Page 1 sur 1

Gildas et Arthur

MessagePosté: Dim 08 Mai, 2005 12:33
de Taliesin
Petite hypothèse dominicale :

Si Gildas ne parle pas d'Arthur dans De Excidio Britanniae, c'est que ce dernier était si peu connu à l'époque que Gildas n'en avait jamais entendu parler, où bien il ne lui attachait aucune importance.

Quelques arguments :

- Gildas ne s'adresse qu'à des chefs gallois et domnonéens.
- Les premières mentions d'Arthur (Historia Britonum, Gododdin) font toutes références au nord de la Grande-Bretagne. Sur les douze batailles d'Arthur mentionnées par Nennius, seules deux sont situées ailleurs que dans le nord, et on peut supposer que celle du Mont Badon vient de Gildas. (reste celle de Urbs legionis, identifiée à Chester)
- d'après la thèse de Kerlouegan, Gildas est pétri de culture latine, et même s'il connaît le breton et doit avoir entendu parler des traditions celtiques, il ne semble pas s'y intéresser. Quelques extraits :

"La part de la tradition orale, et surtout celtique, apparaît donc plutôt réduite. Si Gildas est le premier historien breton, on ne peut dire qu’il est un historien breton nourri de la tradition indigène."

"Gildas nous apparaît comme un écrivain totalement, ou presque, latin, dont l’esprit, quand il écrit, formule sa pensée selon les cadres qui sont ceux d’un auteur latin. Il est probable que Gildas connaît le breton, qu’il connaît aussi des éléments de la tradition indigène. Mais dès qu’il prend la plume, ce fond celtique passe à l’arrière-plan."

"Pour Gildas, la langue par excellence était le latin et, s’il parlait le breton, c’était pour l’usage le plus commun et pour s’adresser aux incultes."

"Ainsi je pourrais définir le milieu de Gildas comme un milieu fermé, comme une tour d’ivoire : un milieu tourné vers Rome mais coupé de l’évolution de la Romania, un milieu coupé des autres Eglises bretonnes. Gildas donne l’impression d’un conservateur anachronique et de ce fait séparé. Il a lu des auteurs latins, mais il est coupé de la grande littérature classique. Il écrit un latin correct et même recherché, mais ce latin n’a pas de contact avec la langue vivante. Il reste fidèle à l’Empire, mais l’Empire a vécu et l’idéologie impériale est en sommeil. Il vit au milieu d’un peuple dont il n’accepte ni la civilisation, ni la culture."

On a donc d'un côté un chef de guerre du nord, qui ne deviendra roi de l'île de Bretagne que bien plus tard, dans "Kulhwch et Olwen" et surtout sous la plume de Geoffroy de Monmouth, et de l'autre, un écrivain ecclésiatique profondément épris de culture latine, élevé dans un monastère du pays de Galles, et qui a passé plus de temps à lire les ouvrages d'auteurs latins qu'à s'intéresser à la culture et aux traditions de l'île.
Gildas ne nomme finalement que les chefs bretons avec qui il est en contact et en conflit, à l'endroit où il vit, c'est-à-dire le pays de Galles, ou bien aux endroits où il peut être amené à se rendre, comme la Domnonée, pour émigrer en Bretagne armoricaine, par exemple.