Mont a ra mat tudoù ?
La rédaction du Lanzelet est en fait la traduction allemande d'un livre en français que Hugues de Morville, désigné comme otage avec d'autres en échange de la libération de Richard Coeur-de-Lion, a donné en 1194 à Ulrich von Zatzhikoven.
Il y a de bonnes chances pour que ce Hugues de Morville soit le même personnage que l'assassin de Thomas Becket en 1170. L'un de ses complices s'appelait Richard le Bret, d'origine bretonne donc. La famille de Hugues de Morville tenait des terres dans le nord de l'Angleterre, à côté du comté de Richmond, tenu à l'origine par les fils d'Eudes de Penthièvre, puis réuni au duché de Bretagne à la mort de Conan III, dont l'unique héritière Berthe, a épousé en secondes noces Eudes II de Porhoet. En 1171, à la mort de Conan IV, le comté de Richmond passe directement aux Plantagenêts.
Après leur crime, Hugues de Morville et ses complices se réfugient dans le nord de l'Angleterre où ils se tiennent tranquille jusqu'en 1173, date de la révolte des fils Plantagenêts contre Henri II. Ils prennent le parti des fils et sont exilés ensuite en Terre Sainte. Il semble qu'Hugues de Morville en revienne pour se constituer comme otage en 1194.
Le nom de Dodone semble se référer au sanctuaire grec d'Epire.
Vallis Iblê est une étymologie d'Hybla, site sicilien, et dans le Lanzelet, lieu de promenade d'Iblis. Iblis est sans doute un anagramme de Sibille, la prophétesse de Cumes. Iblis est également le nom du diable dans le Coran. Un tel mélange de traditions grecques, latines et arabes n'a sans doute pu naître que dans un seul pays au moyen-âge : la Sicile, où la légende arthurienne est attachée à l'Etna.
Hugues de Morville, exilé en Palestine en 1174, est probablement passé par la Sicile. Il a pu aussi y rencontrer Richard Coeur-de-Lion, qu'il avait soutenu en 1173.
Vous me direz que Guihomarch IV partit lui aussi pour Jérusalem en 1179, et passa probablement par l'Italie du sud. Je répondrais qu'il n'était pas le seul breton dans ce cas, ni le premier. Les Bretons constituaient la seconde colonie d'occidentaux en Italie méridionale, derrière les Normands, et ce depuis le milieu du 11ème siècle.
Quel intérêt pouvait avoir l'empereur allemand de faire traduire le Lanzelet (Ulrich ne l'a pas fait de sa propre initiative) si ce récit était une glorification d'un seigneur léonard ?
La localisation en partie sicilienne du récit, au contraire, ramène à des intérêts politiques contemporains de la traduction : la succession de Guillaume II de Sicile, disputée entre Tancrède de Lecce et son allié Richard Coeur-de-Lion, et l'empereur d'Allemagne Henri VI, mari de Constance d'Hauteville, soeur de Guillaume.
Pourriez-vous me donner le nom de la fille d'Etienne de Blois qui aurait épousé Hervé II ?
Le fait qu'Hervé II ait donné à sa fille le nom d'Aliénor, femme d'Henri II Plantagenet montre que l'inimitié entre les deux hommes n'est pas si ancienne que cela, et qu'Hervé s'est plié, au moins pendant un temps, au pouvoir du Plantagenet.
Est-ce que Pen Gewissei était un titre effectivement porté (et attesté) par les seigneurs du Wiltshire ?
L'assimilation Henri II = Claudas de la Terre Déserte me semble plus qu'hypothétique....
et le nom de Lancelot ? Est-il léonard ?
Autre question pour finir : pourquoi les vicomtes léonards, et les Rohan par la suite, ont-ils développé toute une tradition légendaire se rattachant à Conan Mériadec (tradition attestée déjà chez le Baud) alors qu'on a rien concernant Lancelot en Léon ?