Salut JC et Gwalchafed ! Bonjour aux autres aussi !
Bon, JC, je vois que nous ne sommes pas vraiment sur la même longueur d’onde, tous les deux !
Différence de méthode, à priori : tu te bases sur le livre de Boulenger, qui reprend un roman du 13ème siècle, pour filer bille en tête au 5ème siècle. Ben, moi, j’suis pas si pressé : je musarde en chemin, j’élague, je fais le tri.
La première chose à faire serait de vérifier s’il y a des différences entre le texte de Boulenger et le Lancelot-Graal.
Ensuite, étudier les sources littéraires et les emprunts aux autres romans de la matière de Bretagne : Chrétien de Troyes, Tristan (le Lancelot-Graal a-t-il emprunté le motif de la bataille de Carhaix au roman de Tristan ? c’est intéressant de le vérifier, car, s’il y a un fond historique à cette bataille, ça change complètement d’orientation : Tristan nous ramènerait à Conomor), l’Historia de Geoffroi de Monmouth.
Repérer ce qui se rattache au contexte politique de l’époque.
Voir de quelle manière s’est effectuée la transmission de la matière de Bretagne. Ainsi, il va bien falloir parler de la conquête de l’Angleterre par les Normands en 1066, conquête à laquelle ont participé bon nombre de seigneurs bretons, principalement originaire d’un triangle Lamballe-Dinan-Fougères. Sont aussi originaires les seigneurs bretons qui émigrent à peu près à la même époque en Anjou, Touraine, et Maine. Or, c’est à partir de là que la légende arthurienne se répand dans ces régions et en Angleterre. Ainsi, quand on rencontre un Bohort de Ganne ou un roi de Lamballe dans les romans arthuriens, il vaudrait mieux vérifier d’abord le rôle des seigneurs de Dinan (propriétaires du château de Ganne) et Lamballe (ou de leurs poètes) dans la transmission de la légende à l’époque de Guillaume le Conquérant, plutôt que d’y voir tout de suite des princes curiosolites du 5ème siècle.
Repérer dans l’histoire médiévale bretonne armoricaine et insulaire, les personnages historiques qui sont entrés dans la légende arthurienne entre le 6ème et le 13ème siècle (Hoël, Alan Fergant…)
Pour finir, étudier les textes plus anciens, et donc plus près du 5ème siècle, qui mentionnent la légende arthurienne (Nennius, les textes gallois)
Voir ce qui reste.
Sinon, deux ou trois remarques sur ton post :
Geoffroi place le combat entre Arthur et Frollo sous l’empereur Leo, empereur de Constantinople de 457 à 474. Question : y a-t-il eu une expédition de Bretons sur le continent pendant cette période. Réponse : oui, celle de Riothamus en 469. Si on identifie Riothamus à Ambroise Aurélien, comme l’a fait Fleuriot, on remarque que Geoffroi ne parle d’aucune expédition d’Ambroise en Gaule. Non seulement, il réutilise le combat entre Maxime et Gratien, mais, à priori, il met sur le compte d’Arthur l’expédition de Riothamus. Alors, faut-il identifier Arthur et Riothamus ? Ou bien faut-il penser que Geoffroi a utilisé l’expédition de Riothamus/Ambroise pour glorifier Arthur sur le continent, en transformant une défaite d’Ambroise en victoire d’Arthur ?
Autre chose : Geoffroi ne mentionne pas Jules Népos. A chaque fois qu’il est question d’un Jules César dans l’HRB, il ne fait aucun doute qu’il s’agit bien de celui assassiné en 44 av. JC. Question : quand et par qui ce Jules Népos a-t-il été introduit dans la matière de Bretagne ?
Pour le débarquement d’Ambroise à l’embouchure de la Loire, ou à Boulogne :
- Boulogne est contrôlé par les Francs, qui semble avoir rompu l’alliance avec Rome entre 465 et 468, d’après Fleuriot.
- Les Saxons sont toujours présents à l’Est de l’Angleterre.
- Si Ambroise avait débarqué à Boulogne, ou dans un port de Normandie, il n’aurait pas eu besoin d’attendre les Romains de Syagrius : il les aurait certainement rencontré en traversant le royaume de ce dernier pour se rendre à Déols.
- « ex Oceano e navibus egresso » fait plus penser à l’Océan Atlantique qu’à la Mer du Nord ou la Manche, mais je ne sais pas si ces deux mers pouvaient aussi être désignées par le terme Oceano.
- Il existe du côté de Vannes, à Monterblanc, un village appelé Mangolérian, et qui s’appelait autrefois Macoer Aurilian (muraille d’Aurélien). A Larré, on trouve au 9ème siècle (Cart. de Redon) une villa Ran Macoer Aurilian. Gildas Bernier pense qu’il s’agit là de deux anciennes forteresses contruites par Ambroise Aurélien.
Si Bernier a raison, cela peut signifier plusieurs choses :
- Ambroise est venu dans la région de Vannes, l’hypothèse du débarquement à l’embouchure de la Loire, ou à proximité, se trouve renforcée.
- Si les Wisigoths avaient lancé une attaque contre l’Armorique en 474, c’est probablement là qu’ils auraient été arrêtés, et non à Carhaix.
L’assimilation Carhaix/Ker-Is/Paris me semble plus qu’hypothétique.
Pour l’attaque des Wisigoths sur Brest, Fleuriot dit :
« La ruine de Brest en 452 par les Goths, les Vandales et les Huns ne paraît pas en tout cas un évènement invraisemblable ». Bon, c’est pas une affirmation non plus. Fleuriot se base sur la Vie de saint Goueznou. Voici ce que dit Gwenaël le Duc à propos de la datation de cette Vie :
« Ce texte est de toutes façons postérieur au saccage de Brest accompagné du vol du corps de saint Mathieu par des pirates entre 879 et 876, plus vraisemblablement en 876. Les pirates emmenèrent le corps à Salerne et des parcelles en furent restituées en 1012. »
Il y aurait eu deux attaques, alors ? On peut aussi supposer que l’attaque de 452 ne soit pas le fait des Goths, Vandales ou Hun, mais de pirates Saxons ou Scots.
Pour Rion/Euric, le nom donné par Geoffroi est Rithon, Ritho. C’est peut-être le surnom affectueux qu’il donnait à l’empereur d’Allemagne Henri V : Henri/Rithon ?
Plus sérieusement, ça m’a tout l’air d’être un personnage mythologique, plus qu’historique.
Et y a personne qui veut traduire ma glose latine ?