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Frederic Thomas Glasscock et la Table Ronde

MessagePosté: Dim 05 Sep, 2004 21:37
de sagremor
Frédéric Thomas Glassock
et l’Ordre de la Table Ronde au début du 20ème siècle.

Né en 1871, Frédéric Thomas Glassock était un entrepreneur anglais énergique et novateur qui créa, à la fin du 19ème siècle, Monk & Glass Custard, compagnie spécialisée dans les douceurs. Il produisait ses crèmes en poudre à Clarkenwell, près de Londres, et exportait ses produits dans tout l’Empire britannique.

Au début du 20ème siècle, il vend son entreprise et vient s’établir à Tintagel où on le trouve dès 1913. Son séjour au King’s Arthur Hostel y est encore attesté en 1919. Il y construit sa propre maison, appelée Eirenikon, route de Bossiney, et est connu à l’époque comme un bienfaiteur de la communauté locale. Généreux, il aide en effet chacun. C’est là qu’il va fonder, en 1927, le compagnonnage de l’Ordre International des Chevaliers et Dames de la Table Ronde lequel compte, en 1930, déjà 17 000 membres. Il culminera à 250 000 membres.
F. T. Glasscock est encore connu à Londres pour avoir engagé auprès de la Grande Loge Unie d’Angleterre où il sera aussi co fondateur d’un Chapitre.

Localisation.
Le centre de l’ordre est fixé par lui à Tintagel, en Cornouailles, en raison de la présence, sur une falaise battue par les vents d’Ouest, d’une forteresse saxonne et médiévale, lieu de séjour des ducs de Cornouailles, surplombant une grotte appelée Merlin’s cave.
La maison où F. T. Glasscock crée le Grand Hall de chevalerie (encore visible) est appelée Trevena House, elle fut construite en 1868, par John Douglas Cook, un journalise connu. Glasscock l’achète en 1920 et va en faire le siège de l’Ordre. Il l’aggrandit et fait réaliser le Grand Hall de chevalerie en granit de Cornouailles, édifice imposant orné de 72 vitraux et de peintures représentant les épisodes de la légende arthurienne et les vertus de chevalerie dans l’esprit post raphaélite. 125 boucliers de granit en ponctuent l’ordonnancement. Outre son intérêt culturel et symbolique, le Grand Hall de chevalerie est également une curiosité géologique, puisque composé des diverses variétés du granit de Cornouailles.
En 1928, il engage un peintre William Hatherell pour en concevoir la décoration dans un style néo victorien. Trois imposantes table rondes, l’une en bois et les deux autres également en granit, occupent les parties centrales du Hall qui s’éclaire progressivement, guidant les visiteurs de l’ombre à la lumière qui irradie le trône du roi Arthur.

Le 5 Juin 1933, devant des centaines de participants, le Hall est achevé et le fondateur prononce un discours vouant ce Hall à la mémoire immortelle d’Arthur, roi de Bretagne, et au compagnonnage des chevaliers et dames de la Table Ronde afin de perpétuer les idéaux de la Chevalerie et de travailler au bien de l'Humanité.

Discours étonnant et riche de sens si l’on considère la période où il est prononcé (Hitler accède au pouvoir en Allemagne) et aussi, étonnante prescience si l’on considère qu’il anticipe également de nouvelles formes de spiritualité : « il y a beaucoup de choses mauvaises dans le monde aujourd’hui, dit-il, le vieux monde change, cédant la place au nouveau. Et Dieu se réalise lui-même en de nombreuses figures », lesquelles ont le sait ont toujours été associées au nom d’Arthur, « rex arthurus, rex quondam futurus ». Il combattra avec la dernière énergie le fascisme qui s'avance alors à visage découvert en maints pays et ce d'autant plus que son épouse est d'origine juive.

Buts de l’OTR.
Tel qu’il le définit en 1933, l’Ordre de la Table Ronde a, de fait, pour but de reconstruire un compagnonnage, une fraternité, en basant sa vie sur les idéaux de chevalerie et en travaillant à la gloire du roi Arthur (l’emblème du Grand Maître est le dragon rouge d’Arthur). Il est international, accueillant hommes et femmes de toutes confessions et origines, qui acceptent les 13 principes de la Quête, et se trouve fondé sur la fraternité (injures et querelles sont interdites entre membres comme les discussions politiques), l’assistance mutuelle, les membres devant porter dans leur vie les idéaux de la Quête.

Les branches qu’il va fonder dans le monde entier travaillerons en harmonie et devront s’aider à progresser mutuellement , étant entendu que tant qu’une branche n’est pas fondée, les pilgrims et chevaliers ne seront rattachés nulle part sauf à Tintagel. Il faudra trois membres pour constituer une branche (aujourd’hui 12). Rencontres et assemblées auront pour but de renforcer les idéaux et l’enthousiasme et de travailler ensemble en s’aidant mutuellement.

Degrés.
La progression, au sein de l’ordre, est organisée à l’époque en sept degrés :
Degrés de base : 3.
1. Pélerin (pilgrim, de nos jours compagnon),
2. Chevalier (ou dame) de la Table Ronde,
3. Chevalier du noble degré du bouclier,
Degrés supérieurs : 4.
4. Chevalier de l’Eperon d’or,
5. Chevalier de l’Epée,
6. Chevalier de la Lance,
7. Chevalier du Saint Graal.
En 2004 , seuls subsistent au chapitre français les degrés de
1. Compagnon
2. Chevalier et/ou Dame de la Table Ronde,
Et la fonction d’officier.

Organisation :
F T Glasscock travaille dur à la création de chapitres et de cellules de l’Ordre au Royaume Uni et au delà, établit des branches dans les Nouvelles Galles du Sud, en Australie, au Canada, à Boston dans le Massachussets. A cette époque, quatre femmes sont employées à plein temps à la gestion de l’OTR et Glasscock passe beaucoup de temps à rédiger livres et articles sur les fonctions des différentes instances et sur la chevalerie.

Les branches de l’ordre étaient gérées par trois instances :
• Le Suprème Conseil, réuni une fois par an, le jour de Pentecôte, assemblée générale de l’ordre et comprenant présidents des branches, leur secrétaires, trésoriers, anciens présidents…
• Le Conseil exécutif (bureau).
• Le Grand Conseil (sorte de Conseil d’Administration, réunissant les deux instances précédentes),

Un an après l’ouverture du Grand Hall de Chevalerie, Glasscock quitte Tintagel avec sa femme et sa secrétaire Miss Birch, pour une tournée de recrutement et de conférences aux USA. Il meurt d’une attaque cardiaque, sur le bateau, le 26 juillet 1934, âgé de 63 ans et son corps est livré aux flots. Sa mort demeura secrète un mois, Madame Glassock et Miss Birch ne regagneront Tintagel qu’en août 1934.

Le 21 novembre 1936 une réunion extraordinaire de l’ordre eut lieu qui décide de dissocier l’Ordre du président et remet à sa veuve, le 1er Janvier 37, tous les objets et monuments qu’il avait conçus et fait réaliser..
On ne sait rien sur la vie de l’endroit pendant les cinquante années suivantes, il fut peu ouvert au public sauf autorisation spéciale.
Les Francs Maçons de la Grande Loge unie de Tintagel achèteront l’immeuble en 1952. Ils l’entretiennent depuis, utilisant le Grand Hall pour leurs tenues en été et le Petit Hall, l’hiver. Il est accessible au public. En 1993, ce compagnonnage était encore vivant avec moins de 250 membres dans le monde.
En 2004, seul subsiste le Chapitre Français (deux réunions l’an), fondé en 1984, à Bagnoles de l’Orne et quelques membres épars en Grande Bretagne, le Grand Maître international est Mr Tom Mor, Wessex, qui réside à Cambridge et la Grande Maîtresse française, Gente dame Nicole Momplay. Voir le site du chapitre français: http://www.otr-france.com

Pour le fondateur, les symboles de l’ordre devaient toujours être en connivence avec :
• La Chevalerie,
• La Table Ronde,
et contribuer à l’élévation spirituelle et morale de l’humanité, le but ultime de ce compagnonnage étant la Quête du Saint Graal, entendue comme voie de réalisation humaine et spirituelle.

La méthode en œuvre dans l’Ordre est toujours, depuis sa réactivation par F.T. Glasscock :
• l’exégèse des romans de la Table Ronde,
• la pratique de la religion naturelle (compréhension et tolérance),
• l’analogie entre Arthur et la Tradition, laquelle repose sur un rituel ou tentative de mise en ordre du temps.