi dans le Vexin, autrement dit sur le territoire des Véliocasses. Est-ce un hasard si la mémoire populaire a regroupé dans un même dicton ces trois endroits?

On mesure, du fanum N 49°5,71' E 1°30,56' de Vernonnet, situé chez les Véliocasses à la limite des Aulerques Eburovices et aux confins des Carnutes, soulignons cette situation de carrefour de trois tribus, à:

1) Montjavoult, église du 16e s., 203 m d'alt. à N 49°12,938' E 1°47,116', lieu dédié à Jupiter selon Raoul de Presles (1316-1382) [en fait on a là plus probablement un Montjoie, monte iocundiaco en 832, avec cella dédiée à saint Martin en 862], 24 111 m, soit 10 x 2411,1 m, angle 56,28° (à l'église, à qui est-elle dédiée?),

2) Cléry-en-Vexin (où est l'église Saint-Germain-de-Paris du 13e s.?) château d'eau N 49°7,695' E 50,373', 175 m d'alt.), 24 299 m, 10 x 2429,9 m, LC 81,30°. Or le sanctuaire (temple – théâtre) de Genainville est sur cette ligne (LC81,31° si on retient pour le. sanctuaire les coordonnées moyennes N 49°7,283' E 1°46,278'), à 19 278 m, 8 x 2409,75 m du fanum de Vernonnet,

3) Courdimanche, église 160 m d'alt. N 49°2,176' E 2°0,16' lieu dédié à Apollon selon le même Raoul de Presles, 36 509 m, soit 15 x 2433,9 m, LC79,67° (les coordonnées retenues sont-elles bien celles de l'église Saint-Martin 1150-1200?)
Le milieu de cette ligne est à N 49°3,943' E 1°45,364', sur la limite communale entre Saint-Cyr-en-Arthies et Aincourt et non loin de celle de Drocourt (est-ce un hasard?), 18 254 m + 18 255 m LC79,67°. L'angle "sanctuaire de Genainville – ce point médian – fanum de Vernonnet" fait 89,83° (18,65 m d'arc manquent au bout des 6284 m de rayon pour faire 90°). Le triangle quasi rectangle a des côtés de 18 254 m, 19 278 m, 6 284 m.

Etonnantes corrélations alors que Raoul de Presles parle du souvenir des feux allumés annuellement par les Anciens sur les hauteurs de Montjavoult (Jupiter), de Courdimanche (Apollon) et sur celle du Mont Mercure parisien, en premier, c'est-à-dire celle de Montmartre!
Mais un feu sur Montmartre ne peut probablement pas être en même temps visible de Montjavoult – à plus de 54 km! – et de Courdimanche, comme laissé supposé par un texte de Raoul de Presles. Il est vrai que ces textes sont ambigus ou contradictoires. Par contre, de Cléry, en position centrale et en rapport avec le sanctuaire de Genainville, c'est possible. Là pourrait se situer le Mont Mercure situé – à tort? – à Montmartre par Raoul de Presles. Avançons aussi l'argument que les cinq endroits sont sur le territoire du même peuple.

Pour Anne Lombard-Jourdan, Mercure est à Montmartre, Jupiter à la Montjoie de la plaine du Lendit et Apollon à l'église Saint-Lucien de la Courneuve. Mais on peut avoir là une autre "Trinité", propre aux Parisii.

60 MONTJAVOULT, église du 16e s., 203 m d'alt., dpt de l'Oise. Point culminant de 207 m d'alt. Diocèse de Rouen. En 832 monte iocundiaco. "En 862 les moines de St Denis avait là cellam sancti Martini cum omni integritate" (R. Sindou, N.R.O. 25-26, p.287, d'après Dict. topogr. du dpt de l'Oise d'Émile Lambert). Un Montjoie? En tout cas, le culte de saint Martin, souvent localisé sur des lieux de culte païen, est passé par là. N 49°12,938' E 1°47,116'. Sépultures celtiques et restes gallo-romains (A Lombard-Jourdan, "Montjoie et saint Denis!", p. 72).

27 VERNON, à Vernonnet, dpt de l'Eure, Côte-Saint-Michel, chapelle Saint-Michel mentionnée sur la carte de Cassini, approximativement au point "113" de la carte I.G.N. au 1/25000e, camp "romain", dit Camp de César ou Camp de Mortagne, en fait oppidum véliocasse de 78 ha avec fanum probable (trouvaille de 18 monnaies, la grosse majorité de celles découvertes lors des fouilles) dans le bâtiment C (6,1 m x 7 m, le plus grand de ceux-ci, avec porte à l'est) fouillé dans les années 1920 et portes monumentales aux remparts. Actuellement... terrain militaire! Fanum: probablement à N 49°5,71' E 1°30,56'.

95 COURDIMANCHE, église Saint-Martin (1150-1200) N 49°2,176' E 2°0,16'. 154 m d'alt. Outils néolithiques.

95 CLÉRY-EN-VEXIN, 175-179 m d'alt., château d'eau. N 49°7,695' E 1°50,373', à 24 299 m du fanum de Vernonnet, angle LC81,30°. Où est l'église Saint-Germain-de-Paris du 13e s.? A N 49°7,688' E1°50,488'? La ligne Cléry / fanum fait alors 24 437 m LC81,37°.

95 GENAINVILLE, sanctuaire de sources et site gallo-romain du Vexin français en fond de vallée: conciliabulum du 2e s. associant temple carré (28 m de côté) comprenant deux cellae (avec fondations retrouvées d'un fanum dans une des cellae, ~N 49°7,283' E 1°46,278' 100 m d'alt.) avec nymphée à trois bassins attenant au côté sud du temple et théâtre de 110 m de diamètre aux Vaux-de-la-Celle (de la Salle sur carte IGN 1/25000e) sur 5 ha, fouillé depuis 1935. Sépultures de la période de Hallstatt (8e s. AC) près de la voie d'accès au temple.
Sommet du triangle isocèle de base 76 x 480,38 m 36 509 m 15 x 2433,9 m LC79,67° "fanum de Vernonnet / église Saint-Martin de Courdimanche".

La ligne Fanum Vern. / sanct. Genainville fait 40 x 481,95 m 19 278 m 8 x 2409,75 m LC81,31°.
La ligne égl. Courdimanche / sanct. Genainville fait 40 x 482,85 m 19 314 m 8 x 2414,25 m LC60,68° = 119°19,2', à partir de Genainville vers Courdimanche LbsupS le 26 janvier (cal. grégorien, 119°15') 100AC pour hh = 0,5°. A partir de Courdimanche, CbsupS (calendrier grégorien, 299°12') vers Genainville le 4 août 100AC pour hh = 0°. Début août, fête de Lug (avec aspect solaire) en Irlande. D'où l'association d'Apollon à Courdimanche?
La "quasi" hauteur du triangle isocèle fait 13 x 483,38 m 6284 m LC10,16°.
La ligne Fanum Vernonnet / église Montjavoult fait 50 x 482,22 m 24 111 m 10 x 2411,1 m LC56,28°.

Raoul de Presles cite Montjavoult ("Jupiter", javou pour prélatin *gaudio "hauteur (divinisée?) servant de borne?" et Courdimanche ("Apollon"), deux lieux liés à saint Martin (il ne parle pas de Cléry où l'église est dédiée à saint Germain).

MessagePosté: Mar 30 Aoû, 2005 23:26
de Thierry
Merci pour toutes ces précisions intéressantes.... :D

Je me permettrais juste d'indiquer que le territoire Veliocasse qui comprend le Vexin (français et normand) ne voit pas ses limites sur l'Andelle mais comprend le Pays de Rouen et s'étend aussi en rive sud, à l'Ouest de Rouen sur tout un pan du département actuel de l'Eure et que la limite Ouest avec les Calètes se situe soit à proximité de Duclair, soit à Jumièges (éperon barré) soit même à Caudebec où on trouve deux oppida en vis à vis...

Je ne partage donc pas ton avis sur la position de limite de la région de Pîtres; limite de pagus mais pas de la civitas toute entière et nous sommes là plutôt au coeur du pays des Veliocasses.


La Côte Ste Catherine, si nous parlons bien de la même, tire bien son nom de Catherine d'Alexandrie mais s'appelle aussi Mont Gargan et Mont de Rouen, c'est peut être le siège de l'oppidum Veliocasse qui donna naissance à Ratumacos.....C'est le site défensif par excellence qui à l'époque historique fût le siège d'une puissante abbaye rasée après le siège de la ville par Henri IV....Il faut dire que se trouvait aussi sur ce site un fort d'importance cruciale et que s'y joua trois sièges meurtriers pour la capitale normande au cours de la guerre de cent ans et des guerres de religion.....

A noter qu'en contrebas de l'abbaye à mi chemin de la ville se trouvait un ancien prieuré du XI° consacré à Saint Michel. Il n'en reste que quelques pierres mais certains archéologues locaux (à commencer par l'abbé Cochet) pensait très fortement qu'il préexistait à cet emplacement un sanctuaire antique.

Tu as raison d'attirer l'attention sur Vernon et l'oppidum qui a été fouillé à proximité, c'est à ce jour le plus important site Veliocasse mis à jour et la porte exhumée est tout à fait impressionnante...

Il ne faut pas oublier non plus que c'est à Amfreville sous les monts qu'on a découvert le casque du même nom qui est avec celui d'Agris est un des plus beaux casques d'apparât celte jamais exhumé....

Pour le reste je vais reprendre avec attention les indications que tu nous a donné :wink:

MessagePosté: Mar 30 Aoû, 2005 23:28
de Thierry
Ah j'oublais, l'île donnée à St Condède est située en face de Caudebec, rattachée à Brotonne aujourd'hui, c'est loin de Pîtres.

MessagePosté: Mer 31 Aoû, 2005 0:18
de gérard
Pour l'appellation "mont Gargan", qui me surprend, car je l'ignorais, peut-être une origine importée d'Italie (massif montagneux du Gargano où l'archange serait apparu à plusieurs reprises vers la fin du 5e s.), et lié au prieuré St-Michel dont tu parles?
Y a-t-il une autre explication ou des sources qui iraient à l'encontre de cette explication?
Le Mont Gargan limousin (Haute-Vienne) joue un rôle important dans ce que je crois être un réseau, mais enfin, il me faudrait des preuves…là où je n'ai que des soupçons (filiation dite "classique" par certains: Mercure – Michel et peut-être Lug – Mercure – Michel).

Rouen est à une cinquantaine de km de l'oppidum de Vernonnet, et du prieuré (on parle bien du même site? "Camp romain" sur la carte I.G.N. 1/25000).

gg

Sur les monts "Gargan" de France: sont-ils "toponymiquement" indigènes ou importés d'Italie avec le culte de l'archange?